Demain, ma tombe.

64 11 13
                                    

A toi qui lit cette lettre, bienvenue.
Pour te donner un contexte, nous somme le 1 septembre 1939. Nous sommes rappelés au front. Nous en avions achevé une, il y a 21 ans. J'étais encore enfant. C'est aujourd'hui qu'est déclarée la deuxième. Nous avons à peine eu le temps de nous reconstruire, de vivre un peu que déjà, la faucheuse est à nos portes.

J'ai récupéré hier mon équipement. J'ai dit au revoir à ma femme, à ma mère et à mes enfants. Mon père n'est pas rentré de la première.
Au fond, nous savons tous que ces aux revoirs n'en étaient pas. Mais l'espoir nous a empêcher de dire adieu.
Nous sommes dans les wagons qui nous emmènent au front. Ici, pas un sourire. Personne n'avait envie d'y revenir, ni d'y aller.
Pourtant, ce sera un honneur pour nous de nous battre pour notre pays.

Nous venons d'arriver au camps. Les bruits des batailles résonnent déjà dans le lointain. Aucun doute, la deuxième sera bien plus sanglante.

Nous avons enfin dépaquetté nos effets. On se partage une tasse d'eau chaude avant d'aller dormir. Nous avons cette crainte constante que chaque instant est notre dernier. Cette peur nous maintient éveillés, mais nous devons dormir pour ne pas flancher plus tard.

Nous venons d'être réveillé en sursaut. Des bombardements ne sont pas passés loin. Si, lors de la première, je me cachais avec ma famille, serrés les uns aux autres pour étouffer notre peur, je n'ai aujourd'hui plus que mes camarades et la terre qui nous tombe dessus.

Nous avons creusé toute l'après-midi notre abris. Dès demain, nous devrons combattre en première ligne.
Tout change trop vite.
La réalité est bien cruelle.

Les bombardements sont sur nous. Nos galeries ne tiendrons pas longtemps. Certains ont déjà fuit, laissant leurs affaires et n'emportant qu'une arme pour se protéger. Ceux qui restent s'empressent de remballer. Tous se précipitent dans les couloirs. La terre humide et meuble nous fait trébuché et glisser, nous nous ralentissons les uns les autres.
Je ne pense pas que nous réussirons à tous nous en sortir.
Je me suis arrêté. C'en est fini de moi. Un effondrement vient de bloquer ma seule issue.
Je prends le temps d'écrire, je ne peux plus m'en sortir.

Bientôt, je n'aurais plus d'air ou la terre m'aura recouvert.
Aujourd'hui je creusais ces galeries, aujourd'hui notre abris.
Demain, ma tombe.

Demain, ma tombe.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant