CHAPITRE 21

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« Les âmes fortes ont des sentiments bien plus
violents que les autres quand elles sont tendres.»
— Voltaire.




ISABELLA.
Saitama, Japon.
3h47.

Tel un chien errant, je vagabonde dans les rues japonaises vides. Sans aucun but précis, j'avance tout en laissant de fines gouttes de pluie, gelées, tomber sur mes joues rougies par le froid.

La nuit est tombée depuis bien des heures, sans que je ne puisse trouver le sommeil. Ça fait bien des jours que ça dure, mes nuits ne sont que plus cauchemardesques. Un tourment infernal s'est immiscé dans mon sommeil et il n'a pas l'air de vouloir s'en aller.

Que c'est malheureux...

Lorsque les orages cessent, ses mauvais rêves se dissipent en cendres. Lorsque l'aube se lève, je suis incapable de mettre des mots sur ce qui me hante depuis des jours. Je n'en ai aucun souvenir, aucun débris, absolument rien.

Dans ma tête, c'est le néant complet...

Mes cauchemars se dissolvent comme cette brume épaisse régnant dans la ruelle obscure dans laquelle m'égare. Pourtant, la douleur, celle qui étreint mon cœur au lever du soleil me brûle avec la même intensité que le néon éclatant au-dessus de ma tête.

Mes pas résonnent lourdement sur le gravier tandis que les miaulements agressifs des chats errants ne sont que trop forts. Vêtue seulement d'un simple sweat zippé, je viens enroulée mes bras autour de ma poitrine afin de me réchauffer.

Je suis sortie sur un coup de tête, étouffée par les murs de ma chambre d'hôtel qui me martèlent la tête. À force de tourner en rond, assoiffée de sommeil, j'ai fini par m'échapper sans même penser à me couvrir alors je ne porte qu'un vulgaire short avec.

Je me laisse porter par le son d'un train lointain, perdu dans mes pensées. J'observe, sans véritable attention, les ruelles sombres et les amas de neige qui s'accumulent dans chaque recoin. Mon regard s'attarde aussi sur la lignée de cerisier, sans vie ni passion.

Le ciel est sombre et les fleurs sont fanées, ma vie n'est que des plus morose.

Quel tableau de vie sinistre.

Je garde une allure rapide pour m'éloigner de cet hôtel maudit. Pourtant, je demeure incapable de me libérer de ce fléau qui m'accable et pèse lourdement sur mes épaules. Dans un geste désemparé, j'enlace fermement ma poitrine.

Une larme s'échappe malgré moi lorsque je me surprends à désirer la chaleur de ses étreintes. Ma main droite recouvre mes lèvres, presque avec stupeur.

Le souvenir de son sourire surgit dans mon esprit, tel une malédiction. Je m'effondre, impuissante face aux nombreux souvenirs que j'ai enfouis au plus profond de mon être. Ma main glisse lentement jusqu'au centre de ma cage thoracique.

Bon sang, qu'est-ce ça fait mal...

Un sanglot s'échappe alors qu'une douleur écrasante me force à m'accroupir en chemin. Sa voix résonne dans ma tête, me donnant la sensation qu'on poignarde mon cœur en continue.

Je ne suis pas si désespérée par ce besoin d'amour, n'est-ce pas ?

Néanmoins, accroupi au beau milieu d'une ruelle vide, je m'imagine sacrifier l'entièreté de ma carrière afin de le supplier de me prendre dans ses bras. Mes souvenirs et mes sentiments refusent de s'effacer, mon corps endure cruellement le besoin d'avoir son corps, celui de Hayden, collé au mien.

Une étreinte de sa part est comme un besoin vital.

En vain, j'essaie de me persuader qu'il avance sans moi. Je me répète, encore et encore, que je ne suis qu'une image de son passé, qu'il m'a oublié. Pourtant, malgré tout, tout ce que je désire, c'est qu'il me serre contre lui comme si j'étais mourante.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 28 ⏰

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Chuchotement d'un AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant