| Chapitre 1| Échec et Mat.

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" La manipulation rend ceux qui la pratiquent aussi fous que ses victimes. "

「操作は、その被害者と同様に、それを実践する人々を狂気に導きます。」

Kabukichō, Shinjuku, Japan
Hiver, 2008

J'aimais peut-être trop la solitude depuis mon exil de Tokyo, mais pourquoi devrais-je retourner dans cette ville  ? Mes pensées se percutent entre elles, créant un chaos mental qui amplifie mon désarroi. Trempée jusqu'aux os, je sortis lentement de la baignoire, mes vêtements imbibés d'eau collant désagréablement à ma
peau.

J'ai juste envie de crever.

Je sentais chaque gouttelette froide glisser le long de mon corps, le carrelage de la salle de bain était glacial sous mes pieds nus, mais je n'y prêtais pas attention. Tout ce qui comptait, c'était de comprendre pourquoi je devais retourner à Tokyo et comment.

Je jetai un coup d'œil au miroir embué, m'observant à travers le voile de condensation. Mon reflet me renvoie une image floue et déformée de moi-même, une silhouette tremblante et vulnérable. Cette image me rappela à quel point j'avais changé depuis mon exil. Tokyo m'avait volé une partie de moi, une partie que je ne pourrais jamais récupérer. D'un geste rapide, j'efface la buée du miroir, dévoilant mon reflet.

Je me tenais là-devant le miroir, mon reflet me renvoyant l'image d'une jeune femme aux cheveux trempés, aux yeux rougis par la colère et le chagrin. Des mèches humides collaient à mon visage, et mon t-shirt mouillé dessinait les contours de mon corps frêle. Pourtant, sous cette apparence fragile se cachait une petite fille encore plus brisée qui avait juste besoin d'affection.

Pourquoi devrais-je revenir à Tokyo ? Pourquoi étais-je condamnée à revivre ces moments de douleur et de trahison ? Li avait-il raison ? Était-ce parce que j'étais encore obsédée par lui, par ce passé qui refusait de mourir ?

Qu'il aille crever lui aussi.

Je secouai la tête, essayant de chasser ces pensées intrusives. Non. Ce n'était pas par choix que je revenais. C'était par nécessité, par obligation. Mais cette fois-ci, ce serait différent. Cette fois-ci, je ne serais pas la même femme brisée que j'avais été autrefois.

Je ne suis pas si sûre au fait.

Je retire mes vêtements mouillés, les laissant tomber sur le carrelage froid de la salle de bain. Le tissu détrempé formait une flaque à mes pieds. Je me frotte les yeux, cherchant à chasser la lassitude et l'irritation qui m'envahissait.

Je me laisse tomber contre le mur, les yeux clos, un soupir d'exaspération m'échappe. J'aurais dû me droguer pour échapper à ce foutu calvaire, j'aurais dû dire à ce psychiatre d'aller se faire voir avec ses foutus médicaments qui ne servent à rien, qu'il devrait me laisser plonger dans ma propre folie.

Avec un soupir, je me redresse et attrape une serviette que j'enroule négligemment autour de ma poitrine. Pas de chichis, pas de glamour. Je sors de la salle de bain en bâillant, comme si toute cette histoire n'était qu'une mauvaise comédie à laquelle je n'avais pas demandé à participer.

Mes pieds laissent des traces d'eau sur le carrelage froid. Je m'arrête devant le miroir du couloir, jette un coup d'œil à mon reflet et éclate de rire. Pourquoi pas, après tout ? La folie est peut-être la seule chose qui me garde encore debout.

Je me dirige vers ma chambre, traînant les pieds comme une gamine ennuyée. Mon regard balaie la pièce en désordre, des vêtements éparpillés, des livres ouverts, des souvenirs épars. Tout ça me paraît tellement insignifiant. Je me laisse tomber sur le lit, la serviette toujours enroulée autour de ma poitrine, et regarde le plafond.

"𝐎𝐁𝐒𝐈𝐃𝐈𝐀𝐍 𝐓𝐄𝐀𝐑''Où les histoires vivent. Découvrez maintenant