Un nouveau jour s'éveillait sur Forks, baigné dans une grisaille familière. Les lourds nuages semblaient suspendus au-dessus des cimes des arbres, mais une lueur d'espoir perçait à travers les branches comme une promesse silencieuse. Jaci ouvrit les yeux, son corps encore engourdi de fatigue après une nuit éprouvante à l'hôpital aux côtés d'Ephraïm et Charlie. Malgré tout, un sentiment de détermination renouvelée la poussait à se lever. Aujourd'hui, elle devait reprendre le chemin du lycée.
Après une douche rapide et des vêtements enfilés à la hâte, elle s'approcha de son frère encore endormi. Elle déposa un baiser léger sur son front avant de saluer Charlie, qui restait à l'hôpital pour veiller sur lui. "Je reviendrai dès que les cours seront terminés," dit-elle, sa voix résonnant d'une promesse sincère.
"Prends soin de toi," répondit Charlie avec un sourire fatigué, ses yeux reflétant l'inquiétude qu'il essayait de dissimuler.
Emmett l'attendait déjà dehors, adossé nonchalamment à sa Jeep, un sourire bienveillant aux lèvres. Il ouvrit la portière pour elle sans un mot, son regard exprimant plus de sollicitude que n'importe quel mot aurait pu. "Ça va mieux ?" demanda-t-il finalement, brisant le silence alors qu'elle montait dans la voiture.
"Oui, je pense," murmura-t-elle. "Merci de m'emmener."
"Pas de problème, c'est toujours un plaisir," répondit-il avant de démarrer. Le trajet vers le lycée se déroula dans un calme apaisant, Emmett laissant volontairement l'espace dont elle avait besoin après une nuit si difficile.
À leur arrivée, Alice les attendait déjà à l'entrée, toujours rayonnante, comme si aucune ombre ne pouvait jamais ternir sa bonne humeur. "Salut vous deux ! Comment ça va ?" lança-t-elle avec enthousiasme.
Jaci esquissa un sourire timide en se dirigeant vers son casier, entourée de ses amis. Les cours du matin se succédèrent, le flot d'informations défilant sans vraiment laisser de traces dans son esprit. À la pause, elle rejoignit à nouveau Emmett et Alice. Jasper et Rosalie ne tardèrent pas à les rejoindre, leur présence marquée d'une attention inhabituelle.
"Comment va ton frère ?" demanda Rosalie avec une douceur inattendue dans la voix, un contraste saisissant avec son habituel détachement.
"Il va mieux," répondit Jaci avec un mince sourire. "Les médecins disent qu'il est sur la bonne voie."
"Bonne nouvelle," acquiesça Jasper, ses yeux scrutant discrètement les émotions changeantes de la jeune humaine. Il semblait concentré, tentant de réguler les vagues d'angoisse qu'il percevait en elle.
Jaci se sentait pourtant submergée, un besoin pressant de partager la douleur qu'elle avait longtemps gardée pour elle seule. Elle inspira profondément, cherchant la force de parler. "Ephraïm a une maladie rare et incurable," dit-elle, la voix tremblante. "Notre mère en est morte. C'est génétique. Les médecins disent que je pourrais la développer aussi, mais elle n'a pas encore fait surface chez moi. Mon frère, lui... il n'a que douze ans. D'habitude, cette maladie commence vers 20 ou 25 ans, mais chez lui, c'est arrivé beaucoup plus tôt."
Un silence lourd tomba sur le groupe. Alice posa une main réconfortante sur l'épaule de Jaci, ses yeux débordant de compassion. "Je suis désolée, Jaci. Ça doit être tellement dur pour toi."
Jasper ferma brièvement les yeux, submergé par la douleur de Jaci qu'il percevait si intensément. "Tu n'es pas seule, Jaci. Nous sommes là pour toi."
Emmett, toujours un peu en retrait, s'approcha et lui prit doucement la main. "On va trouver un moyen de t'aider, toi et Ephraïm. Tu fais partie de notre famille maintenant."
Rosalie, d'habitude si réservée, se pencha vers Jaci, sa voix douce et sincère. "Tu es incroyablement courageuse. Ephraïm a de la chance de t'avoir."
Jaci sentit ses yeux se remplir de larmes, touchée par leur soutien. "Merci... vous n'avez pas idée de ce que ça signifie pour moi."
La cloche annonçant la reprise des cours mit fin à ce moment de tendresse. La journée reprit, mais le soir venu, l'hôpital décida de laisser Ephraïm sortir. Son état restait toutefois critique. Charlie, inquiet, avait pris contact avec un grand-oncle qui vivait dans une ville éloignée, où les traitements médicaux étaient plus avancés. Cet oncle avait accepté de prendre en charge Ephraïm, dans l'espoir de lui offrir une meilleure chance de guérison.
Ce fut avec un nœud au cœur que Jaci prépara les affaires de son frère pour ce long voyage. Chaque vêtement plié était un rappel douloureux de l'absence imminente. Les Cullen étaient restés à ses côtés, silencieux mais présents, respectant son chagrin tout en lui offrant une chaleur réconfortante.
"Tu as fait tout ce que tu pouvais pour lui," murmura Alice, posant doucement une main sur l'épaule de Jaci. "Il est entre de bonnes mains maintenant."
"Je sais," répondit Jaci d'une voix brisée, les larmes au bord des yeux. "Mais c'est tellement dur de le laisser partir."
Emmett, toujours à proximité, ajouta doucement : "Il est un battant, tout comme toi. Il reviendra plus fort, et nous serons là pour toi à chaque instant."
Après avoir fini de ranger les dernières affaires, Jaci s'assit sur le lit, regardant la chambre soudainement vide sans la présence de son frère. Elle murmura à elle-même, comme une prière silencieuse : "Il reviendra."
"Oui, il reviendra," répondit Emmett, sa voix pleine de conviction.
Les Cullen restèrent avec elle jusqu'à tard dans la soirée, essayant de lui changer les idées en partageant des histoires, de petites anecdotes qui apportaient des sourires malgré la douleur. Leur présence l'aidait à supporter cette épreuve, et pour la première fois, Jaci se sentit moins seule.
Fatiguée mais apaisée, elle finit par s'allonger, épuisée. Emmett, dans un geste protecteur, s'installa à ses côtés, lui servant d'oreiller humain. Sa chaleur la réconforta, la berçant dans un sommeil profond et réparateur. Avant de sombrer complètement, elle murmura : "Merci d'être là, Emmett."
"Je serai toujours là," répondit-il tendrement, resserrant son étreinte.
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