Je n'en ai gardé que de vagues souvenirs de ce soir-là... Des souvenirs de moi, désorientée, courant à travers les couloirs de la maison à la recherche d'une issue possible.
Une épaisse fumée emplissant l'air d'une odeur âcre de bois brûlé et de plastique fondu enveloppait les lieux, me brûlait les yeux et compressait mes poumons.
Le bruit de ma respiration saccadée était mêlé à celui des coups de feu et des cris qui résonnaient autour de moi et que mes mains plaquées sur mes oreilles tentaient d'étouffer en vain.
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Je revoyais encore les immenses flammes déchaînées se propager de plus en plus rapidement, dévorant tout sur leurs passages, ne me permettant bientôt plus d'accéder aux sorties.
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Dehors, des hommes lourdement armés, vêtus de combinaisons noires et de masques à gaz, encerclaient la maison où j'étais née, grandie jusque-là.
L'obscurité qui enveloppait les lieux m'empêchait d'apercevoir clairement le motif rouge qu'ils avaient tous sur le dos.
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Je me souvenais encore de l'instant d'après, caché dans une vieille cabane au fond du jardin, n'ayant aucune idée où trouver mes parents ni ma soeur ou encore le reste de ma famille .
Mon reflet apparaissait sur un miroir poussiéreux dont la partie haute était brisée. Ma robe rouge était déchirée et couverte de boue tout comme l'étaient mes ballerines.
Mes deux couettes étaient défaites et mon visage ainsi que mes mains recouverts de cendre.
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Soudain, des bruits de pas écrasant l'herbe sèche du jardin m'alertèrent.
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Les pas devenaient de plus en plus audibles tandis que je fouillais dans les vieux cartons, à la recherche de quelque chose pour me protèger.
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je saisis une grande paire de ciseaux que j'avais trouvé par terre et déchirai la partie basse de ma robe qui ne cessait de me faire trébucher.
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Les mains tremblantes et les jambes flageolantes, je me recroqueville derrière un carton en retenant mon souffle et serrant la paire de ciseaux fort contre moi.
Chaque bruit de pas qui résonnait dans la cabane était comme un coup de tonnerre dans ma poitrine tandis que mon cœur battait la chamade.
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Tout est ensuite allé très vite...
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Le carton derrière lequel j'étais caché avait été propulsé violemment à travers la pièce.
La seconde d'après un homme masqués me surplombait de toute sa hauteur, son pistolet pointait vers mon front.
Impuissante, je le regardais m'arracher les ciseaux des mains.
L'homme retira son masque à gaz et se pencha vers moi, ses grandes mains tendues prêtent à me saisir.
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J'étais pétrifiée, incapable de bouger...
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Mais la peur et mon instinct de survie commençaient à prendre le dessus sur moi.
Sans même réfléchir je saisis une bombe d'insecticide qui traînait au sol et je la vidais dans les yeux de l'homme sans hésitation.
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Un cri de affreux semblable à celui de l'étranglement d'un animal emplit la pièce.
Marmonnant des injures et des menaces à travers ses gémissements, l'homme Se lança à ma poursuite.
Une main couvrait ses yeux qui ne lui permettaient plus de voir et l'autre tendue, lui permettait de tâter les cartons à ma recherche.
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Je couru aussi rapidement que me le permettaient mes jambes.
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Je trébuchai à cause des cartons près de la sortie et quelque chose me tomba sur la tête.
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J'avais mal, je ne savais pas si je saignais .
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Ma mémoire semble défaillante car mes souvenirs sont brouillés après ça.
Je ne me rappelle plus que de moi, courant désespérément dans le jardin.
Les yeux rivés sur la maison derrière moi, engloutie par des flammes chatoyantes dont les teintes chaudes et orangées illuminaient l'obscurité de la nuit.
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Xander •°
AcciónÉden, une jeune fille, menait une vie simple et paisible avec sa famille loin de la ville et de ces vices. Mais le jour de son huitième anniversaire, sa vie chamboule à jamais. Alors que la journée s'annonçait comme toutes les autres, des plus ordi...