Chapitre 8

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Alvin

Je m'étais jeté à corps perdu dans mon entrainement depuis une semaine pour essayer d'oublier mes moments passés avec Molly.
Bordel !
Cela faisait mal et j'avais oublié à quel point lorsqu'on avait le cœur brisé que ça nous prenait aux tripes, nous retournant dans tous les sens. Hurler, j'en avais envie tous les jours. Et dès que je fermais les yeux, je sentais son souffle sur ma peau, ses lèvres sur les miennes, son odeur légère flottant dans la pièce. Je perdais la tête et je ne savais pas quoi faire pour effacer la marque qu'elle avait laissée sur mon âme. J'avais beau nager encore et encore ça ne me soulageait pas assez et la compétition arrivait. Je devais faire de mon mieux pour rester focus. Encore et encore. Je ne devais pas gâcher tous mes efforts. Evidemment, le fait que j'évitais Molly comme la peste, ça avait installé une drôle d'ambiance dans la colocation. Je ne pouvais pas lui demander de partir, je sais qu'elle se retrouverait à la rue... Pour soulager tout le monde, j'étais en train d'envisager de quitter cette maison que j'adorais. Un soupir franchit mes lèvres, je ne savais pas quoi faire. J'étais perdu... Perturbé et rien ne me semblait... coloré.
Bordel...
Mon état prouve à quel point elle me plaisait, étais-je aussi bête de me voiler la face ? J'évitais les soirées, préférant les passer dans ma chambre et le matin, je partais sans attendre à la piscine, justifiant tout par l'entrainement.

-Alvin ?

La voix de Aramis me tira de mes pensées reportant mon attention sur mon ami. On était dans un café, il m'avait invité, me permettant de sortir de la maison et notamment de ma chambre.

-Tu t'es à nouveau perdu, me dit-il.

-Pardon Aramis je...

-Tu ne pourras pas l'éviter indéfiniment tu sais.

-Je sais mais... Je ne suis pas prêt à la confronter. Je... J'ai eu le coup de foudre pour cette fille et je me retrouve le cœur brisé. J'ai l'impression d'être projeté en arrière...

-As-tu pris la peine d'écouter sa version ?

Je fis un mouvement négatif de la tête, je ne lui avais laissé aucune chance pendant toute cette semaine qui venait de s'écouler. Fuyant sa présence encore et encore. Je ne voulais rien entendre de sa bouche. –

Non, je... Pas maintenant...

Aramis soupira et s'enfonça dans son siège tout en attrapant son café.

-Tu sais, ce n'est pas une bonne idée ce que tu fais.

-Comment ça ?

-Jouer l'aveugle n'est pas une solution pérenne, ni pour toi ni pour elle... Et ni pour la colocation.

Je grimaçais, je savais que ça pesait sur le moral des autres et je me devais d'agir.

-Après la compétition, je te promets...

-Bien, dit Aramis en hochant la tête satisfait de ma réponse.

Il savait que j'avais tendance à tenir mes promesses.

-Vous viendrez me voir ? Demandais-je.

-Tu assistes à nos matchs, évidemment qu'on va venir pour te soutenir. J'affichais un sourire, ravi d'entendre que je pouvais toujours compter sur eux peu importe les circonstances.

-Merci.

-J'espère que tu gagneras.

-Comme tout le monde, dis-je en riant.

Aramis pencha la tête légèrement sur le côté, comme s'il avait dû mal à croire mes paroles et quelque part je le rejoignais sur ce point...

Le jour de la compétition était arrivé, je m'étais levé un peu plus tôt qu'a l'accoutumé pour faire un peu de méditation, je devais calmer ce cœur qui s'affolait face à cet événement qui approchait. J'avais hâte, j'allais pouvoir me retrouver dans mon élément. Dans les vestiaires, je me déshabillais avec rapidité, me changeant, enfilant mon maillot de bain. Après une douche rapide pour habituer mon corps et éviter le choc thermique, je me dirigeais vers le grand bassin, mon équipe m'attendait et notamment le coach. Il posa sa main sur mon épaule et me donna les derniers conseils avant le début de la compétition. Un aller-retour, j'en étais capable, je m'étais entrainé, c'était quelque chose que j'avais toujours voulu faire. C'était mon moment.

-ça va aller ? Demanda Oscar en s'approchant de moi.

-Oui pourquoi ?

-Tu ne semblais pas avoir la forme ces derniers temps.

-Rien de bien grave, dis-je avec un léger sourire.

Je reportais mon regard dans les gradins, les spectateurs avaient retiré leur manteau à cause de l'humidité ambiant ainsi que la chaleur qui y régnait. Malgré le monde, je trouvais rapidement ma colocation qui était venu me soutenir, je leur fis un signe de la main. Elle n'était pas là. Avait-elle commencé à lâcher l'affaire ? Je devrais en être soulagé alors pourquoi ça m'agaçait ?

-Alvin ?

Je reportais mon regard sur mon coach.

-ça va être ton tour.

Je fis un bref mouvement de tête pour dire que je savais ce que j'avais à faire. Je mis mon bonnet de bain, mes lunettes de nage en main, je montais sur le plongeoir. J'observais mon couloir, un 100m. Je devais faire l'aller-retour, rester focus, faire le vide. Je pris une grande inspiration pour évacuer mes dernières pensées parasites. La voix dans le micro résonna :

-Nous allons commencer avec les 200m papillon. Nageur prenez place.

Je baissais les lunettes sur mes yeux, puis je m'accroupis prenant position pour plonger dès que j'entendrais le signal :

-A vos... Eh mademoiselle, que faites-vous !?

Il eut du frottement au micro se répercutant dans la pièce, tout le monde ce demandant ce qui était en train de se passer.

-Désolée, j'en ai pas pour longtemps, dit une voix féminine.

Bordel... Je connaissais cette voix, celle qui habitait mes rêves, celle qui me murmurait des mots doux... Molly. Que faisait-elle ?

-Alvin ! Je suis vraiment désolée mais il faut que tu m'écoutes !

Ok, elle était folle mais elle avait bien joué son coup car là... Je n'avais pas le choix d'écouter...

Douce tentationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant