II

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       La fin de l'été est arrivé bien vite elle aussi. Debout dans ma chambre, devant ma valise ouverte sur le lit, je termine de plier mes vêtements avec soin. Chaque pièce de tissu que j'ajoute à cette valise semble peser lourd de souvenirs. Je prends une grande inspiration, essayant de me rappeler de tous les moments que j'ai passés ici. Les rires, les pleurs, les jeux. Cet été a été incroyable. Je me suis amusée avec les enfants, savourant chaque instant, chaque sourire. Nous avons exploré les bois environnants, fait des pique-niques et des parties de cache-cache interminables. J'ai aussi profiter de mes dernières semaine de travail dans l'épicerie de Monsieur Cho, lui disant aussi au revoir. C'est étrange de penser que ce chapitre de ma vie se termine aujourd'hui. Enfin, pour le moment. Qui sait, je serais peut-être de retour plus vite que prévu.
J'attrape la photo de ma mère et moi qui trônait sur ma table de chevet depuis tout ce temps. Je la regarde, souriant, mélancolique.
Aller. C'est une nouvelle aventure, pas vrai?
Si tu as pu tout quitter pour une nouvelle vie, je dois être capable de le faire aussi.

Je ferme ma valise avec un soupir et regarde une dernière fois ma chambre. Chaque coin, chaque objet a une histoire. Le lit où j'ai pleuré tant de fois en silence, les murs où j'ai accroché des dessins faits par les enfants, le bureau où j'ai étudié et rêvé. Tout cela, je vais le laisser derrière moi. J'ai un pincement au cœur, mais je suis impatiente de voir ce qu'il m'attend maintenant.
Je me dirige vers la porte, mon cœur battant la chamade. Je traverse les couloirs de l'orphelinat, chaque pas résonnant comme un adieu. Les murs me semblent plus étroits, comme s'ils tentaient de me retenir une dernière fois. Je passe devant les salles de classe, la bibliothèque, la cuisine où Madame Cho prépare toujours des plats réconfortants. Je me souviens des longues nuits passées à discuter avec elle, de ses conseils, de ses encouragements.

Quand j'arrive dans le hall, une surprise m'attend. Tous les enfants sont là, leurs visages illuminés par des sourires chaleureux. Ils sont contents pour moi, mais je vois aussi des larmes dans certains yeux. Étant moi même à deux doigts de pleurer. Ils savent que je vais leur manquer autant qu'ils vont me manquer.

- Ezekiel ! crie une petite voix, et je vois Min-jun, le plus jeune, courir vers moi avec un dessin à la main.

Je m'accroupis pour être à sa hauteur et il me tend son œuvre, un dessin de nous deux sous un grand soleil.

- C'est pour toi, pour que tu n'oublies pas, dit-il en reniflant. Je l'ai fait pendant notre dernier cours d'art.

- Merci, Min-jun. Je ne t'oublierai jamais, dis-je en le serrant dans mes bras.

Madame Cho et les éducateurs sont là aussi, souriant avec fierté. Ils me disent que je mérite cette chance, que je vais réussir, que je suis spéciale. Des mots classiques mais qui me touchent profondément. J'ai grandi parmi ces gens comme si j'étais dans une grande famille. Et je leur en serait toujours reconnaissante.

- Tu vas nous manquer, Ezekiel, dit Monsieur Min en essuyant une larme. Mais nous savons que tu vas vivre ta meilleure vie là-bas.

Je suis très émue, essayant de contenir mes propres larmes. C'est un mélange de tristesse et de joie, un au revoir qui laisse un goût doux-amer. Les enfants me donnent des dessins, des petites notes, des souvenirs à emporter avec moi que je range précieusement dans mon sac. Enfin, il est temps de partir. J'attrape à nouveau ma valise et salue tout le monde chaleureusement, les larmes roulant sur mes joues. Et finalement, je quitte les murs de l'orphelinat, lançant un dernier regard en arrière.

Éther. K.THOù les histoires vivent. Découvrez maintenant