Prologue

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Dans les tréfonds de mon esprit tourmenté, des émotions sombres dansaient comme des ombres fugaces, me murmurant des mots de doute et d'incertitude dès mon plus jeune âge. Je me souviens encore du jour où cette réalisation m'a frappée comme un éclair, lorsque j'avais à peine dix ans, en deuxième trimestre de CM2. C'était une journée comme les autres en apparence, mais pour moi, c'était le début d'une longue lutte contre l'anxiété et la dépression, qui allaient façonner ma vie à venir.

Mes amies, mes compagnons de jeu et de rire, semblaient vivre dans un monde où le bonheur était une seconde nature. Leurs rires résonnaient comme une mélodie enivrante, leurs secrets partagés semblaient tisser des liens indestructibles, mais pour moi, c'était comme regarder à travers une vitre embuée, incapable de rejoindre leur univers de lumière. Je me sentais seule, abandonnée dans les méandres de mes pensées tourmentées, comme une étrangère dans ma propre vie.

À cet âge, je ne comprenais pas encore pleinement la signification de ces émotions sombres qui m'envahissaient. J'essayais désespérément de me fondre dans le moule, de sourire comme si de rien n'y était, mais une partie de moi se sentait toujours en décalage, comme si j'étais une actrice dans une pièce dont je ne connaissais pas le script. Les jours se succédaient, chacun apportant son lot de sourires forcés et de larmes silencieuses dans l'intimité de ma chambre, où je me réfugiais pour pleurer mon désarroi, incapable de partager ma détresse avec qui que ce soit.

Les moindres difficultés scolaires ou sociales prenaient des proportions immenses dans mon esprit déjà tourmenté, amplifiant un sentiment d'impuissance qui semblait m'engloutir tout entière. Chaque épreuve, aussi insignifiante soit-elle pour certains, était pour moi une montagne insurmontable à gravir. Et pourtant, malgré tout cela, une lueur d'espoir brillait faiblement au fond de mon cœur, me poussant à continuer, à chercher des réponses là où il semblait n'y avoir que ténèbres.

Avec le temps, cette lutte intérieure est devenue plus complexe, plus insidieuse. L'adolescence a apporté son lot de défis supplémentaires, exacerbant mon malaise et ma solitude. Les regards des autres semblaient peser sur mes épaules comme des chaînes invisibles, leurs attentes devenaient un fardeau impossible à porter, et mes propres exigences étaient comme des juges impitoyables scrutant chacun de mes mouvements. Je me souviens particulièrement de la pression des examens, des activités parascolaires qui semblaient absorber chaque instant de mon temps déjà limité, et de l'impression constante de ne jamais être à la hauteur, quoi que je fasse.

Il y avait ce jour où, après une journée particulièrement difficile à l'école, je suis rentrée à la maison en pleurant. Ma mère, bien que compatissante, ne comprenait pas toujours la profondeur de mon désarroi. Elle me disait souvent que ce n'était qu'une phase, que tout le monde passait par des moments difficiles à l'école. Mais pour moi, c'était bien plus qu'une simple phase. C'était une lutte constante contre une force invisible qui semblait me tirer vers le bas.

Malgré tout, ces années tumultueuses m'ont appris des leçons inestimables. J'ai appris à développer des mécanismes de survie, à chercher des réponses là où il semblait n'y avoir que des questions sans fin, et surtout, à ne jamais abandonner, même lorsque les ténèbres semblaient me submerger tout entière. Chaque petite victoire, chaque rayon de lumière dans l'obscurité, méritait d'être célébré, et chaque chute était une occasion de se relever, plus forte, plus résiliente.

Un autre souvenir marquant de mon enfance est celui de mes promenades solitaires dans le parc près de chez moi. C'était mon sanctuaire, un endroit où je pouvais échapper aux attentes des autres et à mes propres pensées tourmentées. Je passais des heures à marcher parmi les arbres, écoutant le chant des oiseaux et le murmure du vent. Ces moments de solitude étaient à la fois un soulagement et une douleur, car ils me rappelaient combien j'étais seule dans ma lutte.

Dans les pages qui suivent, je vais partager avec vous mon parcours, avec toute la franchise et la vulnérabilité que cela implique. Je vais vous ouvrir les portes de mon cœur, vous inviter à parcourir les méandres de mon esprit tourmenté, et vous présenter les personnes qui ont croisé ma route, pour le meilleur et parfois pour le pire. Il y a eu des enseignants qui ont su voir au-delà de mes notes, des amis de passage qui ont laissé une empreinte indélébile sur mon cœur, et des épreuves qui ont forgé la personne que je suis aujourd'hui.

Mme **** , ma professeure de français en quatrième , était l'une de ces personnes. Elle voyait au-delà de mes difficultés apparentes et m'encourageait à exprimer mes émotions . Ses encouragements m'ont donné une nouvelle perspective . Grâce à elle l'écriture est devenue une échappatoire, une manière de mettre des mots sur des sentiments que je ne pouvais pas toujours comprendre ou expliquer.

C'est une histoire de résilience et de découverte de soi, une quête pour trouver la paix intérieure et une place dans ce monde tumultueux qui est le nôtre. Mon espoir le plus cher est que, à travers ce récit, ceux qui luttent en silence puissent trouver un peu de réconfort, un peu de compréhension, et peut-être même un brin d'espoir pour l'avenir. Car chaque petit pas en avant, aussi insignifiant soit-il pour certains, est une victoire en soi, et chaque obstacle surmonté est une preuve de notre force intérieure, insoupçonnée jusqu'alors.

Le collège était une période particulièrement difficile. Les attentes académiques augmentaient, tout comme la complexité des interactions sociales. Les autres semblaient naviguer ces eaux troubles avec une aisance déconcertante, tandis que je me débattais pour garder la tête hors de l'eau. Les amitiés se formaient et se défaisaient à un rythme effréné, et chaque rejet, chaque malentendu, me faisait l'effet d'une trahison personnelle. Je me souviens d'une amitié en particulier, celle avec Sarah, qui a commencé comme un rayon de soleil dans mes journées sombres mais s'est terminée abruptement sans explication, me laissant plus dévastée que je n'aurais voulu l'admettre.

La transition au lycée ne sera pas plus simple. En plus des défis académiques et sociaux, s'ajoute la pression concernant mon avenir. Chaque décision, chaque choix de cours, pourrait déterminer le reste de ma vie. Cette pensée m'angoisse. Je souhaite exceller pour échapper à ce sentiment constant de ne jamais être assez bien.

Dans l'ombre de la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant