Chapitre 8

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Elle se précipita à l'intérieur, ne retenant plus ses pleurs. Souhaitant éviter la foule le plus possible, elle écarta les portes coulissantes qui menaient à l'arrière de la scène, s'y faufila et alla s'asseoir dans un coin. Dans une obscurité quasi-totale, elle se laissa glisser au sol, ramena ses jambes contre sa poitrine, les entoura de ses bras, enfouit son visage dans ses genoux et s'abandonna à son chagrin.

Les larmes coulèrent, telles l'eau d'une fontaine, et s'échappaient, quelques fois, des plaintes de douleur et de détresse avec, pour cause, l'état de son cœur, brisé.

-Ophélia..? Fit une voix d'un ton soucieux.

L'intéressée leva la tête et découvrit Alexis devant elle, penché en s'appuyant sur ses genoux. Il avait l'air très préoccupé.

En voyant ses yeux rougis et ses joues trempées de larmes, il s'accroupit et s'assit. Il se glissa à ses côtés et passa son bras autour de ses épaules. Elle mit sa fierté de côté et appuya sa tête sur son épaule, se blottissant contre lui.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu étais si joyeuse en quittant la scène !
-Mon copain, Peter... et mon amie, Margot...
-Tu es en couple ?
-Plus maintenant... mon copain m'a trompée avec ma meilleure amie...
-Celui-là... Aucun respect pour les filles... Les gens comme ça sont vraiment des ordures ! Gronda-t-il. Il reste 10 minutes avant la fin de l'entracte, je peux rester avec toi ou bien tu veux rester seule ?
-Non, reste... S'il te plaît...
-Bien sûr... Allez, viens là...

Il la fit s'asseoir entre ses jambes pour mieux l'entourer de ses bras, dans une étreinte protectrice. Il se balançait tout doucement de droite à gauche pour la bercer, et elle le suivait dans ses mouvements. Elle ferma les yeux profitant de cet instant de proximité qui agissait comme un antidouleur sur son pauvre cœur meurtri par la trahison.

Peu à peu, les larmes s'arrêtèrent de couler, et Ophélia se sentit doucement emportée dans les bras de Morphée.

Des chuchotements la tirèrent de ses songes. Alexis l'appelait. Alors, péniblement, elle se réveilla.

-Ça va ? Tu te sens mieux ? Demanda Alexis d'une voix douce empreinte d'une légère préoccupation.
-Pas trop, mais un peu quand même. Avoua la brune. Morphée est radine, elle garde sa morphine.
-Très poétique, ironisa le blond.
-Ouais, t'as vu...

Sa voix se perdit dans un souffle et ils restèrent collés l'un contre l'autre pendant deux longues minutes supplémentaires.

-Il est quelle heure au fait ? Demanda Ophélia en levant la tête.
-Je ne sais pas, mais ça fait au moins 20 bonnes minutes que le spectacle a reprit.
-Quoi ?! Mais, ton rôle !
-T'inquiètes, je n'ai aucune apparition sur scène pendant la première moitié de la deuxième partie. Je danse dans seulement quinze minutes alors j'ai tout le temps pour m'occuper de toi. Actuellement, mon seul but est de te faire sentir un peu mieux pour que tu puisses sourire sur scène.
-Mais comment pourrais-je sourire quand Peter et Margot sont au premier rang, juste devant la scène ?
-Ignore-les. De toute façon, ils ne méritent pas tes larmes. Si quelqu'un doit pleurer se sont bien eux car ils viennent de perdre une amie et petite amie fidèle qui ne les aurait jamais laissé tomber. Ce n'est pas de ton genre d'abandonner les gens.
-Merci Alexis, merci pour tout...
-Ne t'en fait pas, on a tous nos moments de faiblesse dans la vie. Toi, c'est cette rupture difficile, et moi...

Sa voix se brisa et il n'ajouta rien. Curieuse et soucieuse, Ophélia se redressa pour le regarder dans les yeux.

-Oui ? Et toi ?
-Ne t'en fait pas, je suis là pour te réconforter, pas te raconter mes problèmes...
-Tes yeux trahissent une profonde souffrance et une grande solitude. Avec le temps, j'ai appris à lire les émotions dans les yeux des gens. Je pense que tu n'en a parlé à personne, je me trompe ? Tu peux te confier à moi, tu sais très bien que je n'irai pas le crier sur tous les toits. Mais loin de moi l'idée de te forcer à cracher le morceau, je respecterai ton silence.

Le blond hésita un moment, mais décida de se confier. Il avait une confiance aveugle en la danseuse, il savait qu'elle ne souhaitait que son bien et gardera ses dires sous silence. Alors il soupira et se lança.

-C'est ma grand-mère, avoua-t-il. Elle est gravement malade et j'ai appris aujourd'hui qu'elle a été internée à l'hôpital hier. Ça ne s'arrange pas et ça pourrait très bien en mourir...
-Je te comprends. Je n'ai pas connu de morts dans ma famille mais c'est tout comme. Mon père est tout le temps à l'étranger pour son travail et ma mère a disparu il y a des années, ça fera quatorze ans en septembre. Je ne suis jamais allée voir mes grands-parents car c'est très sombre de ce côté-là de ma famille... Résultat, je vis avec mes grands frères.
-D'accord...
-Excuse-moi, on était censé parler de toi et au final c'est moi qui raconte ma vie.
-Non non, c'est bon. Content de voir que tu parles toujours. Et puis tu me sauves un peu, je n'aime pas vraiment m'étaler sur ce sujet.
-D'accord.
-Je vais devoir y aller, tu devrais retourner en loge.

Il se releva et aida son amie à se mettre debout. Une fois sur ses pieds, il la serra fort dans ses bras et lui murmura à l'oreille :

-Ne pense pas à ces imbéciles. Dis-toi qu'ils auront gagné s'ils arrivent à te gâcher la soirée. Alors affiche ton plus beau sourire sur scène pour leur faire comprendre qu'ils ne t'ont pas touchée, même pas effleurée. D'accord ?
-D'accord, chuchota-t-elle en retour. Merci pour tout Alex.
-C'est normal entre amis.

Aïe. Le coup de la friendzone alors qu'elle venait de se faire larguer lui faisait encore plus mal, mais elle ne laissa rien paraître. Elle pouvait toujours le faire changer d'avis, et peut-être qu'il l'aimait déjà mais se cachait ainsi ! Mais ce n'était pas le moment, et elle le savait. Elle devait retourner en loge, ses amies devaient s'inquiéter pour elle.

-J'ai envoyé un message à ma sœur pour lui dire que tu étais avec moi, elle s'inquiétait de ne pas te voir revenir. Lui dit-il en la lâchant. Elle m'a répondu qu'elle et les autres prendraient bien soin de toi quand tu reviendras. Alors tu devrais aller les rejoindre.
-Oui Maman, se moqua-t-elle.
-Je dis ça pour toi hein !
-Je sais, c'est pour ça que je te fais marcher. J'y vais, merci encore Alex !
-De rien Ophé.

Un amour sportif {Tome 1 : Le gala}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant