Tides Of Embrace - 𝗰𝘆𝗻𝗲𝗱𝗮

𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦¹

Aizen Stirling - 11h45 - Texas - Dallas.

La perte d'un être cher est une tragédie.

Une tragédie profonde qui laisse un vide immense derrière elle, un si grand vide que la plupart des personnes à qui cette tragédie arrive préfèrent partir aussi, au lieu de continuer à vivre et à profiter de chaque moment présent, de chaque souvenir partagé avec ce même être cher.

Aeon était un petit garçon plein de joie, comme son frère jumeau Alton, qui lui est toujours en vie. Il aimait jouer à des jeux de voitures, faire du vélo, manger des crêpes, mais par-dessus tout, il adorait les bateaux.

En tant que leur grand frère, depuis la disparition d'Aeon, je remets en question chaque jour mes actions passées, repassant en boucle chaque choix effectué. Je suis peut-être triste, c'est quelque chose que jamais je n'avouerai, mais je suis surtout en colère. J'ai une haine en moi qui ne cesse de grandir depuis ce jour, me murmurant que je suis responsable de ce qu'il s'est passé, que tout était de ma faute...

Je regarde autour de moi, et réalise à quel point depuis qu'il n'est plus là, le manoir Stirling a perdu son éclat d'antan. Les murs sombres de l'édifice, jadis empreints de mystères et de richesses, semblent maintenant ternis par son absence. Les colonnes de marbre noir qui encadrent l'entrée imposante révèlent des reflets mélancoliques, reflétant le vide laissé par cette tragédie. Chaque pièce, autrefois pleine de vie, est maintenant imprégnée d'un silence pesant, les mêmes pièces dans lesquelles on pouvait entendre son rire retentir, s'amusant avec Alton. Mais maintenant que j'y suis, c'est comme si les souvenirs eux-mêmes s'étaient assombris. Comme si l'âme du manoir elle-même pleurait sa mort.

Je regarde le mur, assis à mon bureau, me questionnant sur les choix que j'aurais pu faire différemment...

Mes pensées sont brusquement interrompues par un coup distinct à la porte, suivi d'une pause marquée, comme une attente silencieuse. Deux coups rapides résonnent presque immédiatement après, puis un troisième, plus espacé, qui prolonge l'attente, avant qu'un dernier coup ne retentisse, concluant la séquence avec une finalité que je connais trop bien.

— Entre, Desmond.

Lorsque Desmond pénètre dans la pièce, l'atmosphère semble changer instantanément, se contracter, comme si sa simple présence réduisait l'espace à quelque chose de plus intime, de plus oppressant. Sa silhouette imposante, drapée de noir, semble aspirer toute la lumière. Ses cheveux blonds encadrent un visage marqué par les épreuves, chaque cicatrice racontant une histoire de douleur et de survie, la plus visible étant celle qui traverse son œil.

Nos regards se croisent brièvement, et je perçois une vague de culpabilité passer sur son visage, rapidement dissimulée. Il abaisse les yeux, son expression fermée trahissant une honte profonde, comme si sa seule présence dans cette pièce était un rappel des échecs du passé.

- Tout est prêt. Me déclare-t-il d'un ton dénué de toute émotion.

- C'est parfait, merci Des'.

J'ai beau le lui répéter mille fois, la mort d'Aeon n'est en rien de sa faute. La fusillade au manoir qui a entraîné la perte de mon petit frère s'est produite parce que des informations nous concernant ont fuité, des informations qu'il était censé protéger. Seulement, en tant que mercenaire, je savais pertinemment que le fait d'avoir ma famille près de moi et de solliciter de l'aide ne pouvait que mal tourner. Un mercenaire doit agir en solitaire, dans l'ombre, sans identité, et mener une existence cachée...

Au lieu de faire cela comme j'aurais dû, j'ai fait le choix de maintenir mes frères à proximité, de croiser le chemin de Desmond et de décider qu'il demeurerait à mes côtés. J'ai même pris la décision d'employer une femme de chambre, elle m'assiste même dans la préparation de poisons si nécessaire...