Chapitre 11 : La taupe

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Andrew avait réussi. Il était de retour dans le passé à peine cinq secondes après que les scientifiques l'avaient vu disparaître.

— Oh, mais qu'est-ce qu'il se passe ! s'écria le Dr Chang, observant l'écran de surveillance.

— Je n'arrive pas à comprendre la vraie nature de son pouvoir. Il peut se téléporter, c'est bien cela ? demanda le Dr Martinez, l'air perplexe.

— Selon Dr Carl Evans, oui, c'est bien ça ! répondit le Dr Chang, encore sous le choc.

Allongé par terre, Andrew inspira profondément, sentant le sol familier sous lui. Tout autour de lui, les arbres se dressaient majestueusement, leurs feuilles bruissant doucement dans la brise. Le chant des oiseaux et l'odeur de la terre humide le ramenaient à la réalité. Pourtant, il savait que quelque chose en lui avait changé.

Il ferma les yeux un instant, se souvenant des fragments d'images et de sensations qu'il avait vécus dans cet espace intemporel. Le vide blanc l'avait confronté à ses peurs les plus profondes et lui avait montré des visions de ce que pourrait être son avenir. Il comprit alors que ce voyage n'était pas qu'une simple téléportation, c'était une expérience de transformation, une épreuve.

En ayant eu un contact avec son futur lui, Andrew avait accès à tous les souvenirs de celui-ci. Il connaissait le futur, chaque événement qui allait se produire. Les dates des événements tragiques, les actes tristes et égoïstes qu'il réaliserait, bien qu'il ne les ait pas encore commis. C'était comme s'il avait déjà vécu ces moments sans les avoir encore vécus.

Andrew avait également débloqué la conscience de son futur lui, ce qui signifiait qu'il avait accès aux souvenirs de l'Andrew originel. Il se souvenait de son mariage avec Emily, de leur bonheur, et ensuite, de manière dévastatrice, de l'enterrement d'Emily. Il revécut toutes les tentatives désespérées pour la sauver, qui s'étaient révélées vaines.

Il ne se rappelait pas seulement des événements. Il ressentait aussi toute la douleur qu'il avait ressentie, enfin que ses autres versions de lui avaient ressentie. Toute la haine et la colère, toute la tristesse, toute la dépression qu'il avait endurées. Les pleurs, les cris silencieux de désespoir, tout cela l'envahissait.

Andrew se sentait comme s'il avait vécu des vies qu'il n'avait même pas vécues. Les souvenirs et les émotions de ces autres versions de lui étaient ancrés dans son esprit, l'alourdissant avec des expériences qui n'étaient pas vraiment les siennes, mais qui le définissaient désormais. Il savait qu'il ne serait plus jamais le même. 

Andrew était là, allongé par terre, bien qu'il ait encore un peu d'énergie pour se relever, il ne le fit pas. Son cœur était lourd, bourré d'informations et de tristes révélations en un instant. Andrew ne se reconnaissait plus, il ne savait plus qui il était. Il ne se croyait pas capable de sombrer en commettant tous ces actes horribles. Bien que ce soit le lui du futur qui les ait commis, il se sentait étranger à lui-même.

Les bois autour de lui semblaient à la fois paisibles et indifférents à son tourment. Les arbres, imposants et silencieux, semblaient l'observer avec une sorte de calme détaché, comme s'ils avaient été témoins de tant de drames humains qu'un de plus ne faisait aucune différence. Le chant des oiseaux, habituellement apaisant, paraissait maintenant presque ironique, une note discordante face à son désespoir intérieur.

Andrew n'arrivait pas à trouver la volonté de se relever et de se battre. Les souvenirs d'Emily, les actes qu'il avait vus dans les yeux de son futur lui, la douleur et la perte qu'il ressentait, tout cela pesait lourdement sur son âme. Il se rappelait des rires partagés avec Emily, de leurs rêves, et de la douleur lorsqu'ils s'étaient séparés. Chaque souvenir était une lame de couteau dans son cœur, le plongeant plus profondément dans une mer de tristesse.

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