Prologue

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Eiran

En arrivant ce matin devant le panneau d'affichage, j'ai eu le plaisir de découvrir avec le sourire, que c'est moi et seulement moi qui suis en haut de la liste. La place de choix et d'honneur. J'imagine tellement le visage de Williams, lorsqu'il va pouvoir admirer sa défaite de ce semestre. Il sera vert de jalousie, avec sa mâchoire tout crispé, signe de son mécontentement. Rien que de l'imaginer, j'en souris à en avoir mal aux joues.

Très vite, en commençant nos études ici, nous n'avons pas réussi à nous apprécier. Hélas, il se trouve que nous avons la même meilleure amie, Abi. Nous voilà d'entré de jeu dans une situation pas terrible. Grâce à notre amie, un compromis est vite venu.

Ils sont tous trop aveugles pour le voir, mais j'aime particulièrement ce jeu entre nous. Se battre pour la première place, c'est puéril depuis que c'est devenu trop sérieux. Je suis sûr que rien que le fait d'avoir les meilleures notes et être en haut de la liste est une chance de parvenir à avoir un contrat important. Au-delà de ça, mon but à moi, a toujours été de travail pour des gens bien, en étant leur body garde.

Accoudé non loin, des panneaux d'affichage, j'attends Abigail après avoir reçu son message m'indiquant son arrivée imminente. Aujourd'hui, elle passe la matinée avec moi et l'après-midi avec Wasya. Elle a entrepris de diviser son temps en deux de sorte à pouvoir être avec nous deux, sans forcément qu'on soit obligé d'être tous les deux là, à devoir supporter la présence de l'autre.

- Salutation mon cher Eiran, me salue Abi.

– De même à toi, ma très chère amie, c'est un plaisir de te revoir. Ajoutais-je en rentrant dans son jeu.

Nos regards se croisent et nous éclatons de rire au moment, ne pouvant pas garder notre sérieux bien longtemps. Depuis quelque temps, à force de "se battre" pour cette première place qui peut nous donner un passe-droit pour un job à la couronne, avec Abigail, nous avons pris l'habitude d'en rigoler avec des formules de politesse telle que celle-ci. Ça nous donne un air guindé et sérieux, ce qui nous amuse, nous qui venons de milieu pas très aisé.

- Au fait, qui a gagné ce semestre ?

Mon regard plongé dans ses iris nuageux, je l'ai laissé deviné par elle-même. Ne donnant pour seule réponse que mon sourire en coin. Les élèves sont tous agglutinés devant la liste lorsqu'une tête aux cheveux de jais court apparait au milieu d'eux en train de traverser comme ci les gens s'éloigne pour lui laisser la place. Je regarde à nouveau mon amie, et lui murmure :

- Tu vas très vite le savoir.

Abi, ne prends pas le temps de répondre et rejoint son autre meilleur ami qui vient tout juste de se pointer devant les noms. Pour une fois, ses cheveux sont lâchés, permettant aux autres de le voir sous un nouveau jour. Ça lui va bien, personne ne peut le nier. Je n'attends qu'une chose avec impatience sa réaction. Mes membres fourmillent d'impatience, mon sourire accroché aux lèvres. Je l'imagine d'ici serrer les poings au milieu de tout le monde, la preuve, il ne bouge pas d'un pouce, fixant les feuilles encrées de nos noms, désigné qui de nous deux a gagné la partie pour cette fois. Il est trop cute quand il est en rage, tellement que j'imagine déjà toutes les filles admirées son visage de porcelaine parfait, les étoiles pleins les yeux. Pas même Abigail ne peut le faire décrocher des yeux. Je crois que si son regard pouvant tuer, je serai mort depuis longtemps. J'ignore quand il abandonnera la partie, mais en tout cas une chose est sûre, moi ça m'amuse et je n'y renoncerai pas. Même si je dois redevenir second.

Wasya

Harris bordel, Eiran Harris, je le hais de tout mon cœur, encore plus en cet instant, alors que je regarde les affiches pour le nouveau trimestre, il est premier, putain de premier, alors qu'encore le précédent, j'étais en tête de liste, il était en tête de liste, nous étions en tête de liste.

Lui et moi, ça a toujours été une bataille incessante, depuis bientôt trois ans, lui et moi étions en tête de liste, et chaque trimestre les profs se retrouvaient à noter au centième près, ou au millième près quand il en était nécessaire, de compter à la virgule près, à sans arrêt départager la note au plus juste, car depuis trois ans, nous nous battons la première place, on se l'arrache au centième près trimestre après trimestre, on voulait la première place. Et aujourd'hui, je constatais avec horreur qu'il l'avait, qu'il était sur le trône, mon trône, et tous les élèves de la licence le félicitent, tandis que moi ça me terrifiait. La bataille était rude, et ce, depuis que nous sommes entrés dans cette école, ce jour-là on nous avait présenté les différents rangs d'affectation, dont le premier.

Celui qui m'intéresse moi, c'était le premier, celui ou chaque année une seule personne était recruté, un poste auprès de la famille royale, ça en faisait rêver plein, mais peu se battaient pour l'avoir, et étrangement cette année, nous sommes deux à nous battre pour.

– Wasya ! criait la jeune fille.

– Oh je suis désolé, je ne t'avais pas vu.

Elle arborait son air colérique, signe qu'elle n'était pas contente du tout de mon inattention, pourtant une seconde avant, je la voyais, aux bras de celui que je détestais tant, Eiran, son meilleur ami, alors qu'elle était ma meilleure amie, je fronce du nez et me retourne vers sa mine douce.

– Vous êtes les deux hommes de ma vie Wasya, ça me fâche de ne jamais vous voir à côté, tu sais... ne sois pas énervé contre lui, il mérite sa place, tout autant que toi.

Je fronce les sourcils à ses mots, je savais très bien tout ça, mais je ne voulais pas l'entendre, je ne voulais pas m'asseoir à côté de lui, pas même lui parler, et même si j'hochais la tête, je ne pensais pas un seul de ses mots, bien au contraire, je le méritais cent fois plus que lui.

Eiran a toujours eu de la chance dans sa vie, et ça n'a jamais été mon cas. pas les mêmes chances que lui dans ma vie, et ça je m'étais toujours assuré de le garder pour moi, je refusais de voir ce regard moqueur ou désoler, joncher ses lèvres, je refusais de faire face à son air arrogant, car Eiran l'était : arrogant. C'est ce qui m'a toujours énervé chez lui, il se fiche bien de vous déranger, tant que son petit train-train quotidien reste paisible, il se fiche bien de vous faire souffrir, il se fiche bien de tout ça, parce que c'est Eiran, pensai-je en voyant la femme s'éloigner et le rejoindre à nouveau, mon cœur se mit à battre fort dans ma poitrine, rien qu'une meilleure amie.

Lui et moi étions constamment en duel, on s'arrache la première place, et on s'arrache la place dans son cœur, j'observais les yeux de l'homme s'adoucir en lui souriant, alors qu'un feu faisait rage dans mon for intérieur, alors que ce connard prétentieux retienne bien une chose, il a gagné la bataille pas la guerre, connard.


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Coucou mes papillons,

C'est sûr ces mots de Williams, qu'on achève le prologue de Première place.

Alors ? Qu'en pensez-vous ? Vous avez aimé ?
Une hypothèse sur la suite peut-être ?

En tout cas, nous espérons que cela vous plait. 
Si c'est le cas, n'hésitez pas à voter ou à écrire un commentaire pour nous faire part de votre avis.

On se retrouve dans deux semaines pour le chapitre 1. ;)

Avec amour,
Ange.

Première place [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant