Un silence glaçant régnait. Tous attendaient, avec autant d'impatience que d'angoisse, le signal du commandant. Les soldats, un fusil à la main, prêts à l'assaut et les cavaliers tenant fermement les rênes de leurs montures. Il n'y aurait qu'à franchir la ligne de barbelés, et à se jeter dans la mêlée. Pendant un instant, j'enviai mes camarades restés dans les tranchées.
Soudain, le commandant leva le bras, puis l'abaissa tout en hurlant des ordres. Nous nous mîmes à courir, comme si notre vie en dépendait. L'idée que ce soit pourtant le cas me fit frissonner. Mais je n'avais pas peur. J'était déterminé. Tant qu'à mourir, autant le faire avec courage. Autour de moi, tous tentaient, vainement, de forcer un passage. Soudain, j'entendis un cri triomphant, non loin de là où je me tenais. Oui, enfin, un autre soldat venait, par miracle, de faire une ouverture. Une cisaille à la main, un Allié nous appelait pour passer.
Je franchit, aux côtés de mes camarades, l'indestructible barrière de fer. Notre enthousiasme fut cependant de courte durée ; aux loin, des troupes ennemies nous attendaient. Tous se jetèrent dans le combat. Nous marchions sur des corps, certains vêtus d'un uniforme bleu. Mais ces cadavres avaient déjà péris. Les obus volaient ; sous mes yeux apeurés, j'en vis un éclat transpercer le casque d'un Allié. Aussitôt, la victime explosa. Là où il se tenait avant, le sol était devenu rouge sang, recouvert par ces restes. Soudain, une douleur fulgurante me transperça l'épaule. Je me retournait, et vis un soldat Allemand. A cet instant, je ne fus que fureur. Seul un mot me venait à l'esprit : tuer.
La rage m'emporta ; c'était lui, ou moi. Nous nous battîmes au corps à corps, à l'arme blanche. J'étais fou, tel un fauve resté trop longtemps dans sa cage. Mes poumons s'emplissaient de l'odeur acre des cadavres rongés par les rats. J'étais couvert de sang. Était-ce le mien ? Je l'ignorais. Le mien, ou bien celui de l'ennemi. Le sang battait dans mes tempes. Mon épaule ensanglantée me faisait atrocement souffrir. J'étais rouge, ruisselant, mais je m'en fichais. Je n'étais plus cet ouvrier qui menait une vie saine, tranquille. Non, j'étais un soldat, un fou à lier, qui tentait vainement de survivre dans cette guerre sans fin. J'infligeais des coups puissants à mon ennemi. Soudain, il m'embrocha. Je m'effondrais à demi mort. C'était fini. Je me serais vaillamment battu. Français, je serais mort au combat, mort pour ma patrie. Larmoyant, ensanglanté, je ferme les yeux, pour l'éternité.
Bon bah voilà ; c'est la fin de l'unique chapitre de cette histoire. Il peut y avoir des incohérences historiques (ainsi que des fautes d'orthographe TvT), je vous pris de m'en excuser. Sinon j'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à me faire part de vos avis UwU !