FULL SPEED - Pierre GASLY

The Tears Gala

Je me sentais épuisée. J'avais réussi à dormir un peu pendant le vol, mais ce n'était pas suffisant.

Je regardais mes notifications pour la dixième fois, sans oser lire les messages.

« @ThaliaMoreau t'as pas honte sérieux ? »

« @ThaliaMoreau tu peux pas tous les avoir ! »

« Mais elle sort d'où cette @ThaliaMoreau ? »

« mais c'est vraiment @ThaliaMoreau ? Elle est même pas jolie. »

Lewis devait arriver d'une minute à l'autre, mais je n'étais pas certaine de vouloir voir pourquoi je recevais ces mentions si virulentes.

"Mademoiselle Moreau ?" La voix était rauque, avec un accent américain, donc clairement pas celle de Lewis.

"Oui ?" Je me retournai pour faire face à un homme imposant en costume. Il portait des lunettes de soleil et avait le crâne rasé; le typique agent de sécurité qu'on est censé voir dans les films.

"Suivez-moi, je vais vous conduire à l'hôtel de Monsieur Hamilton."

"Il n'est pas venu ?" Mon ton devait paraître suspicieux car il répondit immédiatement :

"Il a pensé qu'une apparition en public ensemble n'aiderait pas à régler votre... problème."

Il tourna les talons, sûr que je le suivrais, et il avait raison.

Assise dans la berline noire, je pris mon courage à deux mains. Le grand chauve avait déjà mis ma valise dans le coffre et je me décidais à affronter mes notifications.

Je cliquai sur l'une d'entre elles, au hasard, et tombai sur la publication d'un compte nommé "GossipPaddockF1". Un carrousel de photos s'afficha. Sur la première, Pierre et moi étions en train de nous regarder dans les yeux, très proches, le moment semblait intense. Pour l'avoir vécu, il l'était vraiment. Ses yeux, ses lèvres, son odeur, lui si proche de moi... rien que le souvenir m'enivrait. Je passai à la suivante. Cette fois, nous étions en train de nous embrasser. Le baiser semblait chaste, ses mains dans le bas de mon dos, les miennes ballantes. Puis, une dernière photo montrait son corps penché sur le mien, mon dos arqué comme s'il voulait se fondre dans le sien. Mes mains dans ses cheveux tentaient de l'attirer plus près encore, tandis que les siennes dans le bas de mon dos faisaient de même. Nous avions l'air passionnés. Était-ce cela que les autres avaient vu ? Pourtant, j'avais le sentiment que c'était encore loin de la vérité. C'était tellement plus que ça.

Je m'intéressai alors à la description : "source anonyme : la jeune ingénieure Toro Rosso, Thalia Moreau, semble prendre du bon temps loin de son cher et tendre champion du monde, déjà à New York... essaye-t-elle de tous les avoir 🧐? xoxo"

Sans blague ?

Mais qui pouvait être cette "source anonyme" ? Cela ne pouvait être que quelqu'un présent dans cette fameuse pièce, et je pensai directement à ces deux filles. Avec qui je n'avais échangé que quelques répliques acerbes... sans compter que je connaissais au moins un peu tous les autres.

Je décidai d'appeler Pierre, sans vraiment réfléchir à ce que j'allais lui dire. Le problème était que je n'avais pas son numéro. Il était 16h ici, donc à Monaco, il était 22h... Un peu tard pour un appel de courtoisie. Mais, d'un autre côté...

"Allo, Charles ?"

"Salut Thalia, tout va bien ?"

La bonne nouvelle, c'est qu'il n'avait pas l'air endormi.

"Oui, enfin, non, mais..." Je pinçai mes lèvres. "Est-ce que tu pourrais me donner le numéro de Pierre, s'il te plaît ?"

"Oh, oui, bien sûr." Il ne fit pas plus de commentaires, ne posa pas d'autres questions, et m'indiqua simplement qu'il allait me le partager par message. Nous raccrochâmes sans trop de cérémonies supplémentaires.