Le baiser

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Quelques semaines après leur première conversation, Jordan et Gabriel se retrouvaient régulièrement dans des coins isolés du Parlement ou dans des cafés discrets de Paris. Ces moments volés étaient pour eux des bouffées d'oxygène dans le tourbillon de leurs vies politiques.

Ce soir-là, après une longue journée de débats intenses, Gabriel proposa à Jordan de le retrouver dans un petit jardin public près de l'Assemblée. Le froid de l'automne commençait à se faire sentir, mais ils étaient heureux de pouvoir passer du temps ensemble loin des regards indiscrets.

Ils marchaient côte à côte, discutant de tout et de rien. Les feuilles mortes crissaient sous leurs pas, et le bruit lointain de la ville semblait les isoler encore plus. Gabriel s'arrêta soudainement et se tourna vers Jordan.

"Tu sais, c'est fou ce qu'on vit," dit Gabriel en fixant Jordan dans les yeux. "On est censés être ennemis, mais je ne peux m'empêcher de penser à toi tout le temps."

Jordan sourit, touché par les mots de Gabriel. "Moi aussi, je pense à toi. C'est comme si tout ce qui nous oppose rend notre lien encore plus fort."

Un silence s'installa entre eux, chargé d'émotion. Leurs regards se croisèrent et, sans vraiment y réfléchir, ils se rapprochèrent l'un de l'autre. Le cœur battant à tout rompre, Jordan posa une main hésitante sur l'épaule de Gabriel. Ce dernier fit un pas en avant, comblant la distance qui les séparait.

Leurs lèvres se touchèrent enfin dans un baiser doux et timide. C'était comme si le monde autour d'eux disparaissait, laissant place à un moment de pure magie. Le baiser se fit plus intense, empli de tous les sentiments qu'ils n'avaient jamais osé exprimer.

Lorsqu'ils se séparèrent, légèrement essoufflés, ils restèrent un moment sans parler, savourant l'instant. Gabriel prit la main de Jordan et la serra doucement.

"On doit être prudents," murmura Jordan. "Mais je ne regrette rien."

"Moi non plus," répondit Gabriel avec un sourire. "On trouvera un moyen, peu importe les obstacles."

Le jardin était enveloppé dans une tranquillité rare, presque magique. Ils se tenaient la main, perdus dans la beauté de l’instant, oubliant les pressions du monde extérieur. Cependant, cette bulle de paix ne dura pas longtemps.

Le téléphone de Gabriel vibra soudainement dans sa poche. Il le sortit, jetant un coup d'œil à l'écran. Son visage se crispa légèrement en voyant le nom affiché.

"Macron," murmura-t-il, à la fois surpris et inquiet.

Jordan hocha la tête. "Prends l'appel. Je vais attendre ici."

Gabriel s'éloigna de quelques pas pour répondre, laissant Jordan seul dans le jardin. La nuit était fraîche, et Jordan, malgré sa détermination, ressentit une pointe de solitude. Il observa Gabriel discuter avec le président, essayant de deviner la nature de la conversation par les expressions changeantes sur son visage.

L'appel semblait sérieux. Gabriel parlait rapidement, faisant les cent pas dans la petite allée du jardin. Jordan essayait de rester calme, mais l'inquiétude montait en lui. Après plusieurs minutes qui parurent une éternité, Gabriel revint vers lui, le visage fermé.

"C'était M. Macron. Il veut me voir immédiatement," dit Gabriel, la voix tendue.

"Tout va bien ?" demanda Jordan, cherchant à déceler une lueur de réconfort dans les yeux de Gabriel.

"Je ne sais pas. Il a parlé de certaines rumeurs qui circulent... sur nous," répondit Gabriel, baissant la voix. "Il m'a demandé de le rejoindre à l'Élysée tout de suite."

Jordan sentit son cœur se serrer. "Qu'est-ce qu'on va faire ?"

Gabriel lui prit la main une dernière fois, la serrant fort. "Je vais y aller et essayer de calmer la situation. Ne t'inquiète pas, on va trouver une solution. Mais pour l'instant, on doit rester discrets."

Jordan hocha la tête, conscient de la gravité de la situation. "Sois prudent, Gabriel."

Ils se quittèrent à contrecœur, Gabriel s'éloignant rapidement pour rejoindre l'Élysée. Jordan resta seul dans le jardin, la fraîcheur de la nuit se mêlant à une inquiétude grandissante. Il savait que leur relation allait être mise à l'épreuve comme jamais auparavant.

Au cours des heures suivantes, Jordan retourna chez lui, essayant de se concentrer sur autre chose, mais ses pensées revenaient sans cesse à Gabriel. Il s'inquiétait des conséquences de cet appel, redoutant ce que Macron pourrait dire ou faire.

Quelques heures plus tard, alors que la nuit avançait, Jordan reçut un message de Gabriel : "Je suis avec M. Macron. Je t'expliquerai tout demain. Reste fort."

La politique du coeur (Bardella X Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant