Chapitre 44

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Ce rat essaie réellement de s'enfuir ? Je ne suis pas d'humeur. Je le rattrape en quelques secondes. Dès que je l'atteins, je le chope par le col de sa chemise bon marché et le retourne contre le mur de la ruelle sombre. Je plaque mon avant-bras sur son cou. Je relâche ma prise quand je me rends compte de qui il est. Je recule d'un pas et la vision de Sam qui vient de m'assaillir s'estompe.

Il n'est pas lui.

Je suis juste face à un démon mauvais payeur qui a fait affaire avec Bazan. Il ne ressemble en rien au roi des démons. Il est svelte, certes, mais a le crâne rasé et des yeux jaunes de chats.

— Tu sais pourquoi je suis là.

Il commence à se décomposer au son de ma voix. Son regard est fuyant, il cherche une issue, mais je l'ai coincé dans un coin. Il est ma proie et je me délecte de sa peur.

— J'ai juste besoin d'encore un peu de temps, faucheuse.

Entendre le nouveau surnom qu'emploient les démons pour me désigner entre eux me hérisse le poil. Depuis maintenant trois mois, mes exploits contre deux princes de l'enfer ainsi que la mort de tous les démons qui les accompagnaient se répandent en enfer et sur terre. Les démons n'ont pas de mal à me reconnaître grâce aux nombreuses cicatrices qui ornent ma peau.

— Tu as eu assez de temps, je suis venue te voir il y a une semaine, démon.

Je le sens se liquéfier face à moi. Il rentre ses épaules et semble vouloir se faire plus petit. S'il pouvait entrer dans le mur, il le ferait.

— Je ne veux pas mourir.

— Ce ne sera pas le cas, ne t'inquiète pas, je lui souris gentiment et ce geste l'amadoue. Du moins, dès que ton âme appartiendra à Bazan.

— Quoi ?!

C'est un cri suraigu qui sort de sa bouche. La panique refait surface chez le démon. Il n'aurait jamais dû conclure de marché avec Bazan, tout le monde sait qu'on ne peut que perdre contre le prince de la colère. Je sors déjà le sceau de Bazan. Au contact de ma peau, je sais que le métal commence à chauffer. Rapidement je pourrais marquer le démon en face de moi.

— Ne t'inquiète pas, c'est un sort préférable à la mort.

— Mais qu'est-ce que je devrais faire ?

— Servir ton nouveau maître sur terre ou en enfer.

Bazan m'a demandé de lui proposer le deal parce que ce démon a manifestement des qualités que je n'arrive pas encore à déceler, mais que le prince de la colère compte bien utiliser. Je commence à m'impatienter donc je lui lance avec véhémence.

— Tu veux vivre ou mourir ?

— Vivre !

C'est presque un cri de désespoir qu'il m'offre alors. Sans plus tergiverser, je me jette sur lui et abats rapidement le sceau chauffé à blanc sur la peau nue de son cou. Je ne devrais pas encore travailler pour Bazan après tout ce qu'il m'a fait subir, je ne devrais pas lui offrir de nouvelles âmes, mais c'est plus fort que moi, je suis douée pour ça et je me délecte de leur souffrance. Un bruit se fait entendre par-dessus le cri du démon. J'arrache le sceau de sa peau et l'odeur de cochon grillé assaille mes narines. Je me retourne en laissant tomber le corps pétri de douleur qui me faisait face. Une ombre au bout de la ruelle s'enfuit. Je me précipite dans cette direction, mais dès que je passe le bout de la rue je ne vois personne. L'endroit est désert, les seuls sons audibles sont ceux de la souffrance du démon qui vient de contempler le pouvoir de la faucheuse que je suis. Je tue ou fauche des âmes pour Bazan.



J'entre dans la planque sans m'embêter d'une formule de politesse ou autre. Je suis énervée. Ne pas voir retrouver le voyeur m'incommode. De plus, ce n'est pas la première fois que je me sens épier.

Fall outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant