La première danse

3 1 0
                                    


Je m'approchai de mon lit après une journée tumultueuse et émotionnelle. Mes doigts effleurèrent doucement le cadre de bois finement ouvragé posé sur ma table de nuit. À l'intérieur, une vieille photo jaunie montrait Arthur, James et Henry Cavendish, tous les quatre jeunes et insouciants, souriant devant l'objectif. Nous étions vêtus de tenues de jeu typiques de l'époque, dans les jardins ensoleillés du château de Cambridge. Arthur, avec ses cheveux en bataille et son sourire espiègle, James, plus sérieux mais protecteur, et Henry, toujours curieux et avide d'aventures. Et moi, au milieu d'eux, les yeux brillants d'innocence et de bonheur.

J'avais caché cette photo ici, sous mon oreiller, par crainte que ma mère ne la trouve. Elle n'avait jamais apprécié l'amitié que j'entretenais avec les Cavendish. Pour elle, leur influence était une distraction indésirable à mes obligations royales.

Mes pensées se tournèrent vers l'avenir incertain qui nous attendait. Les frères Cavendish partaient pour Washington, loin de Cambridge. Ils allaient me manquer terriblement. Ils avaient toujours été là pour me rassurer, pour me rappeler que derrière le masque de la royauté se cachait une jeune femme avec des rêves et des peurs comme tout le monde.

Washington semblait si loin de Cambridge, non seulement géographiquement, mais aussi dans l'esprit. Les souvenirs des moments heureux que nous avions partagés semblaient maintenant être une relique d'un temps révolu. Maintenant, je serais officiellement seule, confrontée à mes responsabilités et aux pressions constantes de ma famille et de la cour.

L'épuisement finit par l'emporter. Mes paupières lourdes se fermèrent lentement, enveloppant mes pensées tourmentées dans l'obscurité douce du sommeil. Le silence de ma chambre était rompu seulement par le doux souffle du vent nocturne qui caressait les rideaux. Je m'endormis enfin, repliée sur moi-même, avec le poids des décisions à prendre et des dilemmes à résoudre.

Le lendemain matin, je fus réveillée par mes bonnes qui, comme d'habitude sous la demande insistante de ma mère, ouvrirent les lourds rideaux de ma chambre. Elle m'avait toujours répété que la journée appartenait à ceux qui se levaient tôt. Le soleil hivernal inondait la pièce, révélant ses nuances dorées à travers les fenêtres à meneaux anciennes.

Elles m'escortèrent jusqu'à la salle de bain, où un bain chaud m'attendait déjà. L'eau parfumée aux pétales de rose et aux herbes relaxantes apaisa mes nerfs tendus. Une fois rafraîchie et prête, elles s'attelèrent à ma coiffure. Mes cheveux blonds en boucles, souvent source de critiques de ma mère pour leur indomptabilité, furent coiffés en un chignon élégant et sophistiqué, agrémenté de perles nacrées qui scintillaient à la lumière du matin.

Pour m'habiller, elles choisirent une robe de velours bleu nuit, brodée de fils d'or qui rehaussaient la richesse du tissu. Mon maquillage fut appliqué avec précision, soulignant mes yeux d'un trait délicat et mes lèvres d'une teinte douce de rose pâle. Une fois parée de tous ces atours, je me sentais à la fois magnifique et prisonnière de mon propre rôle dans la société royale.

Charles, fidèle majordome et confident de longue date, m'informa qu'un bal de Noël était prévu pour ce soir. Je soupirai, fatiguée d'avance de devoir affronter une autre soirée mondaine remplie de faux-semblants et d'attentes irréalistes. Je lui demandai de transmettre que j'y serais présente, avant de m'éclipser dans le jardin intérieur du château.

Le parfum des roses en hiver emplissait l'air tandis que je m'installais sur un banc de pierre, espérant trouver un moment de calme pour lire. Cependant, un pressentiment tenace pesait sur moi, comme si quelque chose d'important allait se produire ce soir-là, quelque chose qui pourrait changer le cours de ma vie déjà prédestinée.

Kidnapping RoyalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant