Un voyage de durée indéterminée

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Son sommeil ne fut que de courte durée. Le son de la cloche du navire qui retentit sans s'arrêter le fit sursauter. Un rassemblement de l'équipage était en cours sur le pont supérieur. Il s'y précipita alors à toute vitesse. Il avait à peine fini d'enjamber les dernières marches de l'escalier, qu'une voix grave et sévère fit légèrement vibrer les planches qui constituaient le pont. "Mr Brown ! Où est ce qu'étiez vous donc fourré ?" s'écria le capitaine. Cet homme qui portait la perruque Catogan et qui était vêtu d'une veste Hamilton couverte de dorures et de boutons d'argent, était appelé Mr Vasa, il dirigeait toutes les opérations du navire. Ne possédant qu'un seul bras, c'était lui qui avait été choisi par le roi d'Angleterre afin de diriger le HMS Dauntless Guardian, en raison de son incapacité à combattre sur le front. Aucun membre d'équipage ne parvenait a savoir pourquoi cet unibrassiste était ainsi. Pourtant, il remplissait parfaitement ses tâche qui consistaient en partie de faire régner l'ordre sur le navire. "Rangez vous en rangs ! Mr Brown, vous irez déployer la voile centrale en guise de sanction, la brise se lève." William baissa la tête et évita de discuter. Puis, il alla rejoindre ses camarades, où chacun tentait de se faire une place parmi les rangs a moitié formés. Ce rassemblement avait été ordonné afin de faire connaître les informations principales de l'expédition à l'équipage. Vasa conduisit donc l'entièreté de son équipage dans la cale où une carte des mers les attendait. Ici, l'obscurité régnait autour des lanternes qui dansaient au rythme des flots faisant tanguer le navire. L'odeur de bois et de poudre à canon se mêlaient et des rats traversaient le passage au détour du regard des matelots, se dirigeant vers les réserves de nourritures. "Et maintenant", s'exclama le capitaine, "voici comment nous allons élaborer notre surveillance des mers." dit il en allumant une bougie qu'il plaça sur un coin de la carte à l'aide d'un bras. De ce fait, malgré son handicap, il parvenait très bien à manipuler toute sorte d'objets avec une aisance incroyable. Comme si son membre n'était déjà plus là depuis longtemps... Il dû bien continuer une heure à parler de sa volonté d' "assurer une protection irréprochable" de l'Angleterre. Il appuya son explication sur la carte qui était étendue sur la table. Un véritable circuit était tracé entre plusieurs îles du nord de l'Angleterre, formant une boucle afin de monter la garde. Plusieurs arrêts étaient programmés permettant de se ravitailler en vivres et d'assurer la protection des villes alentour. Les îles Féoré, longer la Norvège, l'île Jan Mayen, le Groenland, l'islande ; le voyage ne sera pas de tout repos... "Le tour sera bouclé en trois mois" affirma le capitaine. "Mais nous continuerons de monter la garde tant que nous ne recevrons pas indication du contraire." Un léger brouhaha naquit aux derniers mots du capitaine. Les matelots, inquiets de ne jamais revoir leur famille, débattaient sur leur chance de survie. Lorsque le capitaine reprit la parole, le brouhaha se tut subitement. "Quant à vous" dit-il en levant les yeux vers son équipage, "il vous faudra honneur et persévérance. A partir d'aujourd'hui, je compte sur chacun d'entre vous pour faire vivre le navire. Débarquez avec fierté aux couleurs de notre pays sur chaque morceau de terre, affrontez vos tâches avec courage et gardez la tête haute en toute circonstance afin de bénéficier ainsi de la reconnaissance de notre patrie et de notre famille qui nous attend dans chacune de nos maisons." Le discours du capitaine Vasa prouva son attachement et son patriotisme pour son pays, ainsi que la présence d'un cœur dans sa personne. Il expliqua aussi le déroulement de la répartition des tâches à bord. "Chaque matelots aura un rôle attribué qui tournera chaque semaine." Annonça t-il. "Gabiers, timoniers, canonniers, fusiliers... Vous tournerez tous de façon équitable." "Quelle étrange organisation pour un bâtiment militaire" pensait William. Mais rapidement, l'équipage regagna son poste. William, dernier du rang, fut interpellé une deuxième fois en posant son pied sur la première marche. "Quant à toi Brown", s'écria le capitaine, "tu connais déjà ton rôle". Il se contenta de répondre par un "oui monsieur" et regagna le pont supérieur. Ici, les matelots étaient disposés en file indienne devant la porte de la cuisine du bateau, chacun sa gamelle à la main. William les rejoignit. "Alors Brown ? j'espère que t'as pas le vertige ?" lança un membre du groupe. Sa question fut accompagnée d'un léger rire de la part de l'ensemble du groupe. Puis il récupéra son pavé de poisson et suivit les autres afin de le déguster dans ce qu'on pouvait appeler "les quartiers" de l'équipage.

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