Et si Pascal avait accepté le poste

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Il lui avait dit. Ça le tannait depuis ce matin. Il avait cherché des dizaines d'occasions de lui dire qu'il était pressenti pour intégrer un poste à la BRI. Il devait lui dire. Déjà, parce qu'elle était sa supérieure, et même s'il en était encore au stade de la réflexion, il était normal qu'elle le sache. Mais aussi parce que c'était Florence. La femme pour laquelle il éprouvait des sentiments indéfinis, parfois très flous. Celle qu'il avait embrassé un soir sur la terrasse avec un tas d'émotions contradictoires. Celle qui l'avait rejeté aussi.

Il lui avait dit. Mais elle n'avait pas eu la réaction attendue. Il ne savait pas ce qu'il espérait d'ailleurs. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle le supplie de rester. Mais il ne s'attendait pas non plus à se faire limite engueuler. Maintenant il était seul face à cette décision. Cette décision qui pourrait changer le cours de sa vie, et pas que professionnelle.

Il était attaché à Annecy. A ses amis, ses collègues, sa ville qu'il connaissait par coeur. Et à elle. Mais elle ne laissait rien montrer, et il ne savait plus sur quel pied danser. Il en avait parlé à Nicky qui avait bien compris son dilemme. Avec Jean Paul qui avait été clair avec lui. Mais avec Florence, c'était compliqué. C'était toujours compliqué. Il l'avait appelé, il voulait lui expliquer. Il ne voulait pas lui mettre la pression, il ne voulait pas qu'elle décide à sa place contrairement à ce qu'elle lui avait dit. Il voulait ses conseils. Il l'estimait professionnellement, et au-delà de ce qu'il pouvait ressentir pour elle, il avait besoin de son éclairage. Mais elle avait décidé de se murer dans une attitude fermée, totalement hermétique à son questionnement et à ses doutes. Alors il avait choisi. Seul.

Il avait accepté le poste à la BRI.

Il arriva au commissariat ce matin là, comme s'il voyait tout le monde pour la dernière fois. C'était étrange. Cette décision mûrement réfléchie était la sienne et pourtant la nostalgie prenait déjà le dessus. Il allait devoir affronter les regards de tout le monde, les questions, et Elle.
Ça allait être difficile et il repoussait le moment. Il était ailleurs, il n'écoutait qu'à moitié ce qu'on lui racontait. Il fallait qu'il le dise d'abord à Florence. C'était sa chef de service et elle ne pouvait pas l'apprendre en même temps que les autres au détour d'une conversation. Mais elle était dure à cerner aujourd'hui, presque inaccessible. Les heures passaient et toujours rien. Forcément, ayant la tête ailleurs, il s'était fait reprendre de volée à plusieurs reprises, ce qui ne l'aidait pas beaucoup à garder son calme.

En fin de journée, il prit son courage à deux mains et frappa à la porte de son bureau.

- Entrez, lui dit la voix féminine à l'intérieur

- Commissaire je peux vous parler?

Il avait volontairement employé le terme de commissaire, elle saurait tout de suite que c'était professionnel et elle ne pourrait pas l'éviter.

- Oui bien sûr capitaine, je vous en prie.

Elle lui sourit. Ça allait être compliqué. Ce sourire pouvait illuminer ses journées tellement il l'aimait.

- Je peux? demanda t-il en lui montrant la chaise

- Oui bien sûr... Elle commençait à avoir peur. Son ton, son hésitation, tout transpirait une décision qui n'allait pas lui plaire. Elle prit sur elle, et garda son aspect professionnel. - Je vous écoute.

- Voilà. J'ai pris ma décision, en ce qui concerne la BRI, et je voulais que vous le sachiez en premier.

- Et donc?

- J'ai décidé d'accepter le poste qui m'a été proposé.

Son coeur s'arrêta. Elle avait la sensation qu'elle ne pouvait plus respirer. Elle se souvint de sa conversation avec Jules. Le couperet était tombé et il était beaucoup plus violent que ce qu'elle n'avait pu imaginer. Il allait partir. La quitter. Elle ne le verrait plus. Il était assis face à elle. Et il fallait qu'elle dise quelque chose. Alors elle fit ce qu'elle savait faire de mieux. La commissaire de police.

Et si Pascal avait accepté le poste Où les histoires vivent. Découvrez maintenant