Prologue
Jane
Dix-huit ans plus tard...
— Jane Hailey Adams, est-ce que c'est vous ?! vocifère le flic en pointant son canon sur moi.
Mon père s'est interposé entre nous, il m'a violemment tiré derrière lui pour me protéger, avant d'hurler plus fort que le type armé.
— C'est quoi ce putain de bordel ?!
Les autres flics qui accompagnaient le premier sont à présent sur le pont eux aussi. Ils commencèrent à nous encercler, tous sans exception. Ma mère se tient derrière moi, mes parents font barrage. Je suis tétanisée, figée sur place. La boule qui me sert la gorge me ferait presque étouffer. Je malmène mon collier pour essayer de me calmer. Il règne un vacarme assourdissant entre les cris et le bruit strident des gyrophares.
— Monsieur Adams vous ferez mieux de nous laisser faire notre travail ; crache une fois de plus le policier qui lui fait front.
Mon père s'apprêtait à protester, mais d'un signe de tête, le flic ordonna à ses collègues de l'immobiliser. Il réitéra sa demande d'un ton glaçant, mon cœur palpita dans ma poitrine jusqu'à en sortir. Il n'avait aucunement baissé son arme, j'étais toujours prise pour cible.
— Jane Hailey Adams, est-ce que c'est vous ?! Je ne le répèterai pas une troisième fois !
Sous les regards terrifiés de tous les autres membres de l'équipage, sous celui de ma mère, de mon père, de Sasha... Je réponds enfin en levant les mains en l'air.
— Oui, c'est moi... murmurai-je.
Et tout s'enchaîna.
En un instant, tous les policiers m'encerclèrent, et celui qui braillait jusqu'à maintenant, s'avança brusquement vers moi, menottes en main. Pour la première fois, il baisse son arme, mais d'autres se chargent de me braquer à sa place.
— Jane Hailey Adams, vous êtes en état d'arrestation pour le meurtre de Carson Prior. Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous dites pourra être, et sera utilisé contre vous devant une cour de justice. Vous avez le droit à un avocat, si vous n'en avez pas, un avocat vous sera commis d'office.
Je me sens dépossédée de mon corps alors que ce type est en train de me malmener pour me menotter les mains dans le dos. Tout se déroule au ralenti, mais aussi en accéléré. Je perds toute notion du temps, tout repère, le sol tangue sous mes pieds – peut-être est-ce une illusion à cause du bateau. Il me serre, me tire, me fait mal aux bras. Les larmes se mélangent à ma peur, je regarde ma famille les yeux embués. Mes parents sont hors d'eux, je vois mon père se débattre pour se libérer de son emprise et courir vers moi, mais on l'arrêta bien avant. Ma mère essaie de garder son sang-froid, mais je vois très bien qu'elle rêve de les abattre. Sam essaie de discuter avec eux, mais rien n'y fait, le dialogue est impossible.
— Jane !
— Maman... suppliai-je en sanglotant.
— Avancez ! hurla l'officier en me poussant vers la sortie.
— Non ! Maman ! Papa !
Je pleurai encore, et encore. Je pleurai si fort que j'en avais mal au crâne. Tous ces hommes me traitent comme si j'étais la personne la plus dangereuse qui puisse exister. Ils me poussent jusqu'à la voiture, alors que j'essaie de me débattre pour leur échapper. La peur, laisse place à la colère. Le mélange des deux est explosif. Certains de leurs collègues sont restés sur le pont, sans doute pour maîtriser tous les membres de l'équipage qui seraient prêts à sauter sur la voiture pour me sortir de là, mais aussi pour les formalités. Quatre d'entre eux me jettent pratiquement dans leur véhicule de police avant de prendre place avec moi à l'intérieur.
J'ai reçu quelques coups dans le feu de l'action, sans vraiment savoir pourquoi, sans même m'en être rendue compte. Je le ressens seulement maintenant, quand mon visage et mon corps me tiraillent de douleur, quand la voiture démarre en trombe avec le bruit des gyrophares, quand je vois le bateau s'éloigner de moi.
Je suis terrifiée à l'idée de ne pas savoir ce qui allait m'attendre. On ne me dit rien, on ne me donne aucune information. Je subis, dans un silence pesant et meurtrier, j'attends ma sentence. Au final je décide de sécher mes larmes pour laisser place à la haine. Mon visage se ferme, je n'offre plus aucune expression. Seulement de l'impassibilité. Je repense à tout ce qui m'a mené dans cette situation, beaucoup de choses m'échappent. Je n'aurai jamais dû être arrêtée, je suis certaine qu'ils n'ont même pas trouvé le corps – mes parents ont tout fait pour.
Alors comment ?
Le silence devient mon allié dans tout ce chaos. Après tout ce que j'ai appris, j'ai retenu que le silence était la meilleure des armes. Ils me l'ont clairement dit, tout ce que je pourrai dire sera retenu et utilisé contre moi, alors je ne dirai rien. Ni maintenant, ni même après quand je me retrouverai enfermée je ne sais où. Ainsi, rien ne pourra être utilisé contre moi, en revanche, moi, je pourrai utiliser mon silence contre eux. Je dois penser stratégiquement, essayer de mettre toutes les chances de mon côté pour répondre à ma question et espérer me sortir de là.
Mais c'est loin d'être gagné.
Ma vie vient de virer au drame en un battement de cil, en un battement d'ailes.
Foutu papillon, foutu Carson, foutus Déimos...
Ma vie était bien plus belle avant que je ne les connaisse.
Allez tous vous faire foutre en enfer avec vos belles paroles.
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Traque Ardente - T3 (En Réécriture)
Romance|Dark Romance| Vous connaissez l'effet papillon ? Ce murmure de la nature, cette élégie dans le vaste poème de l'univers. Imaginez un papillon fragile, à peine né, déployant délicatement ses ailes diaphanes sous le soleil doré d'un matin paisible...