6.L'Ombre de Vincent

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With Or Without You - U2

Point de vue Gabriel...

Cela faisait maintenant six semaines depuis l'incident, et ces semaines avaient été éprouvantes à bien des égards. Vincent, le mari de la femme que j'avais accueillie chez moi, avait été libéré faute de preuves, ce qui me semblait non seulement injuste mais aussi profondément frustrant. La justice semblait hors de portée, et cela pesait lourdement sur nous tous.

Elle n'avait pas souri depuis son retour de l'hôpital. Chaque jour, je la voyais lutter avec ses peurs et ses souvenirs, son visage marqué par la douleur physique et émotionnelle. Les plaques en métal dans sa mâchoire semblaient peser sur son esprit autant que sur son corps, affectant même son apparence physique alors qu'elle perdait du poids à cause des difficultés à manger.

Pourtant, cette dernière semaine avait été différente. Elle avait commencé à faire des efforts, même si cela lui coûtait énormément. Progressivement, les coins de ses lèvres s'étaient relevés de nouveau, redonnant vie à un sourire qui avait été si longtemps éteint. C'était un signe d'espoir, fragile mais palpable, dans notre lutte pour sa guérison, à la fois physique et psychologique.

Elle avait également retrouvé la capacité de parler. Au début, cela avait été difficile, ses mots s'embrouillaient parfois, mais elle s'accrochait avec une détermination impressionnante. Chaque jour, je l'entendais prononcer des mots de plus en plus clairs, retrouvant progressivement la fluidité de son langage. C'était comme si chaque syllabe articulée était une victoire sur les ombres du passé qui la hantaient.

Je la regardais avec admiration et une profonde affection. Son courage face à l'adversité était inspirant, et chaque petit progrès était une victoire partagée. Je savais que le chemin vers la guérison complète serait long et difficile, mais nous avancions ensemble, pas à pas. 

Je m'étais efforcé d'être présent pour elle, offrant mon soutien silencieux mais constant. Parfois, cela signifiait simplement écouter ses silences, respecter ses moments de réflexion et lui assurer que j'étais là, sans conditions ni jugement. D'autres fois, c'était l'encourager doucement à continuer à avancer, même lorsque les défis semblaient insurmontables.

Voir sa résilience et sa force intérieure commencer à briller à travers les ténèbres de son passé m'inspirait profondément. Elle était en train de se reconstruire, lentement mais sûrement, et je me sentais honoré de pouvoir être un petit fragment de lumière dans son chemin vers la guérison.

Jongler entre mes responsabilités de Premier ministre et ma vie personnelle n'était pas une tâche facile. Être Gabriel Attal impliquait des journées chargées et souvent éprouvantes, mais c'était un engagement que j'assumais avec détermination et responsabilité. En parallèle, ma vie personnelle n'était pas toujours un long fleuve tranquille.

Des articles de presse sortaient régulièrement, spéculant sur la nature de ma relation avec la femme que j'hébergeais et avec qui je partageais des moments de café. La presse aimait dépeindre notre relation comme celle d'un couple, ce qui était loin de la réalité. Mon engagement envers elle était celui d'un soutien et d'une protection dans une période de détresse, pas celui d'une relation amoureuse.

Chaque fois que je lisais ces articles, je ressentais un mélange de frustration et de résignation. Je devais constamment naviguer entre ma vie publique et cette sphère intime que je m'efforçais de protéger autant que possible. La vie privée des personnes impliquées méritait d'être respectée, surtout dans des moments aussi vulnérables et personnels.

Ma priorité était de veiller à ce qu'elle se sente en sécurité et soutenue, non seulement physiquement mais aussi émotionnellement. Être un point d'ancrage dans sa vie était une responsabilité que j'acceptais avec humilité, conscient des défis et des embûches qui se dressaient devant nous.

Chaque jour, je me rappelais que mon rôle était de l'aider à traverser cette épreuve, de lui offrir un refuge contre les tempêtes qu'elle avait traversées. Peu importait ce que disaient les médias ou ce que les gens pensaient, mon engagement était clair et inébranlable : être là pour elle, jusqu'à ce qu'elle retrouve la paix et la stabilité dans sa propre vie.


J'étais assis dans le canapé, une série diffusée à la télévision sans vraiment attirer mon attention. J'étais plongé dans mes pensées, préparant mentalement un discours important, lorsque j'entendis des pas légers dans la cuisine suivis d'un "Bonjour" prononcé fort. Je répondis distraitement, levant à peine les yeux de mes notes.

Elle se fit un café et vint s'installer à côté de moi, jetant un regard outré vers l'écran.

"Tu ne m'as pas attendu pour regarder la suite!" s'exclama-t-elle avec une fausse indignation.

Je ricanais, secouant la tête. "Ne t'inquiète pas, je ne regardais pas vraiment. Ça me sert juste de bruit de fond. Je suis surtout concentré sur le discours que je prépare," expliquai-je en désignant les papiers éparpillés autour de moi.

Elle haussa un sourcil, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres. "Ah, je vois. Le Premier ministre trop occupé pour les séries."

Je souris en retour, appréciant cette légère boutade. Malgré les circonstances difficiles, elle faisait des efforts pour retrouver une certaine normalité, et ces petits moments de légèreté étaient précieux. Ils offraient un contraste apaisant avec les défis auxquels nous faisions face quotidiennement.

Elle prit une gorgée de son café, puis se pencha légèrement vers moi, regardant mes notes. "Tu veux de l'aide pour ton discours?" demanda-t-elle, curieuse.

J'hésitai un instant avant de répondre. "Pourquoi pas. Un avis extérieur pourrait être utile."

Elle sourit et nous commençâmes à discuter des idées pour le discours, ses observations apportant une perspective nouvelle et rafraîchissante. Travailler ensemble sur quelque chose de constructif nous rapprochait et nous permettait de partager un moment de complicité.

Notre dimanche s'était écoulé à une vitesse folle. Le soir était déjà tombé et T/P était en cuisine, préparant le dîner. J'étais assis sur une chaise de bar à côté d'elle, un verre à la main, profitant de l'apéro et de sa compagnie.

"Oignons ou pas, Gaby?" demanda-t-elle en levant un oignon devant moi, une lueur de malice dans les yeux.

Je souris en prenant une gorgée de mon verre. "Oui, mettons des oignons. Ça ajoute toujours un peu plus de saveur."

Elle hocha la tête et commença à découper l'oignon avec une précision experte. La cuisine se remplissait doucement de l'odeur alléchante des ingrédients en train de mijoter. Nous continuâmes à discuter de tout et de rien, partageant des anecdotes et des rires.

"Tu te souviens de la première fois que j'ai essayé de cuisiner pour toi?" dit-elle soudainement, un sourire nostalgique se dessinant sur ses lèvres.

Je ris en me souvenant du chaos qu'avait été cette tentative. "Comment oublier? Le feu d'alarme s'est déclenché et on a fini par commander une pizza."

Elle éclata de rire, les larmes aux yeux. "Oui, c'était mémorable. Mais regarde-nous maintenant, on est devenus des pros."

"Absolument," approuvai-je en levant mon verre pour un toast improvisé. "À notre progression culinaire."

Nous trinquâmes et continuâmes à discuter, créant ainsi une ambiance chaleureuse et détendue. Ces moments de simplicité et de camaraderie étaient devenus essentiels pour nous deux, offrant une pause bienvenue dans le tourbillon de nos vies souvent compliquées.


La Politique Du Coeur [GABRIEL ATTAL X READER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant