Les légendes sont elles réellement ce qu'elles prétendent être? N'a-t-on jamais réécrit la vérité pour la faire paraître plus romantique et héroïque? Au lendemain d'une guerre ayant ravagé le continent de Dragnor, le culte de Sand et Miradeï, fiers...
Des landes enneigées de la Forlka aux côtes azures d'Enmasseï, tous connaissent l'histoire tragique des amants de la Tour Pourpre.
Les empires n'étaient alors que de petits royaumes gouvernés par des roitelets belliqueux et avides de conquête. La guerre déformait la terre à sa guise et les morts n'eurent pas d'autres choix que de reposer à l'air libre faute de place tandis que la faim côtoyait la maladie.
Alors que l'été se couvrait de noir, les royaumes, à bout de souffle, se livrèrent à une ultime bataille lors de laquelle ils envoyèrent leurs meilleurs combattants.
C'est ainsi que se rencontrèrent Miradeï, la guerrière aux cheveux blonds et Sand, le guerrier aux cheveux pourpres.
Faisant jeu égal à l'épée, ils dansèrent au rythme de leurs lames durant trois jours et trois nuits au bout desquels ils convinrent d'une égalité parfaite. Tombants amoureux du regard de l'un, du sourire de l'autre, ils comprirent qu'ils devaient se libérer de leurs chaînes pour pouvoir vivre une aventure qu'aucun d'eux n'avait encore vécu.
Décidant de libérer leurs frères d'armes du joug de leurs bourreaux, ils fomentèrent une rébellion qui prit une ampleur sans nulle mesure.
Bientôt les bannières des royaumes s'embrasèrent de leurs cendres émergea le royaume d'Adelyssia. Peu intéressés par le pouvoir,Miradeï et Sand se retirèrent au coeur d'un bois paisible où ils purent consommer leur amour dans une tour d'argent qu'ils bâtirent. Mais leur idylle était destinée à être maudite et Miradeï tomba malade alors qu'elle venait de donner la vie.
Un malheur ne venant jamais seul, les roitelets survivants vinrent se venger de leurs anciens champions. Menant un raid contre la tour, ils profitèrent du mauvais état de Miradeï pour affronter Sand seul. Le guerrier aux cheveux roux se battit tel un dieu, prêt à mourir pour défendre son épouse ainsi que le fruit de leur amour. Mais Sand restait un simple mortel et son corps qui comptait une plaie pour chaque adversaire vaincu s'effondra dans la neige teintée d'une sinistre couleur.
S'apprêtant à recevoir le dernier coup il fut sauvé par la lame de Miradeï que l'amour avait poussé hors du lit. Les amants combattirent de nouveau côte à côte leur danse transcendant leurs âmes. Mais la fatigue les rattrapa et ils tombèrent à genoux le crépuscule venu.
Miradeï, aux portes de la mort, offrit alors son cœur à son bien aimé qu'il accepta, le sien déchiré, plantant sa lame dans la poitrine de celle qu'il avait juré de protéger. Une magie maudite et ancienne fut alors invoquée, Sand se transformant en un être mi-humain, mi-démon, son épée recouverte par la noirceur de son acte. La bataille cessa quelques heures plus tard, la tour, ainsi que la forêt, couvertes de sang.
Après avoir mis en terre sa promise, Sand se retira dans la tour et n'en sortit jamais.
La rivière du temps s'écoula, Adelyssia devint la capitale d'un puissant royaume et jamais le peuple n'oublia ses héros. Aujourd'hui encore les bardes chantent leurs louanges, les clercs leurs vouent un culte, les mères et les pères content leur histoire à leurs enfants.
Mais il y a une autre fin à cette histoire que nul ne chante ou ne conte. Nul ne sait ce qu'il advint de l'enfant mais quelques uns racontent que l'on entend parfois, à travers les pins de la forêt, les hurlements d'une mère à la recherche de son bébé et de la tour, les injures d'un homme envers les dieux.
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