Chapitre XXI : Vide

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TW : Dépression

« Eli...Ari...Vous m'abandonnerez pas, hein ?

Eli mit quelques secondes à comprendre la question, au contraire d'Ariel qui vint aussitôt prendre son petit-ami dans ses bras. L'inquiétude commençait à fleurir dans sa poitrine, mais il faisait comme si tout allait bien.

« Bien sûr que non.

— On restera ensemble jusqu'à la mort ?

— On restera ensemble même après.

— Pourquoi ?

— Parce qu'on s'aime, glissa Eli.

— Et si on s'aimait pas assez pour rester ensemble ?

— Je t'assure que sur ce point-là, personne peut nous battre.

— D'accord... »

Rain ferma les yeux, s'appuyant contre le torse du blond. Eli s'approcha pour passer une main dans ses cheveux.

« Tout va bien, Rain ?

— Oui.

— Tu es sûr ? T'as l'air un peu...

— Déprimé ? suggéra le plus petit d'une voix faible.

— Ouais...Tu peux tout nous dire, tu sais ? »

Le brun acquiesça d'un signe de tête, mais n'ajouta rien. Il se laissa câliner en silence, l'air perdu dans ses pensées–ou dans un autre monde.

« Rain, si ça va pas, il faut vraiment que tu nous en parles.

— Je sais..., murmura le concerné.

— Pas forcément à nous deux, tu peux juste le dire à Ari ou moi mais...

— Eli, tu peux nous faire des pancakes pour le goûter ? le coupa Ariel. »

Le garçon aux cheveux violets lui lança un regard noir avant de partir en grognant qu'il n'était qu'une pauvre usine aux yeux de ses petits-amis. Ariel se força à ricaner, puis embrassa le front de Rain.

« Ça va ?

— J'ai peur.

— Peur de quoi ?

— J'ai peur de vous rendre tristes.

— Mais...Pourquoi tu nous rendrais tristes Rain ? »

Les yeux fumée du plus petit papillonnèrent quelques instants.

« Ma psy dit que je suis en dépression, mais je suis pas en dépression. »

Ariel resserra ses bras autour de son petit-ami et plongea son visage dans son cou. Son cerveau tentait d'assimiler l'information sans le faire fondre en larmes.

« Tu le sais depuis longtemps ?

— Non...Depuis février seulement.

— Ça fait quand même deux mois...

— Je suis désolé Ari.

— De quoi mon cœur ? murmura-t-il en jouant avec ses cheveux.

— De plus réussir à faire semblant de sourire.

— C'est normal mon chat, c'est normal...Tu dois pas t'excuser pour ça...C'est moi qui suis désolé de rien avoir remarqué.

— Je suis content que t'es rien vu. Je voulais pas te rendre triste pour rien.

— Ce n'est pas rien...

— Si. »

Rain ferma les yeux, mettant fin à leur conversation, et somnola dans les bras d'Ariel. Celui-ci avait la gorge serrée ; ses yeux commençaient à le piquer. Son petit-ami était en dépression. Son petit-ami était en dépression depuis deux mois, et il pensait qu'il allait bien. Il pensait qu'il était heureux, alors qu'il était tombé en dépression.

« Pleure pas, Ari...Je veux pas que tu sois triste...

— Je pleure pas, mon cœur... »

Le brun se retourna pour essuyer l'eau qui tachait ses joues avant de l'embrasser doucement.

« Je vais bien.

— Rain...

— Je vais bien, lui assura-t-il. Elle s'est trompée. Je vais bien. »

Ariel n'osa pas lui dire que c'était peut-être vrai, de peur de le brusquer et qu'il aille encore plus mal.

« Tu veux que je prévienne Eli ?

— Non. Il va être très triste...Il va pleurer, et je veux pas qu'il pleure...

— Tu sais qu'il faudra lui dire, un jour...

— Pas maintenant.

— D'accord mon chat... »

Le percé déposa un baiser sur son front.

« Promets-moi quelque chose.

— Hmm ?

— Promets-moi de prendre soin de toi, et de nous appeler quand ça va pas. »

Promets-moi de rester avec nous, dans ce monde..., se retint-il d'ajouter, afin de ne pas effrayer son petit-ami.

« D'accord.

— Merci Rain... »

Eli ouvrit la porte et vint s'échouer sur le lit. Ses doigts s'enroulèrent avec ceux de Rain.

« Vous êtes si méchants avec moi...Y'a pas marqué usine sur ma tête quand même !

— Roh, ça va, on sait tous que tu adores faire des pancakes.

— Mouais. Rain, j'ai le droit à un câlin moi ? »

Le plus petit s'échappa des bras d'Ariel pour finir dans ceux d'Eli. Ce dernier sentait la farine, le beurre et le sucre ; Rain mourrait d'envie de s'endormir contre lui.

« J'aimerais bien te caresser les cheveux mais j'ai les mains mouillées mon cœur.

— Pourquoi tu te les ai pas séché ?

— Parce que j'avais la flemme Ari. Je sais que tu peux pas comprendre ça, monsieur je–fais–toujours–quelque–chose. »

Le garçon aux cheveux violets tira la langue au blond avant de rapprocher Rain de son torse.

« T'as faim ?

— Oui ! s'exclama Ariel.

— Je parle pas à toi, je parle à mon petit-ami préféré. T'as faim Rain ? »

Les yeux de ce dernier peinait à rester encore ouverts, ce qui fit doucement sourire Eli. Il l'enveloppa avec une couverture pour le laisser dormir. Puis il remarqua la façon dont Ariel regardait le plus petit.

« Pourquoi t'es redevenu un psychopathe toi ?

— Je suis pas un psychopathe !

— Parle moins fort, il s'est endormi. »

Le blond se rapprocha de ses petits-amis ; le brun était plongé dans un profond sommeil.

« Je m'inquiète pour lui, chuchota Eli.

— Moi aussi...

— Imagine quelqu'un s'en est pris à lui, et...

— Arrête, je vais pas réussir à dormir.

— Ouais, ouais, pardon...Mais il va bien, non ? »

Une main agrippa le cœur du percé. Lorsqu'elle se relâcha, il ne restait plus que des cendres au creux de sa paume.

« J'en sais rien, Eli..., avoua-t-il à demi. »

Le garçon aux cheveux violets joua distraitement avec ceux de l'endormi, mort d'inquiétude.

« Je crois que je vais pas dormir de la nuit, murmura Ariel.

— Moi non plus... »

Il chassa ses larmes naissantes et serra doucement le brun contre lui, terrifié à l'idée qu'un jour, il parte comme Aloïs était parti. Terrifié à l'idée de perdre de nouveau une personne chère à son cœur, terrifié à l'idée de se retrouver de nouveau seul.

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