Prologue

1.6K 18 1
                                    

Lana | Texas, février 2022

— Lana, à table !

Je pose sur ma table de chevet la romance que j'étais en train de lire et enfile mes chaussons roses avant de dévaler les escaliers.

— J'arrive, maman.

Je vis seule avec ma mère depuis deux ans maintenant. J'ai un frère aîné qui fait des études à Boston, loin de notre petite maison du Texas. Le temps est parfois long sans lui, mais on essaye de s'appeler régulièrement. Quand il a su que je partais dans le Colorado pour mes études de lettres, il m'en a voulu de laisser maman toute seule.

Mon père a disparu du paysage quand j'étais enfant. Je ne l'ai jamais détesté, car ma mère m'a toujours dit qu'il avait ses raisons et je la crois. Le jour de mes sept ans, elle m'a donné une photo de lui, qui ne me quitte plus depuis. C'est le seul souvenir qu'il me reste de son existence.

Je rejoins la cuisine. Ma mère est de dos, positionnée face à la gazinière. C'est une très belle femme, ses longs cheveux bruns tombent en cascade dans son dos. Je n'ai jamais compris pourquoi elle ne s'est jamais trouvé un autre homme après mon père. Elle a pourtant toutes ses chances.

— Je suis là ! je l'avertis en posant mes mains sur ses épaules, ce qui la fait sursauter.

— Parfait ! Récupère l'eau au frigo et on passe à table.

Elle a préparé des ravioles, mon plat préféré. Je lui fais un grand sourire qu'elle me rend instantanément, tandis qu'on s'installe.

Depuis le départ de Lucas, je suis devenue moins sociable et reste beaucoup dans ma chambre, à lire. Les repas sont donc les seuls moments où je discute avec ma mère, et j'apprécie chaque seconde que nous partageons.

Elle me raconte une anecdote avec l'un de ses collègues au bureau, et je l'observe, le cœur lourd. Je ne suis pas prête à la quitter. L'amour que je lui porte bataille avec mon envie de partir pour étudier.

Une fois que nous avons fini de manger, je débarrasse la table et remonte dans ma chambre. Je reprends ma lecture un moment, puis lorsque mes paupières me paraissent soudainement trop lourdes, je cède et m'endors.

Le bruit sec d'une porte qui claque me réveille en sursaut. Ma mère est dans l'encadrement, affolée, et me crie de me lever.

— Lana, la maison est en feu ! On doit sortir !

Je la regarde avec de gros yeux, incapable de réagir. Mon cerveau est encore embrumé de sommeil. Je dois rêver. Mais lorsque je vois de la fumée provenant du couloir, je comprends que ça n'a rien d'un rêve. Je me lève d'un bond et la rejoins. Je passe l'encadrement de la porte et m'arrête net devant les immenses flammes qui se dressent face à moi. Ma respiration se coupe quand je réalise la gravité de la situation.

D'un geste vif, ma mère récupère ma couette et me la lance dessus en m'ordonnant de l'utiliser comme barrière pour le feu.

Je suis pétrifiée. Mes jambes commencent à trembler et je reste immobile devant ce chaos. Remarquant mon état, ma mère m'attrape les mains et me regarde avec tendresse.

— Lana, ça va aller. Mais on doit faire vite et sortir d'ici. Je serai derrière toi tout le long, me dit-elle d'un ton calme.

Elle me retourne et je fais de nouveau face à ce couloir de feu. Mon cœur bat la chamade, prêt à exploser. Une vague d'inquiétude m'envahit et me tétanise. Mais lorsque j'entends ma mère crier, mon esprit se réveille enfin et je me baisse pour commencer à avancer.

La chaleur est étouffante. Nous progressons à tâtons, évitant les débris qui tombent parfois du plafond. La fumée qui entre dans mes poumons me brûle de l'intérieur, me faisant tousser violemment. Je continue d'avancer, alors que mes yeux me piquent et que je ne vois presque plus rien. Autour de nous, tout n'est que rouge, orange et noir.

Sidéris T1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant