Louna

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-Tu m'en prêtes une ? M'a interrogé une voix familière.

Rafael. Je lui tendis une cigarette de mon paquet et lui allumait à l'aide de mon briquet. Je n'allumais les clopes que pour mes personnes préférées, c'était ma règle d'or.

-Toujours présent pour me taxer, toi ?

-Jusqu'à ta mort, Lou.

-Tu deviens quoi ? Je ne t'ai pas beaucoup vu au Loft, cet été. Je me suis dit que tu avais quitté le pays.

-Ouais, j'étais en vacances la moitié du temps et trop occupé pour aller en boîte, désolé.

-Trop occupé, hein ? Lui ai-je fait en haussant les sourcils.

J'avais rencontré Rafael lors d'une soirée, on avait des potes en commun. Il adorait faire la fête, fumer, boire. Un peu comme moi et nous nous étions tout de suite rapprochés. Il avait dix-neuf ans, soit un an de moins que moi et était en école de commerce. De ce que j'avais compris, sa famille avait pas mal d'influence et il était blindé. Étonnamment, il ne l'avait jamais montré depuis que je le connaissais, sauf quand il prenait des tables VIP en boîte sans même demander le prix avant. Il se préparait à reprendre l'entreprise familiale et m'avait expliqué qu'il avait une pression énorme sur les épaules. Cela ne pouvait pas m'empêcher d'être envieuse. Il n'avait jamais eu à s'inquiéter pour l'argent et il pouvait avoir tout ce qu'il voulait. En contrepartie, il ne choisissait pas vraiment ce qu'il voulait faire de sa vie. Est-ce que l'argent rendait vraiment heureux ? Ce qui était sûr c'était que ne pas en avoir compliquait vachement la vie.

-Oui. Occupé à gérer les affaires familiales, tu sais...

Il m'a lancé un clin d'oeil.

-Gérer les affaires familiales ou un beau mec ?

Il m'a fait les gros yeux. Rafael m'avait avoué, avec deux grammes d'alcool dans le sang, qu'il aimait les garçons. Il avait beaucoup regretté sa confidence mais je l'avais rassuré, cela ne me posait aucun problème, ne me regardait pas et, surtout, je n'allais le raconter à personne. Il était terrifié de cette perspective, aucun de ses proches n'était au courant et surtout pas sa famille. C'était un sujet très sensible d'après ce que j'avais compris. Je pense qu'il avait une famille riche et très conservatrice mais il ne s'est jamais vraiment étalé sur le sujet.

Je lui jetais un coup d'oeil, l'observant à la dérobée. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas vu et il avait un peu changé. Toujours les mêmes cheveux blonds bouclés et des yeux bleus envoutants. Cependant, il avait changé de style, il semblait davantage se préoccuper de son apparence qu'avant. S'il était hétérosexuel, je n'aurais pas hésité une seconde à l'aborder, il dégageait un certain charme qu'il était impossible de ne pas remarquer.

-Ne parle pas trop fort, il y a mon frère qui traîne pas loin.

-Tu as un frère ? Tu ne me l'avais jamais dit.

-Ouais, c'est pas l'amour fou. Et oui, j'ai peut-être rencontré quelqu'un...

-C'est quoi son nom ?

-Jules. On peut l'appeler Ju en public, si tu veux. Ou Julie.

J'ai éclaté de rire.

-Ça marche. J'espère que ça fonctionnera alors, avec Ju.

-À vrai dire, Ju a du mal à accepter que je veuille garder le secret auprès de tout le monde.

J'ai grimacé. Je pouvais imaginer la difficulté de vivre une relation cachée. Et en même temps, Rafael n'était clairement pas prêt à faire son coming-out de sitôt.

Affective AddictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant