~Thirty-eight

255 17 8
                                    

-"Où est-ce que tu étais, Sofia ?"

-"J'étais chez Hermione, je t'avais dis que j'allais y passer la journée."

Sofia retira ses chaussures et entra dans la maison, saluant sa mère dans la cuisine et son père dans le salon.

Cela faisait déjà plusieurs jours qu'ils étaient tous rentrés pour les grandes vacances.

Sirius Black était mort.
Elle n'avait pas parlé à Harry depuis qu'ils étaient revenus chercher leurs affaires à Poudlard, le jour-même du départ.

Hermione et elle se voyaient quelques fois, lorsque les deux se sentaient d'attaque pour retourner dans ce monde de sorciers auquel elles étaient exemptées lorsqu'elles restaient dans leurs familles moldus.

Oui, le monde s'était assombri.

Et puis, il y avait Malfoy.
Draco Malfoy.

-"Sofia !"

Son oncle descendit les escaliers et alla l'enlacer.

-"Je ne savais pas que tu venais." Se défendit la jeune femme en lui souriant, le coeur allégé.

-"Nous sommes venus passer la journée ici."

-"Vous ?"

-"Nous."

Le cœur de Sofia, de nouveau, s'enfonça lorsqu'elle reconnut la voix glaciale de la compagne de son oncle.

Elle s'avança, la regarda de haut en bas, déglutissant, mal à l'aise devant cette enfant.

-"Vous avez peur que je vous change en crapaud ?" Demanda calmement Sofia.

Elle eut l'impression que la femme allait faire une tachycardie.

-"Sofia." Appela son oncle d'un regard froid.

Elle le fixa, longuement, ne comprenant pas comment est-ce qu'il ne pouvait pas être de son côté, comment est-ce qu'il pouvait la laisser se faire humilier ainsi par sa compagne.

Lui aussi était sorcier.

-"C'était une blague." Marmonna-t-elle. "Je n'ai pas le droit d'utiliser ma magie en dehors de Poudlard."

-"C'est pour le mieux." Fit la femme. "Qui sait ce que vous pourriez faire avec..."

-"Sauver des vies." Argua Sofia. "On pourrait sauver des vies. Pas la vôtre puisque vous ne semblez pas le vouloir, mais on pourrait sauver beau-"

-"Sofia." S'énerva son oncle.

-"Parlons d'autres choses, parlons du temps." Sa mère eut un sourire gêné en leur indiquant le canapé.

-"Et pourquoi ne pas parler du temps, effectivement ?" Sofia alla s'asseoir près de la femme. "Apparemment, il a plu toute cette semaine parce que Wollywod du magazine métésorcier s'est trompé dans ses formules magiques." Elle se tourna vers les adultes. "C'est bien connu, les sorciers sont maîtres du temps."

La femme se recroquevillait dans le canapé, comme de peur que Sofia ne lui fasse la même chose.

-"C'est faux et tu le sais." Déclara son oncle.

-"Qu'est-ce que tu en sais ? Après tout, tu n'es qu'un moldu." Cracha Sofia.

Elle ne savait pas pourquoi elle faisait ça. Après tout, elle-même détestait son côté sorcière.

Mais c'était différent de se détester et de voir les autres nous détester.

Particulièrement lorsqu'elle se sentait trahie par la seule personne qui l'avait jusqu'alors comprise.

-"Qu'est-ce que tu as, aujourd'hui ?" Demanda sa mère, perdue. "Toi qui était toujours la première à nous supplier de parler d'autre chose que de magie."

-"Je ne sais pas." Avoua-t-elle. "Peut-être que j'y ai pris goût."

Il y eut un silence, dans sa maison.

Alors dans un soupir lourd de sens, elle se leva du canapé et monta les escaliers, claquant la porte de sa chambre pour mettre un rempart définitif entre eux et elle.

                              *****

-"J'ai un gros problème papa."

-"Dis-moi, ma chérie."

Sofia s'affala sur sa chaise, dans la campagne profonde où logeait la maison de son oncle.
Il ne lui restait plus que deux semaines de vacances avant la rentrée en sixième année. Elles étaient passées vite, bien trop vite.

-"J'ai une amie qui déteste profondément quelqu'un." Commença-t-elle, se raclant la gorge. "Ils sont comme Roméo et Juliette, sauf qu'ils ne s'aiment pas non plus, tu comprends ?"

Son père hocha calmement la tête.

-"Roméo et sa famille sont de vrais idiots, ils se croient supérieurs à tout le monde et ils rabaissent sans arrêt les autres."

-"Effectivement, ce Romeo me semble être une mauvaise personne."

-"Alors Juliette se venge tout le temps, elle lui renverse du café dessus, lui marche sur le pieds, le pousse dans les escaliers, met des araignées dans son lit et caetera."

-"Juliette aussi semble être mauvaise."

-"Non !" Elle se redressa sur sa chaise. "Elle fait ça parce qu'elle le déteste, parce qu'il est méchant papa."

-"Mais elle s'abaisse à son niveau en faisant ça, elle devient tout aussi mauvaise que lui."

Sofia se pinça les lèvres, prête à expliquer le pourquoi du comment, mais ce n'était pas ce pourquoi elle voulait lui en parler.

-"Passons." Dit-elle alors simplement en se rallongeant. "Mais ils se détestent beaucoup, tous les deux, énormément, tellement que Juliette n'arrive pas à penser à autre chose qu'à lui tout le temps."

Elle cru apercevoir un léger rictus aux coins des lèvres de son père, et se renfrogna.

-"Et Juliette ne sait pas quoi penser, parce qu'on ne peut pas détester quelqu'un autant que ça, si ? Ça lui fait tellement mal à chaque fois qu'elle pense à lui, c'est grave tu crois ?"

-"Je pense que c'est très grave en effet, ma chérie."

Elle redressa l'oreille, prête à écouter ses conseils.

-"Je pense aussi que la comparaison avec Romeo et Juliette est tout à fait approprié, si tu veux mon avis."

-"Pourquoi ça, papa ?"

Il haussa les épaules, remettant ses lunettes de soleil sur son nez.

-"Parce que, de la haine à l'amour, il n'y a qu'un pas." Répondit-il posément.

Sofia se figea, le fixant avec de grands yeux ronds.

Sans doute aurait-elle du dire quelque chose, nul doute qu'elle avait voulu dire quelque chose.

Mais, en cet après-midi d'août, elle ne sut que se taire, parce que ses lèvres refusaient de se délier pour ne pas proférer la vérité, or Sofia la refusait, cette vérité.

Elle la refusait de tout son cœur et pourtant-

Et pourtant.

Et pourtant, celui-ci se serrait et se retournait à la simple idée que peut-être -

Peut-être.

Peut-être était-ce vrai.


𝐃𝐄𝐀𝐃𝐋𝐘  𝐊𝐈𝐒𝐒 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant