Blood, Shadow and Tears - T1

Chapitre 1

-Mademoiselle Kwon !

Mon professeur de français, M. Royelle, tape du poing sur ma table. Je sursaute alors, et il commence à se fâcher :

-Vous vous croyez trop intelligente pour nous autres ?!

-Non, monsieur.

-Vous aurez donc la bonté de nous dire de quel courant faisait partie Emile Zola, n'est-ce pas ?

Je réfléchis. Nora, derrière moi, lève sa main manucurée.

-Oui ?

-Du romantisme !

-Certainement pas !

Je lève la main :

-Naturalisme. Zola était naturaliste.

-Exactement.

Il reprend donc son laïus, mais la cloche de la fac finit enfin par sonner. Je sors et rentre chez moi. Je n'habite pas sur le campus : mon père habite à cinq minutes, dans une maison en pierre blanche, couverte de lierre, avec une verrière à l'entrée. Je rentre enfin, puis Madison, notre bonne, me demande si je veux manger quelque chose de particulier pour le dîner.

-Non, fais comme tu veux. Tu sais que j'ai confiance en toi. Et puis, tu peux te reposer, j'aime cuisiner.

-Non, vous rentrez d'une dure journée.

Je sais cuisiner. Surtout les plats traditionnels du pays d'origine de mon père, la Corée du Sud. Ma mère est morte lorsque j'avais huit ans. Elle était américaine, une pure New-Yorkaise. Je ressemble surtout à une coréenne, avec une peau plutôt pâle au teint rosé, avec de grands yeux en amande bleu glauque (couleur que je tiens de ma mère), de longs cils noirs, une mâchoire en V et des lèvres roses et presque pulpeuses. Mes cheveux sont noirs et ondulés. Mon corps appartient plus à une américaine : une morphologie en sablier, et des formes visibles. Je ressemble apparemment à ma mère : mon père dit que je lui ressemble beaucoup. D'ailleurs, il vient de rentrer. Il rentre dans ma chambre et me dit bonjour.

-Ca va, Iseul ?

-Ye (Oui).

Je parle coréen couramment.

-C'est quoi tes devoirs ?

-Français et Anglais.

-Jal jagdong (Travaille bien).

-Gamsamnida abba (Merci papa).

Puis il part en me laissant travailler. Il est agent de la FBI. Il va sur le terrain, et parfois, il ne revient pas avant plusieurs mois. Donc tant qu'il peut être là, il est présent au maximum, surtout depuis que maman nous a quittés. Je descends manger, puis je remonte travailler. A vingt-trois heures, j'ai enfin fini de travailler. Je me douche, puis me mets en pyjama, avant de me coucher.

Je me réveille le lendemain matin. Je mange des gaufres, je me douche, puis je m'habille avec une sage petite robe noire, accompagnée d'un collier et de bottines. Je prends mes cahiers, puis je marche vers la fac, mes écouteurs dans les oreilles. Lorsque j'arrive, mon amie Elise m'accueille. C'est une fille très grande, avec de longs cheveux blonds et des yeux noisette rieurs. Elle est l'héritière d'Armelli, un magasin de luxe. Or, à New York, rien n'est plus chic et glam' qu'une fille blonde, mince et héritière d'un grand magasin, de surcroît. Nous nous connaissons depuis l'enfance, lorsque mon père avait dû protéger son père d'une conspiration de la mafia. Elle est en commerce, et elle excelle : c'est la meilleure de sa classe. Soudain, elle me montre dans la foule du trottoir d'en face :

-Il y a quelqu'un qui te regarde. Tu le connais ?

C'était un jeune homme, peut-être mon âge - dix-neuf ans- avec une chemise et un pantalon noirs, le regard masqué par des lunettes de soleil. Il semble appeler quelqu'un. Je sens une sueur froide couler le long de mon dos, et je l'entraîne de force dans le campus.