GARDIEN DE TON CŒUR

numéro un

𝚊𝚖𝚊𝚊𝚗𝚊

- pardon, trois euros la putain de redbull ? sophia s'exclame, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte.

oh purée.

par automatisme, je ferme mes yeux le plus fort possible, comme pour essayer d'oublier que ma collègue vient de se faire remarquer par à peu près une dizaine de personnes, avant de les ouvrir de nouveau et de tomber sur le visage rougi de la caissière.

miskina.

elle savait certainement pas que travailler dans l'une des épiceries les plus chers de tout cannes venait avec des conditions, comme celles de devoir gérer l'énervement des clients face aux prix exorbitants.

- vas-y, sophia tu fais chauffer, arrête ça, je grince des dents et pince le bras de la rousse. désolée, tenez.

je lance deux pièces à la dame comme la ien-cli que je suis, récupère la monnaie, la fameuse redbull et le coude de ma meilleure amie qui continue de marmonner dans sa barbe.

la hchouma.

- putain, nan mais j'y crois pas ! elle s'écrie une nouvelle fois, alors que je la tire jusqu'à la sortie de l'alim et ensuite le trottoir le plus proche, celui où muna a jeté sa fiat. vous allez jamais me croire, sophia s'empresse de dire en prenant place à l'arrière, une fois le dossier d'emma avancé.

- elle vient d'se rendre compte que l'épicerie a augmenté les prix, je résume rapidement en espérant échapper aux plaintes de la rouquine.

une fois lancée, je sais que la meuf ne s'arrêtera jamais alors je préfère éviter le carnage.

j'regarde emma secouer sa tête de gauche à droite dans un mouvement qui se veut désespéré, et muna désactiver ses warnings avant de se jeter de nouveau sur la route.

- on t'avait prévenu carrot cake, la conductrice se contente de répondre en ricanant.

j'entends l'irlandaise marmonner dans sa barbe, les sourcils froncés.

c'est quand qu'elle râle pas cette meuf, s'il-vous-plaît.

je rigole de la situation malgré tout, amusée de son comportement habituelle, avant de me redresser et de tendre mon bras en direction du porte-boissons où mon téléphone est posé.

7 %. putain, pourquoi j'ai tout le temps la manie de sortir sans batterie ?

- allez, arrête de râler et dis-moi tu veux que j'mette quoi, je demande à ma meilleure amie en montrant l'écran de mon phone.

- nan mais les préférences, j'y crois pas, muna s'exclame, les yeux rivés sur le rétro intérieur de sa caisse. t'as vu ça emma ? l'éthiopienne tente d'entraîner la blonde dans ses conneries en l'interpellant.

je roule des yeux. toujours dans l'abus, jamais dans la demi-mesure.

- par contre c'est bien de rouler et de choisir des sons, mais moi je sais pas où on doit aller, la voix de la métisse se fait entendre une nouvelle fois et je croise son regard dans le rétro intérieur.