Le Réveil des Échos - Tome 1

Chapitre 4 - Maison

— Que veux-tu dire ?

Il passa sa main sur sa nuque avec un sourire gêné.

— J'ai vu et revu ces souvenirs plusieurs centaines de fois.

Son regard se fit plus lointain, comme s'il se rappelait de douloureux souvenirs. Je me demandais ce qu'il avait vécu pendant tout ce temps.

— Dans chacun de mes souvenirs il ne me semblait pas logique que les parents n'aient pas pu se défendre plus que ça. Maman savait très bien se battre et papa avait étudié la magie. Le seul moyen pour eux de perdre aurait été de se faire prendre par surprise. Mais nous avons tous deux entendu les explosions. Ce qui veut dire que papa combattait mais maman ne se serait jamais fait prendre par surprise. Ils ont donc dû le laisser les approcher.

Ce qu'il disait n'était pas dénué de sens mais un seul détail persistait. Et si en réalité cet assassin était bien plus fort que nos parents ? Et si mon frère et moi avions survécu parce qu'il le voulait ?

— Qu'en penses-tu ?

— Pourquoi sommes-nous encore en vie ? demandai-je sérieusement.

Il fronça les sourcils.

— Selon toi, comment pouvons-nous être là ?

— Eh bien nous étions des enfants innocents. Même un démon aurait pitié de ça.

Mon cœur se serra.

— Tu le crois vraiment, Thalion ? Ou bien tu te raccroches désespérément à quelque chose d'insensé qui te fait croire à un semblant de réponse ?

J'étais dure. Peut-être trop. Je ne savais pas ce qu'il avait vécu. Je ne voulais pas briser ses espoirs de réponse mais il ne devait pas se faire de faux espoirs.

— Ne crois-tu pas que je le sais ? gronda-t-il de sa voix grave à laquelle je n'étais pas encore habituée.

L'espace me sembla soudain plus petit. Je regrettais mes paroles. Je venais de rentrer chez moi, de retrouver mon frère vivant et il fallait que je me dispute avec lui.

L'enthousiasme de son hypothèse s'était dissipé. Après réflexion, il m'avait sans doute dit ça pour me rassurer. Il mit fin à notre conversation.

— Karl doit avoir fini depuis longtemps je vais le rejoindre, finit-il par prononcer lassement. Je vais aussi demander à Yule pour que tu puisses rester. Tu peux te reposer dans mon lit ou venir manger si tu le souhaites. Je t'accompagnerai chercher des affaires demain.

J'acquiesçai triste de cette froideur mais aussi consciente que son hypothèse pouvait s'avérer vraie et qu'il s'agissait sans doute de la raison pour laquelle il avait tenu à aborder le sujet. La porte se referma.

— Il s'en remettra.

Mon visage s'orienta vers la source du son. Je lui fis un sourire contrit.

— Alors tu es contente ? Non, parce que tu n'as pas l'air de quelqu'un qui vient de retrouver un membre de sa famille, s'expliqua-t-il en faisant la moue.

Je regardais devant moi. Le demi-homme m'approcha par devant en faisant quelques pas, sceptique.

— Alors, es-tu heureuse ? redemanda-t-il en appuyant sur chaque mot.

— Oui mais je ne sais pas.

— Tu ne sais pas ou tu ne vois pas ?

Je haussai un sourcil en le regardant droit dans les yeux.

— Qu'est-ce que je ne vois pas ?

Une émotion passa sur son visage. Du regret.

— Si je te le disais, cela ne servirait à rien. Essaie d'abord de découvrir pourquoi est-ce que tu ne te rappelles pas de ce qu'il s'est passé pendant un an et huit mois.