Raven

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Jimmy reconnut la SUV grise qui se pointa devant le portail en fer, il actionna le levier, qui ouvra le portail, et permit à la voiture de s'introduire dans la cour. Il leva sa main en signe de salutation, et deux coups de klaxon lui firent un retour. Le véhicule se dirigea droit devant l'entrée principale du grand manoir, et se gara juste devant les marches. Le chauffeur en sortit, et ouvrit la portière de derrière. Raven Forest sortit du véhicule en remerciant son chauffeur. Il portait un jean denim, une paire de clochard, un col roulé surmonté d'un manteau noir.

-Bon retour à la maison Monsieur ! Lança le majordome

-Merci Marcel. C'est un réel plaisir de vous revoir.

-Sentiment identique Monsieur.

-Voyons Marcel, depuis le temps vous devriez déjà avoir pris l'habitude de m'appeler par mon prénom

-Je sais. Vous me l'avez répété des centaines de fois. Seulement, je préfère m'en tenir au protocole

-C'est tout vous Marcel. Alors, est-il là ? Demanda Raven

-Votre père se trouve dans sa bibliothèque personnelle en ce moment.

-Je me demande bien comment il arrive à garder son rythme de lecture malgré son âge avancé. C'est bizarre !

-De vous à moi, Monsieur, votre père est doté d'un intellect fabuleux, que même le poids de l'âge ne l'empêche pas d'être toujours si brillant.

-Je ne vous le fais pas dire. Je vais le rejoindre, et s'il vous plaît Marcel, faites monter mes affaires dans ma chambre.

-Comme si c'était fait.

Raven entra dans le grand salon du manoir, sourit à la vue de cette maison qui l'avait vu naître il y a vingt et neuf ans. Tout lui était familier dans cette grande maison familiale. Il ferma les yeux, et se laissa aller quelques secondes par cette odeur de peinture qui avait bercé toute son enfance. Rien avait changé, se dit-il, tout était comme il l'avait laissé il y a huit mois avant son départ pour l'Europe. Il longea le couloir, souriant à chaque fois qu'il posait les yeux sur le portrait d'un de ses ancêtres, ses hommes pour qui il vouait un culte ascendant et fier. Il monta les escaliers, et se dirigea vers la bibliothèque personnelle de son père. En fait, il y avait deux bibliothèques dans ce manoir. La deuxième, celle de son père, était composée de mémoires de son grand-père, Augustus Forest, un grand homme de droit et d'histoire qui avait construit une véritable légende autour de son patronyme, sans doute, était-il, le juge le plus réputé de son époque. Et ça, Raven l'avait appris dès son plus jeune âge, mais aussi des livres de philosophes notoires à qui son père vouait de totales éloges, à savoir: René Descartes, Spinoza, Nietzsche, Aristote, Epicure, Leibniz, Sartre et bien d'autres. Et, étant très proche de son père, il avait fini par tous les lire. Les Forest faisaient partie de la haute classe sociale dans le pays, leur nom imposait un énorme respect au sein de la communauté. Et, lui, Raven était le dernier de la lignée jusque là.

Raven frappa deux fois à la porte de la bibliothèque avant de s'y introduire.

-<<Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée>>. Lança son père

-<<Car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume à en désirer plus qu'ils ont en>> René Descartes, Discours de la méthode Répondit brièvement Raven. Bonjour père !

-Et l'enfant prodigue est de retour !

Vincent prit son fils dans ses bras, et lui fit une bise sur le front.

-Alors comment a été ta tournée européenne mon fils ?

-Formidable ! J'ai concrétisé quelques rêves d'enfant. Répondit Raven

-Raconte alors ! Quels endroits as-tu visités ?

-J'ai commencé par l'Espagne, je me suis rendu à Barcelone où j'ai visité la Sagrada Familía, une église dont l'architecte n'est autre que le grand Antoni Gaudi.

-J'en ai déjà entendu parler oui. Dit son père

-Tu devrais la visiter père. C'est un chef d'œuvre digne d'un grand. Son architecture est juste mirifique. Un vrai bonheur aux yeux et aux esprits critiques. C'était un génie cet homme

-Je m'en souviendrai fils

-Ensuite j'ai été à Edinburgh, Amsterdam, Rome, en faisant une escale à Naples, où j'ai eu le plaisir de visiter le stade Diego Maradona. Je dois te dire que les habitants de cette ville vouent presqu'un culte à cette légende du ballon rond. Après avoir assisté à l'opéra de Milan, j'ai mis fin à ma tournée à Dublin, en passant bien sûr par Munich, Londres et Belgrade.

-Je vois que t'as fait de nombreux voyages.

-Tu me connais papa, j'ai du mal à rester à un seul endroit pendant des semaines. Enfin, à part ici bien-sûr, dans notre merveilleuse ville.

-Alors bon retour parmi les tiens mon fils. Ta mère n'est pas encore rentrée. Elle a dû rallonger son séjour auprès de ta grand-mère, cette dernière se sentant un peu faible.

-Pauvre grand-mère, elle a dû mal à aller mieux depuis la mort de grand-père. C'est tellement dur de retrouver le moral quand on perd la personne avec qui on a partagé sa vie pendant des années.

Vincent tapota, deux fois, sur l'épaule de son fils

-Tu sais fils, mieux vaut la douleur de perdre la personne qu'on aime, que la peine de ne pas l'avoir connue. Car, elle a donné un sens à ce bout de fil qui nous sert de vie.

Raven savait que son paternel avait raison. Car, ses parents étaient ensemble depuis quarante ans. Des fois, il se demandait bien comment ils avaient fait pour toujours rester ensemble toutes ces années malgré tous les coups de la vie. Pour lui, le vrai amour n'existait pas, car, se disait-il, on ne pouvait pas aimer quelqu'un de toute son âme. Ces choses-là n'existaient que dans les livres.

Entre NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant