02 | ESTRELLA & ZEPHYR

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« Des fois, pour ne pas se sentir différents des autres, on utilise le pronom «on» au lieu de «je». »

ESTRELLA


Je n'arrive pas à me rappeler quand est-ce que ça a commencé, et dire que je sais quand est-ce que ça va se terminer serait mentir.

Je sursautai au bruit strident qui venait de briser le silence lourd de cette demeure, et me mis à trembler sachant malheureusement ce qui m'attendait si je restais une seconde de plus dans cette maison.

Je me dirigeais discrètement vers ma chambre, d'un pas rapide mais léger, et tentais de trouver dans la pénombre de la pièce mon portable, ainsi que mon casque Bluetooth ; éléments dispensables mais pas pour moi. Une fois en mains, j'enfilais le casque autour de ma nuque et plaçait mon téléphone dans la poche du sweat à capuche qu'il m'avait donné, d'ailleurs je devrais le retirer et le jeter, voir même le bruler ou le déchirer : mais si je restais une seconde de plus ici, c'est moi qui finirait brulée et mon cœur déchiré -même s'il l'est déjà-.

Sans hésiter, je sautais par la fenêtre et atterrissais parfaitement, comme si je l'avais toujours fait, ce qui est le cas.

Je ne remercierais jamais assez l'architecte de cette maison d'avoir fait ma fenêtre si proche du sol.

Je portais le casque à mes oreilles puis le connectais à mon téléphone avant de lancer ma playlist préférée, Happier Than Ever de Billie Eilish passant en premier.

Je pris une profonde inspiration profitant de ce moment avec moi-même et moi seulement, puis me mis à avancer me dirigeant là où le destin me mènerait.

C'est dans ce genre de moment que j'aimerais être près de ma mère, pas qu'il n'y en ait pas, mais certains plus que d'autres. J'aimerais qu'elle me prenne dans ses bras pour me faire comprendre que tout ira bien, même si ce n'est qu'un mensonge parmi tant d'autres. J'aimerais qu'elle me rassure comme si c'était la seule chose qu'elle devrait faire sur terre. J'aimerais qu'elle prenne ma défense alors que le monde entier est contre moi. J'aimerais qu'elle m'offre l'amour que j'ai toujours voulu et l'attention que j'ai toujours attendu. J'aimerai qu'elle soit en vie et qu'elle voit le cauchemar que je vis depuis qu'elle s'est suicidée.

Je ne sais pas ce qui rend cet événement si tragique : qu'elle soit morte ou que ce soit fait par suicide ?

Quoi qu'il en soit les conséquences restent les mêmes : elle n'est plus de ce monde et a fait du mien un enfer sans le vouloir.

Je ne peux m'empêcher d'envier les personnes ayant une mère en vie, encore plus s'ils ont une bonne relation avec elle, on sous-estime souvent l'effet qu'ont les parents sur leurs progénitures ; un seul faux pas de leur part peut mener à la perte de l'enfant, leur relation avec lui est comme un acrobate en équilibre sur une corde : un seul faux mouvement peut le détruire à tout jamais.

C'est pour ça qu'on dit que tous les enfants méritent des parents mais pas tous les parents méritent un enfant. L'enfant a un besoin majeur d'avoir des parents correctes et aimants, mais ce ne sont pas tous les parents qui peuvent l'être.

Je me figeais suite à la sensation de quelque chose se frottant contre ma cheville, puis souri à moi-même en voyant que ce n'était qu'un chat noir.

Il a un collier, je me demande pourquoi il est dehors en ce temps glacial alors qu'il a un foyer.

Maintenant que j'y pense je ne suis pas si différente de lui.

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