𝙱𝚎𝚢𝚘𝚗𝚍 𝚃𝚑𝚎 𝙰𝚙𝚙𝚊𝚛𝚎𝚊𝚗𝚌𝚎𝚜 (𝙱𝚃𝙰)

5 :𝐄𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐬𝐪𝐮𝐞𝐬

Assise par terre dans sa chambre, elle se sentait loin, très loin. Une sensation d'apaisement l'envahissait, la rendant légère comme une plume emportée par le vent.

Clarence, la tête qui tourne doucement, ressentait un bien-être étrange. Autour d'elle, des bouteilles d'alcool jonchaient le sol, des drogues éparpillées ça et là, des vêtements en désordre.

Elle peinait à se relever, titubant à chaque essai, ricanant comme une folle, les yeux rougis, le visage pâle. La musique assourdissante masquait tout ce qui se passait dans la bulle de Clarence.

Adulée pour sa sagesse et son angélisme, c'est dans cette pièce qu'elle affrontait sa vraie nature.

À Pétion Ville, la rue était agitée. Les klaxons retentissaient si fort qu'ils auraient pu rendre sourd, les piétons se bousculaient sur les trottoirs étroits, entre les étals des marchands criant leur marchandise.

Une fumée s'élevait d'un tas de déchets entassés dans un coin, empuantissant l'air. Aucun agent de police en vue dans cette animation du samedi matin.

Un jeune garçon se frayait un chemin à travers la foule, puis s'échappait dans une ruelle déserte. Chaque pas résonnait sur le sol.

Il s'arrêta devant une maison délabrée : toit prêt à s'envoler, murs fissurés, porte grinçante.

"Ah, Lorenzo, te voilà enfin, mon garçon !" s'exclama une vieille dame en le voyant.

"Grand-mère, je t'ai déjà dit de ne pas te donner cette peine. Reste allongée, s'il te plaît."

"Tu racontes toujours des sottises. Si ta mère m'aimait autant que toi, je ne serais pas dans ce taudis prêt à s'effondrer."

"En parlant de ma mère, elle va se marier avec Dave."

L'expression de la grand-mère interpella le garçon.

"Le Dave qui est venu ici la dernière fois, ne s'asseyant pas une seule fois, pensant que les fauteuils cèderaient sous son poids ? Ce Dave-là ?"

"Oui, Grandma. Et une fois que maman se mariera, elle fera tout pour t'aider."

Tout n'était que mensonge. Lorenzo n'envisageait pas de voir sa mère épouser un homme riche juste parce qu'il l'aimait, surtout un homme de couleur différente. Ce n'était pas du racisme, mais ce genre de choses on ne les voyait pas tous les jours. Lorenzo était méfiant ; il agirait en conséquence avec sa mère.

Une fois sorti de chez sa grand-mère, il contempla la maison avec insistance avant de partir, le regard vague, traînant des pieds dans la rue.

Lorenzo, bel adolescent de 16 ans, était en seconde au Collège Marie Dominique. Sa peau chocolatée, ses yeux bruns inhabituels, sa silhouette athlétique attiraient l'attention des filles de son école.

Il sortit son téléphone, le nom d'une fille s'afficha. Une fille qui commençait à le lasser et le dégoûter.

"Salut, Iv' !" dit-il ironiquement.

"Tu m'as oubliée ?"

"Écoute, bella, c'était le pari de mes potes, je ne participais pas. Maintenant, tu as un défi à relever et tu veux que ce soit moi qui t'aide ? Non, Ivana, ça ne va pas le faire."

"Depuis quand je ne t'intéresse plus ?"

"Oulala, quelle c*nne. Juste parce qu'elle a un physique qui ferait fondre n'importe quel con, elle se croit tout permis. Je ne fais pas partie de cette catégorie, ma chère."pense-t-il

"Tu ne m'as jamais intéressée, OK ?" s'écria-t-il, commençant à perdre patience.

"Si ce que tu dis est vrai, nous verrons," dit-elle d'une voix allumeuse avant de raccrocher.

Dimanche dernier, Lorenzo et ses amis étaient au restaurant lorsqu'Ivana est arrivée. Ils l'ont invitée à les rejoindre. Ivana prétendait pouvoir avoir n'importe quel petit ami en une semaine. Les amis de Lorenzo ont parié avec elle, visant Lorenzo lui-même.