Anniversaire non attendu

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Le 16 décembre, je m'éveillai dans ma chambre aux murs lambrissés du château de Cambridge, envahie par une profonde fatigue et une tristesse voilée. La lumière de l'aube, tamisée par les lourds rideaux de velours pourpre, peinait à éclairer l'atmosphère lourde qui régnait en ce jour si particulier. En ce vingtième anniversaire, alors que le monde extérieur attendait une célébration joyeuse, pour moi, c'était l'heure amère de dire adieu à l'insouciance de l'enfance, à la liberté rieuse, et de me confronter à la vie adulte, entravée par un mariage que je n'avais pas choisi et des obligations royales oppressantes.

Enfant unique d'une des familles royales les plus influentes du royaume, mes jours étaient rythmés par les enseignements rigoureux des maîtres et la solennité des protocoles royaux. Physiquement, je me distinguais par mes longs cheveux blonds cendrés qui ondulaient gracieusement autour de mon visage ovale. Mes yeux, d'un bleu clair comme les eaux calmes d'un lac paisible, reflétaient souvent un mélange complexe d'émotions : détermination, résignation et parfois une pointe de rébellion étouffée sous le poids des attentes.

Ce matin-là, mes bonnes, fidèles compagnes depuis mon plus jeune âge, s'affairaient autour de moi avec une dévotion empreinte d'une tristesse silencieuse. Elles choisirent pour moi une robe de satin ivoire, ornée de broderies délicates en fil d'argent qui dessinaient des motifs floraux autour du col montant et le long des manches légèrement bouffantes. Mes cheveux furent tressés avec soin, retenus par des rubans de soie d'un bleu pâle assorti à mes yeux, et maquillés avec une touche de rouge à lèvres rose pâle qui accentuait la pâleur de ma peau.

À quelques heures à peine avant le début de la cérémonie, je me retirai dans ma bibliothèque privée, un havre de paix où les livres anciens et modernes s'entassaient sur les étagères sombres. Je pris entre mes mains tremblantes un vieux recueil de poésie romantique, où les vers délicats exprimaient des passions et des tourments semblables aux miens. Chaque page tournée résonnait comme un écho de mon propre conflit intérieur, une lutte entre la loyauté envers ma lignée et le désir ardent de préserver ma propre liberté, même au prix de la couronne.

Dans le silence réconfortant de la bibliothèque, je fermai les yeux un instant, me plongeant dans les derniers instants de tranquillité avant que le tumulte de la cérémonie ne m'engloutisse complètement. Chaque minute qui s'écoulait me rapprochait inexorablement du destin que mes parents avaient tracé pour moi, un destin où mes choix étaient des illusions fugaces, balayées par les exigences implacables de la royauté.

Ainsi, dans l'ombre feutrée de ma bibliothèque, je goûtai amèrement les ultimes moments de liberté que m'offrait mon vingtième anniversaire, sachant que le soir venu, je serais liée à un avenir où même mes rêves les plus secrets devraient se plier à la volonté du royaume.

Lorsque le majordome Charles me surprit dans ma bibliothèque, le visage encore empreint de l'émotion suscitée par les vers poétiques, il m'annonça d'une voix solennelle que la cérémonie allait commencer. Je me retournai pour le voir figé un instant, ses yeux scrutant mon visage avec une expression mêlée d'admiration et de nostalgie.

"Mademoiselle Grace, comme vous avez grandi depuis toutes ces années," murmura-t-il avec un sourire bienveillant.

"Merci, Charles," répondis-je doucement, appréciant ce rare moment de tendresse dans une journée chargée d'attentes et de contraintes.

Mon enfance avait été chaperonnée par la bienveillance de Charles. Alors que mes parents étaient souvent absorbés par leurs devoirs royaux, il avait été mon compagnon de jeu et de confidences. Un souvenir particulièrement cher me revint en mémoire : celui d'un après-midi d'été où Charles et moi avions construit une cabane secrète dans les jardins du château, cachée derrière un bosquet de roses en fleurs. Nous y avions ri aux éclats et partagé des histoires jusqu'au coucher du soleil, loin des regards scrutateurs de la cour.

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