Chapitre 2 : Les Ombres de la Nuit

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Le bruit de la pluie tambourinant contre les fenêtres de l'appartement de Nate était devenu une mélodie familière. C'était comme si le ciel reflétait son propre état intérieur, un chaos silencieux et constant. Il se leva tôt ce matin-là, incapable de trouver le sommeil après une nuit passée à errer sans but dans les rues de la ville. Ses pensées tourbillonnaient, mélange de souvenirs douloureux et de questions sans réponse.

En se regardant dans le miroir de la salle de bain, il constata la fatigue dans son regard. Ses traits étaient fatigués, mais une étincelle d'arrogance et de défi brillait encore dans ses yeux. Il se passait une main sur la barbe, puis se dirigea vers la cuisine pour préparer un café noir, son seul réconfort du matin.

Alors qu'il s'installait à la table, son téléphone vibra. Un message de Sarah s'afficha à l'écran :

Sarah : Nate, tu devrais vraiment te pointer au boulot aujourd'hui. Le patron commence à s'impatienter. Et, s'il te plaît, essaie d'être à l'heure.

Nate grogna, exaspéré. Il n'aimait pas qu'on lui dise quoi faire, même si Sarah avait raison. Il prit une grande gorgée de café et se leva pour se préparer. La journée allait être longue.

Au bureau, l'atmosphère était tendue. Les collègues de Nate le saluaient brièvement, évitant de croiser son regard. Ils savaient tous qu'il était imprévisible, une bombe à retardement prête à exploser à tout moment. Il s'installa à son poste de travail, mettant ses écouteurs pour se couper du monde extérieur. La musique metal agressive qui résonnait dans ses oreilles était sa façon de se protéger, de maintenir les autres à distance.

Sarah passa devant son bureau, un sourire encourageant sur le visage. Elle s'arrêta un instant, comme pour vérifier qu'il allait bien. Nate leva les yeux et lui adressa un regard reconnaissant, même si ses lèvres restaient fermées.

— Nate, on a une réunion dans cinq minutes, dit-elle doucement. Essaie de ne pas être en retard, d'accord ?

Il hocha la tête sans répondre, se levant pour se diriger vers la salle de réunion. Sarah était une lumière dans sa vie, une présence constante qui le soutenait malgré tout. Mais même elle ne pouvait comprendre les ténèbres qui le hantaient.

La réunion fut une épreuve de patience. Le patron, un homme corpulent et autoritaire, fit son entrée avec un dossier épais sous le bras. Il jeta un regard sévère à Nate, comme pour le mettre en garde.

— Blackwood, j'espère que vous avez quelque chose d'utile à nous présenter aujourd'hui, lança-t-il avec un ton sarcastique.

Nate serra les dents, maîtrisant difficilement son irritation. Il détestait se faire humilier publiquement, mais il savait qu'il devait garder son calme. Il prit une profonde inspiration et commença sa présentation, les yeux fixés sur l'écran devant lui.

À la fin de la réunion, le patron le retint un instant.

— Nate, je sais que vous avez du potentiel, mais votre attitude est un problème. Si vous ne changez pas rapidement, je n'aurai pas d'autre choix que de prendre des mesures.

Nate acquiesça, sachant très bien ce que cela signifiait. Il quitta la salle de réunion, le cœur lourd mais le visage impassible. Il ne pouvait pas se permettre de perdre ce job, même s'il détestait chaque minute passée entre ces murs.

À la fin de la journée, il rejoignit Damien dans un bar qu'ils fréquentaient souvent. Damien était déjà assis à une table, deux verres de whisky devant lui. Nate s'installa en face de lui, prenant son verre sans un mot.

— Comment ça s'est passé aujourd'hui ? demanda Damien, devinant la réponse à l'expression de Nate.

— Comme d'habitude. Le patron m'a menacé de me virer si je ne change pas. Sarah fait ce qu'elle peut pour m'aider, mais je sais que ça ne durera pas éternellement.

Damien soupira, secouant la tête.

— Tu dois trouver une solution, Nate. Tu ne peux pas continuer comme ça.

Nate savait que son ami avait raison, mais il ne voyait pas de sortie de secours. Les démons de son passé étaient toujours là, prêts à le dévorer à la moindre faiblesse.

— Peut-être que tu devrais parler à quelqu'un, un professionnel, suggéra Damien.

Nate éclata de rire, un rire amer et sans joie.

— Tu crois vraiment qu'un psy pourrait comprendre ce que j'ai vécu ? Ils ne savent rien de la vraie vie, des vrais problèmes. Ils se contentent de réciter des phrases toutes faites et d'encaisser leurs chèques.

Damien ne répondit pas, comprenant que toute tentative de convaincre Nate serait vaine. Ils passèrent le reste de la soirée en silence, chacun perdu dans ses propres pensées.

De retour chez lui, Nate se sentit plus seul que jamais. Il s'assit sur son canapé, une bouteille de whisky à la main, regardant fixement les ombres qui dansaient sur les murs. La solitude était son plus fidèle compagnon, un manteau de ténèbres qui l'enveloppait chaque nuit.

Alors qu'il s'apprêtait à sombrer dans un sommeil agité, une pensée le traversa : et si quelque chose ou quelqu'un pouvait briser ce cycle infernal ? Mais pour l'instant, cette idée semblait aussi lointaine et insaisissable que la lumière au bout d'un tunnel sans fin.

Ombres et DésirsWhere stories live. Discover now