• Prologue •

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J'espère que ce chapitre vous plaira. Il introduit la situation et le cadre. Le prochain chapitre aura déjà plus d'action !

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Les projecteurs étaient braqués sur eux, les caméras tournant autour du plateau, prêtes à capturer chaque expression et chaque mouvement du débat à venir.

Antenne dans : 3, 2, 1. Action !

Aussitôt, le générique de l'émission s'enclencha. Le débat allait commencer. Assis face à face, Jordan Bardella et Gabriel Attal se toisaient du regard, leurs expressions impassibles pour ne rien laisser paraître du stress qui tentait de les paralyser. Après tout, leurs carrières entières étaient en jeu. Tout comme l'avenir de la France. Leur avenir.

- Bonsoir à toutes et à tous, bienvenue sur France 2, entama la présentatrice avec assurance. C'est le grand débat, l'événement de cette campagne des européennes. Bonsoir Gabriel Attal.
- Bonsoir Caroline Roux, répondit le Premier ministre.
- Bonsoir Jordan Bardella, continua-t-elle en se tournant vers son autre invité.
- Bonsoir Caroline Roux, bonsoir Monsieur le Premier ministre, entonna le président du Rassemblement National, un doux sourire se dessinant sur son visage. Et bonsoir à nos compatriotes qui nous regardent ce soir.
Avec politesse, Gabriel Attal ne put s'empêcher de répondre par un sourire discret.

- Ce soir, ce sont deux ambitions, deux visions de l'Europe qui vont s'affronter et une question : faut-il plus ou moins d'Europe pour faire face aux attentes des Français, pour faire face aux grands enjeux du monde ? Ce débat va durer une heure et quart... annonça Caroline Roux, posant le cadre.

Le débat commença alors, marqué par les mêmes questions récurrentes : le climat, l'immigration, et le pouvoir d'achat. Sur chacun de ces sujets, rien ne semblait rapprocher les deux hommes. En aucun cas ils ne parvenaient à trouver un terrain d'entente, quel que soit le sujet. A chaque argument de l'un, l'autre semblait prendre un malin plaisir, presque pervers, à le démonter en direct devant la France entière. Pour chacun d'eux, l'autre incarnait tout ce qu'il détestait : l'arrogance et le mensonge. Montrer ne serait-ce qu'un signe de faiblesse reviendrait à donner raison à son ennemi, et jamais ils ne se l'autoriseraient.

Ainsi, les coups-bas étaient permis : des pires accusations à la condescendance par excellence, Gabriel Attal arborant un sourire en coin

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Ainsi, les coups-bas étaient permis : des pires accusations à la condescendance par excellence, Gabriel Attal arborant un sourire en coin.

- J'ajouterais, pardonnez-moi, mais troisièmement il a raconté n'importe quoi sur le nucléaire.

Jordan Bardella reconnaissait bien là son ennemi de toujours, persuadé d'avoir réponse à tout, une forme d'élu dont il n'avait jamais voulu. Tout en Gabriel Attal semblait avoir été conçu pour le provoquer, avec son charisme insultant et son assurance.

- Et bien ! Parlons du nucléaire c'est très intéressant parce que ça démontre là votre duplicité, rétorqua le candidat que Gabriel Attal ignora tout bonnement.

Gabriel Attal ignora cette attaque, préférant reprendre quelques instants plus tard avec un ton presque moqueur :
- Aujourd'hui, il y a un droit de veto sur tout, en Europe ? Un large sourire en coin se dessinant sur son visage, comme un loup s'apprêtant à bondir sur sa proie.

Les échanges devenaient de plus en plus vifs, chaque mot soigneusement choisi pour frapper fort. Jordan serrait les poings sous la table, frustré par l'arrogance tranquille de Gabriel qui, lui, arborait toujours son air supérieur pour camoufler une envie d'exploser.

- Quand je vous ai traité de menteur tout à l'heure, vous m'avez dit que j'étais irrespectueux. Scanda le premier ministre quelques instants plus tard.
- Un point partout. Répondit Jordan Bardella, la tête froide, esquissant un sourire rapide et bref.
Gabriel Attal s'appuya contre le dossier de sa chaise, comme satisfait par la réponse qu'il avait entendu.

C'était étrange. Quelque chose d'autre transparaissait dans leurs échanges, quelque chose qu'ils ne semblaient pas vouloir voir eux-mêmes. Derrière chaque argument, chaque réplique, une tension naissait. Cela se confirma après quelques minutes seulement.

- Pardon je vais au bout j'ai... j'ai un peu de... Bégaya Gabriel Attal en voyant son chronomètre.
- Je vous en prie. Répondit Bardella d'une voix grave, la posture légère, ses mains se frottant l'une contre l'autre.
- Nan j'ai un peu d'avance... Fit le premier ministre, bêtement.

Les deux hommes se mirent à rire. Tout à fait spontanément. Pendant ce bref instant, leurs différences et leurs rivalités s'estompèrent. Pendant ce bref instant, leur différents avaient disparus, et la frontière pourtant si gardée qui se dressait entre eux se fissura.

Et si le débat était sur le point de se transformer en... ébat ?

La Frontière entre Nous (Bardellattal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant