L'Ombre de nos cœurs

Chapitre 16

UN MOIS PLUS TARD

ZACK

Je la regarde frapper dans le sac de frappe depuis bien une heure. Sa peau et ses cheveux sont dégoulinants de sueur, mais elle ne daigne pas abandonner. Elle perfectionne ses coups comme jamais, et elle se débrouille merveilleusement bien déjà depuis plus d'une semaine. Ses épaules se soulèvent vite au fur et à mesure de sa respiration rapide. Je reconnais quelque chose en elle; la détermination, un sentiment que je connais bien et qui me possède.

Sa détermination est également fusionnée à une certaine rage, elle lâche parfois des cris en frappant, ce sont des choses qui arrivent lorsque l'on se malmène à l'entrainement.

– Ava.

– Quoi ?

– Arrête toi.

– Non, je refuse.

– Tu es entrain de t'épuiser.

La seule réponse que j'obtiens est un bruit de coup dans le sac, un coup de genou.

– Ava !

– Quoi, encore ?!

– Je t'ai dit de t'arrêter.

– Non !

D'un pas rapide, je m'approche du moucheron en sueur et le prend par le bras pour la reculer de sa victime.

– Je t'ai dit non Zack !

– Je ne veux rien savoir, ça suffit pour aujourd'hui. Regarde-toi, t'es épuisée, tu ressembles à rien, va boire de l'eau.

Elle fait la moue mais coopère tout de même, Ava s'en va récupérer sa bouteille d'eau et n'hésite pas à boire.

Je lui ai menti, elle ne ressemble pas à rien. C'est complètement faux même toute rouge à cause de l'effort, et brillante de transpiration elle n'en reste pas moins jolie, voire même carrément sexy.

Je ne suis pas censé avoir ce genre de pensées pour elle, parce que dans deux mois, peut-être qu'elle mourra, mais j'avoue ne pas savoir contrôler ce genre de chose.

Ce genre de chose que l'on appelle attirance.

Je secoue la tête, il faut que je me concentre.

– Ava.

– Oui, Zack.

– Comment tu te sens ?

– Bah écoute, ça va.

Un sourire que je sais sadique s'installe sur mes lèvres. Je m'approche doucement d'elle. Je veux la faire tomber pour voir comme elle se défend. Mais à peine arrivé à son niveau, le moucheron devenu sauvage me fait une clé de bras. Je n'ai peut-être pas cherché à me défendre, ou peut-être que je ne l'ai pas vraiment vue venir celle-là. Je grimace, elle n'y va pas de main morte. Je lui laisse croire quelques secondes qu'elle a le dessus avant de lui donner un coup de coude dans le bras par lequel elle me tient, ainsi, sa prise est réduite et je peux me permettre de l'attraper moi-même pour la faire tomber sur le sol. Sa chute est très lente et me fait rire.

– Enfoiré !!

– Mais oui, mais oui.

Ava se relève vite et cette fois-ci, je ne peux pas me défendre, une balayette me fout au sol d'une façon mémorable. Je ne rigole plus, presqu'outré. Néanmoins tombé sur les fesses, le moucheron en profite pour me faire totalement tomber, ma tête cogne légèrement mais je n'ai pas le temps de réagir qu'elle se met à califourchon sur moi et fait mine de m'étrangler. Elle ne sert pas, bien sûr, et ce contact me donne bien plus d'idées salaces que d'idées de défenses.

– Bah alors Rosales ?

– Je te laisse tout simplement faire, pour ton entrainement.

– Tu penses que ça donne quel genre d'image à Rob, ça ?

– Je suis sûr qu'il s'amuse de me voir comme ça.

– Moi je pense qu'il te voit complétement faible, c'est peut-être ce que tu es après tout, non ? Je ne peux pas m'empêcher de sourire face à sa réplique. Faible face à elle ? Peut-être que le temps m'a formé à l'être, mais sûrement pas de la façon dont elle le pense.

– Allez, bouge de là le moucheron, t'as pas de force.

Je la provoque un peu, mais j'ai définitivement besoin qu'elle se lève. Je ne dois pas craquer et regarder ses lèvres... Et c'est trop tard. Je remonte à ses yeux, son regard me transperce à m'en provoquer un coup imaginaire dans le ventre.

Ses mains se retirent de mon cou et je frisonne. Doucement, elle se lève et j'expire lentement, de soulagement. Je n'ai pas craqué et ne compte en aucun cas le faire.

Je me relève vite par la suite. À mon tour de malmener le sac de frappe. Si ça me permet d'extérioriser et d'oublier mes pensées, je ne dis pas non.