Samara

𝐼𝐼. 𝒰𝓃𝑒 𝒻𝑒𝓂𝓂𝑒

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𝒮𝒶𝓂𝒶𝓇𝒶

— Ils veulent m'utiliser, crachai-je en tirant furieusement sur le tissu de ma robe coincée sous ma semelle.

— Si cela s'avère vrai, tu devrais le prendre comme un honneur, répliqua Olan après avoir arraché un raisin de la grappe qu'il secouait entre ses doigts.

Après la réunion, mon frère et moi nous étions réfugiés dans la salle de banquet, virant les domestiques pour discuter en toute intimité. Une longue table en bois massif orné de chandeliers en or remplissait les lieux. Des tapisseries brodées sur les murs contaient les maintes légendes et batailles de notre Royaume. Le plafond était incrusté d'éclats d'or scintillants.

— Un honneur ? En quoi serait-ce un honneur de servir de pion ?

— C'est pour le bien du Royaume.

J'expulsai un rire amer et m'installai à l'extrémité de la table.

— Le bien de Royaume ? Depuis quand est-ce qu'on m'inclut dans les décisions pour le bien du Royaume ?

— Samara, tu en fais des tonnes ! souffla Olan en roulant des yeux. Tu veux toujours aller à contre-courant.

— Je n'ai aucune envie de me marier au premier venu ! Samael n'a qu'à épouser le Roi de l'Est, lui.

Mon frère faillit s'étouffer avec un raisin et me fit signe de parler plus bas.

— Sérieusement, qu'est-ce qui te prend ? Tu savais que la question du mariage se poserait un jour ou l'autre. Tu ne vas pas rester jeune fille toute ta vie.

— Pourquoi est-ce que tu fais semblant de ne pas comprendre ?

Olan se rapprocha de moi et inclina la tête sur le côté pour mieux analyser mon visage. Ses boucles brunes retombèrent avec grâce sur son front.

— Ton cœur est déjà pris ?

Je haussai un sourcil avec dédain et répliquai :

— Peut-être.

Mon frère prit aussitôt mon visage en coupe.

— Tu es ma petite sœur, je tiens à toi. Ne fais rien de stupide, Samara. Tu sais que père et mon oncle ne t'épargneront pas.

Résignée, je baissai les yeux me libérai de son emprise. Au même moment, mon oncle Zarek entra dans la salle.

— Que se passe-t-il ? Vous n'avez pas apprécié la charmante réunion ? se moqua-t-il en voyant nos airs refrognés.

Je l'interceptai alors qu'il s'apprêtait à prendre une grappe de raisin dans la corbeille en or remplie de fruits, posée sur la table.

— Mon oncle, dis-moi la vérité, commençai-je.

— Ma nièce, mes frères me donnent assez d'ordres comme ça, grimaça-t-il en tapotant avec affection sur ma tête.

Je croisai les bras sous ma poitrine et le laissai passer pour qu'il puisse accéder aux fruits tant convoités.

— ­Mon père veut m'utiliser pour l'alliance, n'est-ce pas ?

Zarek plongea la grappe dans sa bouche d'un geste désinvolte avant de renifler.