| Vœux de vengeance.

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"La vengeance est un feu qui consume non seulement son ennemi, mais aussi celui qui le nourrit."


Juin 2004


Athéna - Liverpool

Qu'ai-je donc fait pour mériter une telle souffrance ?

Depuis une heure déjà, je déambule, seule, sous un ciel en pleurs, chaque goutte de pluie s'écrasant contre le sol comme autant de reproches du destin. La ville autour de moi est floue, noyée dans un voile d'humidité.

La pluie s'infiltre dans mes vêtements, alourdissant le tissu, collant à ma peau dans une étreinte froide et implacable. Elle glisse sur mon visage, se mêlant aux larmes que je ne peux retenir. Chaque goutte est une caresse glacée, un rappel cruel de la solitude qui me consume.

Je me sens vide, comme si mon cœur avait été arraché, laissant derrière lui un gouffre béant. Le froid de la pluie se confond avec celui de mon âme, et je frissonne, non pas de froid, mais d'une tristesse abyssale.

Soudain, un sanglot s'échappe, brisant le silence de la nuit. Je pleure, non pour ce que j'ai perdu, mais pour ce que je n'ai jamais eu. La douleur est là, lancinante, elle m'appuie sur le cœur.

Je lève les yeux au ciel, cherchant un réconfort dans l'immensité grise, mais même les étoiles semblent s'être cachées, me laissant seule avec ma peine. Mon visage s'oriente alors vers l'éclat des réverbères qui assaillent mes paupières d'une lumière crue, un rappel soudain au concours que je viens de gagner.

Les projecteurs se sont illuminés un à un, comme des étoiles naissant dans le ciel nocturne d'un théâtre qui est devenu mon univers. La scène, baignée d'une lumière implacable, s'est transformée en un tableau vivant où chaque ombre s'évanouissait, où chaque secret semblait vouloir se dévoiler. J'ai ajusté le microphone, et j'ai senti mes mains trembler légèrement - des frissons non pas de peur, mais d'une colère contenue, un volcan en attente de son éruption.

Le concours d'éloquence est devenu mon champ de bataille, les mots, mes lames tranchantes, prêtes à fendre le silence de la salle. J'ai balayé l'auditoire de mon regard acéré, mon cœur a martelé une cadence effrénée à la vue de trois hommes, architectes de ma rancœur.

Mon père, tel un juge impitoyable, trônait avec ses yeux d'acier, reflets d'une enfance où la tendresse était une denrée rare.

Arès, mon rival de toujours, me regardait avec une intensité qui faisait frémir l'air. Ses yeux, d'un bleu glacial, avaient une profondeur troublante, éveillant en moi un mélange de rage et de défi. Son costume noir était taillé à la perfection, accentuant la force de son allure perfide.

Il avait ce je-ne-sais-quoi qui captait l'attention, une aura de confiance qui pouvait intimider autant qu'elle pouvait fasciner. Dans ce moment suspendu, nos regards se sont croisés, créant une tension palpable, un duel silencieux où chaque battement de cœur était un coup porté.

Et là, mon professeur, l'homme qui a bafoué mon intimité, ébranlé mon monde.

Ils ont incarné les visages multiples de l'injustice que j'ai endurée, chaque regard qu'ils posaient sur moi ravivait le souvenir des batailles que j'avais cru perdre. Mais la peur n'avait plus sa place en moi, je suis devenue une guerrière, déterminée à conquérir ma place dans ce monde où les hommes pensaient régner en maîtres.

J'ai pris une inspiration profonde, et dans le silence qui précédait la tempête, j'ai forgé une promesse silencieuse. Je me vengerai, non seulement de ces trois-là, mais de tous ceux qui, comme eux, ont foulé aux pieds l'essence même de mon être.

I write you, think meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant