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Symphonie du massacre
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                                           Le lendemain, à la maison

L'archet glissait contre les cordes brutes de mon violon. Mais je ne parvenais pas à en faire sortir un réel son, ce n'était que du bruit. Un bruit désagréable et crissant. Comme une craie qui passait sur un tableau, faisant supplier le monde pour que cette horreur s'arrête. Je fronçai les sourcil et plissai les yeux face à ce spectacle désastreux.

C'est vraiment pas mon jour..

C'était loin de la mélodie que ma mère nous offrait à moi et mon père. Elle était merveilleuse.

Il y avait des jours comme ça, où même les choses les plus simples à nos yeux, ne fonctionnaient pas.
Mais je m'efforçais de recommencer encore et encore, à m'écorcher les oreilles sous le bruit incessant de mon instrument.

Ma porte s'ouvrît soudainement, dans un léger grincement.

-C'est toi qui jouais ? Demanda Catherine qui m'apportait une tisane.

Je posai mon violon sur mon lit, m'adossant à ma fenêtre.

-Oui, rétorquai-je, désolée j'arrête de vous déranger.

Elle ouvrit de grands yeux avant de répondre :
-Quoi ? Non Rose tu joues vraiment bien !

Elle ne le pensais pas, j'en était persuadée. Je voulais jouer du violon pour le plaisir mais je ne pouvais m'empêcher d'être exigeante envers moi même. Elle m'avait conditionné de la sorte. Je me détestais à la façon dont elle le faisait et ce sentiment resurgissait parfois, faisant ressortir le pire de ma personne.
Je tournais la tête vers mon petit chat, qui dormait à point fermé sur mon tapis.

-Dinah n'a pas l'air d'être dérangé, ria Catherine en s'approchant de moi. Rose, sois plus indulgente avec toi-même.

Je la remerciais alors pour ses mots gentils, ses paroles me caressaient, elles étaient aussi douces que celles de ma mère.
Je pouvais revoir son visage souriant me pousser a réussir ce que je faisais, elle était ma force.

Attrapant d'une main ma tisane, je portai la tasse à mes lèvres où la vapeur caressait mon visage. Je soufflait doucement au dessus de l'infusion pour refroidir un peu la boisson. Cannelle et vanille, c'était réconfortant, comme si l'automne tout entier se trouvait dans cette petite tasse. En buvant ce breuvage chaud, je pu sentir toute la plaisance de la saison qui venait à moi.

Je regardais au sol, un papier qui était tombé.
C'était ma vieille partition déchirée et froissée de tous les côtés, laissant penser qu'elle datait des années 1800. Mais non, c'était juste Dinah qui l'avait massacré.

-Merci beaucoup Dinah, déclarai-je en la regardant bailler.

Elle semblais presque fière d'avoir déchiqueté ma précieuse partition. Quelques notes avaient été arrachées et j'allais devoir l'imprimer à nouveau. Avoir un petit chat, c'était pas de tout repos. La nuit, elle dormait avec moi et adorait me coller, sauf qu'au final elle prenait toute la place. Lorsque je me réveillais chaque matin, j'étais sur le bord du lit, prête à tomber sur mon parquet.

Et la journée, elle touchait à toutes mes affaires comme si c'était ses jouets. Elle laissait des poils sur mes vêtements et faisait ses griffes sur mon tapis, mais elle me faisait bien rire. Elle me tenait compagnie lorsque Catherine et Peter n'étaient pas à la maison.

Angel's promiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant