Jardin des pierres oubliées

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   La chaleur oppressante du soleil plombait Mythenia, depuis des semaines la terre craquelée par la sécheresse suppliait silencieusement pour une goutte de pluie

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La chaleur oppressante du soleil plombait Mythenia, depuis des semaines la terre craquelée par la sécheresse suppliait silencieusement pour une goutte de pluie. Certains villageois meurent de faim. Athea aperçoit la terreur figée sur le visage des Mytheniens. Cela lui tord l'estomac de voir les cadavres sous des draps attendant d'être enterrés. Eudora la mère d'Athea pose avec délicatesse sa main sur l'épaule de sa fille pour la rassurer. Mais Athea est loin d'être rassurée, il y a trois jours deux villageois sont partis demander de l'aide à des villages voisins, mais le temps qu'ils arrivent avec de la nourriture tous les villageois mourront de faim. Athea resserre les poings avant de retourner pour faire face à sa mère.

― Tu es sûre que les dieux ne peuvent rien pour nous ? Demanda Athea.

― Ma chérie, pour que les dieux nous viennent en aide, il leur faut un sacrifice et nous avons tellement perdu, que rien ne serait assez bien pour eux. Répondit Eudora.

― Il y a forcément un moyen maman...

Eudora baisse le regard avant de proposer son aide pour enterrer les défunts. Athea se réfugie dans ce qu'il reste de la forêt, elle se souvient des histoires que sa grand-mère lui racontait sur les dieux et leurs rôles auprès des mortels, elle devait tenter sa chance pour sauver son village, sa famille, et elle-même. Le souvenir d'une déesse appelée la mère de la terre, déesse de l'agriculture et des moissons, autrement dit, Déméter. Si elle réalise un rituel et qu'elle lui donne une part d'elle-même pour sauver Mythenia, elle doit le faire. Sans rien dire à sa mère, elle se lance dans une quête afin de trouver ce dont elle a besoin. Elle remplit un bol d'argile de terre fertile, une branche de myrte, et la couronne de blé de sa grand-mère. Athea ouvre une vieille boite où se trouve plein de graines que cette dernière gardait avant de mourir et prend une bonne poignée. La nuit englobe l'entièreté du village, Athea se glisse hors de sa maison avant un sac en toile de jute, sur la route, elle saisit une torche qu'elle allume afin de se diriger dans l'obscurité, elle ignore où ses pas l'emmènent, mais elle avance sans jeter un regard en arrière. Après de longues minutes de marche, elle tombe dans un champ à la sortie de Mythenia, ici, elle sait qu'elle ne sera pas dérangée. Elle s'agenouille sur sol sec et retire du sac les ingrédients, elle pose la couronne de blé sur sa tête. Athea respire profondément avant de se lancer elle trace un cercle dans la terre fertile avec la branche de myrte créant un espace sacré pour le rituel avant de planter la torche au centre de ce dernier. Elle finit par placer les offrandes et à planter les graines de céréales dans la terre. Elle murmure des paroles d'abord inaudibles et au fur et à mesure qu'elle la répète, le son sort de sa bouche.

― Ô grande Déméter, mère de la terre et des moissons entends ma prière. Nous souffrons de la sécheresse et nos terres sont stériles. Accepte ces graines comme offrandes et en échange apporte nous la pluie et la prospérité.

En signe de dévotion et de sacrifice personnel, Athea prend la couronne de blé de sa tête et la place autour de la torche enflammée. Elle ferme les yeux et implore la déesse de prendre quelque chose de précieux en échange de la pluie. À cet instant, elle ressent une chaleur intense sur ses paupières et sa vision s'obscurcit. Le feu de la torche s'intensifie un moment avant de s'éteindre mystérieusement. Au même moment, des nuages sombres commencent à se former à l'horizon et les premières gouttes de pluie s'écrase sur la joue d'Athea avant de devenir de plus en plus intense. Athea ouvre doucement les yeux, mais au lieu de voir le champ où elle se trouvait elle ne vit rien, plus rien. Elle comprit que son sacrifice a été accepté par la déesse, elle est guidée par un sentiment de paix intérieure. Athea enfonce ses doigts dans la terre désormais mouillés laissant échapper une odeur agréable. Elle laisse un rire s'échapper de ses lèvres, elle venait de sauver les villageois qui ont bien trop souffert de la perte. Mais pourrait-elle le dire à quelqu'un de ce qu'elle vient d'accomplir ? Sa mère lui en voudrait probablement jusqu'à la fin de sa vie. Maintenant, il fallait qu'elle fasse le chemin du retour jusqu'à chez elle, en se levant lentement les mains devant elle, elle avance avec précaution sur le chemin rocailleux, chaque pas était une épreuve, chaque bruit un potentiel danger. Elle pénètre la foret le vent soufflait doucement faisant danser les arbres en une symphonie naturelle. Les branches se balançaient avec grâce émettant des murmures apaisants comme des chuchotements secrets portés par la brise. À chaque rafale les feuilles bruissaient, créant un son doux en continu semblable à celui d'une rivière lointaine. Athea ne devait pas s'arrêter si sa mère ne la trouve plus dans son lit, elle se doutera de ce qu'elle a fait. Mais soudain son pied rencontra une branche enracinée, et elle perd l'équilibre. En une fraction de seconde, Athea bascula en avant son front heurta un rocher caché dans les hautes herbes. La douleur éclatée comme une décharge irradiant dans le point d'impact. Elle eut juste le temps de ressentir cette fulgurance avant que le monde ne devienne flou et ses sens l'abandonnent. Ses jambes cédèrent sous elle et elle s'effondre lourdement sur le sol. L'obscurité qui était déjà sa compagne s'intensifia, l'engloutissant totalement dans un néant profond et silencieux. Athea était plongée dans un rêve sans forme, enveloppé par une douce chaleur, une voix familière, douce et empreinte d'inquiétude, perça les brumes de son inconscience.

L'amante de MéduseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant