Voici la musique qui m'a inspiré ce premier chapitre. À écouter pendant la lecture. :)
" #19 - Aphex Twin "Une heure du matin. Un réveil plutôt précoce après une courte et douce nuit, la marijuana de la veille ne me permettait pas de rêver et cela rendait mes nuits moins effrayantes. En réalité j'ai toujours eu peur du noir, petit j'avais une veilleuse, jusqu'à mes quinze ans. Elle me permettait de toujours me sentir en sécurité, comme si le manque total de lumière pouvait créer en moi une instabilité émotionnelle, un peu comme si ce bout de lumière qui finalement représenté une légère partie de la chambre, était là pour me chuchoter à l'oreille - ne t'inquiète pas, je suis là. Je n'ai jamais vraiment été seul, du moins j'étais toujours accompagné mais je crois qu'on peut être à la fois accompagné et seul. La journée je ne manquais pas d'interactions sociales, j'aime discuter, autour de bières légères en alcool, pourtant si nombreuses, j'aime jouer à n'importe quel type de jeu qui pourrai combler cet enfant de 10ans toujours un peu présent en moi. J'aime le monde qui m'entoure. Quand est-il du monde qui m'entoure lorsque je me retrouve seul, sur mon lit dans le noir, avec toujours cette petite lumière, qui cette fois ci est représenté avec un peu plus de maturité. Non je n'avais plus de veilleuse à l'âge de vingt ans, mais l'épisode de Brooklyn 99 que je n'écoutais d'une oreille avait finalement le même but. Je m'y suis plus, dans cette idée ou je ne pouvais dormir paisiblement dans le noir complet. Bien évidemment, il m'était impossible de dormir avec la lumière allumée. Alors après quelques temps, mon introspection régulière et acharnée me permettait de mettre des mots, sur cette fameuse peur du noir. J'ai très vite compris que je n'étais pas atteint de nyctophobie. Mes allers-retours dans le noir complet pour aller fouiller dans le frigo et récupérer deux, trois yaourts au sucre de canne n'était pas du tout un moment de stress ou de panique, au contraire je trouvais ça marrant de faire ça dans le noir. Non ce n'était pas ça, je pense que ce moment fatidique où nous sommes à un fil de ne plus avoir conscience, cet instant où nous sommes le plus vulnérable était pour moi, dirigé par la lumière. Du moins par le sens que je mettais sur ce mot et sur celui de l'obscurité. Cette absence constante de lumière avait une emprise sur la direction de mes pensées. Elles étaient alors, sombre, maussade, parfois désabusé ou même encore cynique. Je ne pouvais pas les contrôler et seul le sommeil avait la force de les arrêter. Je reste humain, alors forcément que je finissais par tomber de fatigue, mais j'aurai préféré ne jamais eu avoir besoin d'en arriver jusque-là pour simplement trouver le sommeil.
Finalement la lumière ne devenait plus suffisante, elle n'avait plus le même effet qu'étant jeune. C'était de plus en plus dur. Les nuits devenaient plus longues et le décalage se créa, je me couchais si tard et je me réveillais si tard que les jours étaient devenus plus courts. Je me perdais ainsi dans cette conquête de lumière à travers un train de vie qui s'obscurcissait jour après jour. Mais l'espoir renaissait en moi, dès la rencontre de cette étoile filante, qui était pour moi devenu une source infinie de lumière. Elle était belle et lumineuse. Très vite nos vies ne faisaient plus qu'un. Nous nous voyons tous les jours, puis nous finissons par vivre ensemble. Je l'aimais pour sa personne mais je l'aimais encore plus pour ce qu'elle représenté à mes yeux. Elle était là lorsque la nuit tomba, sa peau contre la mienne me permettait d'être au chaud et de ressentir une présence. Elle représentait ces fameux chuchotements que je pouvais parfois ressentir à l'époque - ne t'inquiète pas, je suis là. Pourtant, un beau jour elle ne l'était plus. Cette étoile filante qui à mes yeux prenait un temps fou à disparaître, finissait par disparaitre. Je ne pouvais pas m'en plaindre, c'était de ma faute. Le premier soir fut si difficile que je ne puis dormir et qu'au beau matin, je fis un choix. Je pris mon globe et un stylo. Je mis mes doigts sur le globe, levis la tête, respira un grand cou et tourna brusquement ce globe. J'attendis 8 longues secondes et pointa mon stylo. Svalbard, un archipel norvégien situé dans l'océan Arctique. Je ressentis le besoin de partir vite, je pensais que c'était le choix le plus logique. De toute façon je n'avais que deux choix, disparaître de cet endroit bien trop obscure, ou bien disparaître dans cette même obscurité.
Une semaine plus tard, j'étais arrivé à l'Archipel du Svalbard, plus précisément Longyearbyen, vers seize heures. Je n'avais pris que très peu d'affaires, certains de mes livres préférés, un jeu de cartes, quelques pantalons et caleçons, des chaussettes épaisses que je portais parfois à noël et surtout quatre énormes doudounes. Je m'attendais sincèrement à vivre dans un igloo avec comme seul activité la pêche. Mes connaissances culturelles sur cet endroit étaient totalement à revoir. J'avais été accepté pour une collocation, dans un beau petit quartier de maisons aux couleurs vives, rouge, vert, jaune. La mienne était bleu. J'adore le bleu. L'hôte avait étrangement accepté ma proposition de collocation très rapidement, mais il savait cuisiner le poisson comme personne. Oui, il m'avait accueilli avec un immense plat de poisson. J'avais finalement raison pour le poisson, ils n'ont que ça à la bouche. J'étais fatigué et le décalage horaire m'a sans ma permission, foutu dans le lit à dix-neuf heures. Je venais de prendre une lourde décision, alors les pensées m'envahissait sans pour autant être dérangeante. C'étaient des sortes de réflexions, plutôt positive sur l'avenir, l'espoir quant à trouver enfin, cette douce nuit. J'étais optimiste.
Une heure du matin. Voilà maintenant cinq heures que je réfléchissais sur mon avenir tout en regardant une émission sur les poissons dans une langue que je ne connaissais pas. Alors je me levai, j'étais toujours optimiste donc je commençai à marcher, avec assurance et détermination, dans ma chambre dans l'attente d'une douce nuit. Elle n'était pas grande, donc je tournis vite en rond et l'oppression commença à s'installer. Le manque d'espace, et le manque de lumière pris de plus en plus le contrôle sur mes pensées. Instinctivement j'allumai la lumière de ma chambre. Ce n'était pas suffisant. Mes pas commençaient à raisonner, mes pensées quant à elle débordaient, par-dessus moi et commençait à me noyer. Quand, d'un coup, mon colloc norvégien ouvra la porte. Il était de Norvège, cela faisait 10 ans qu'il avait emménagé ici. Nous parlions en anglais et chacun plutôt bien. Alors je partis dans une explication complètement sordide sur tout ce qui tourne autour de cette peur du noir. Choqué et apeuré il me marmonna qu'il ne comprenait rien. Perdu entre les pensées qui me submergeaient et ma total incapacité à expliquer tout cela de manière normale, j'eus après un long silence, deux mots - scare, night. Il me regarda, repris son calme, souri et commença à ouvrir le volet. Directement je me suis dis - est-il aussi fou que moi ? Quel était l'intérêt d'ouvrir ces misérables volets bleus à cette heure-ci de la nuit. Mais à la seconde ou je voyais les traits de lumières prendre la totalité de la pièce en otage, je sautais dans ces bras. Je le voyais dans un premier temps comme un sauveur, un dieu de la nuit, ou bien ce marchand de sable qui devait soi-disant venir lorsque je n'arrivais pas à dormir petit. Puis, après quelques secondes intenses en surprises, je pris le temps de réfléchir. Je vérifiai s'il était bien une heure du matin et pas de l'après-midi, car là, je serai vraiment passé pour un fou mais mon sauveur m'expliqua qu'ici, pendant trois mois, la nuit n'existe pas. Je le remerciai et lui demanda de me laisser seul un instant et que j'aimerai discuter de ces jours sans nuit avec lui demain. Je voulais profiter pleinement de cette chance, en pensant qu'à n'importe quel moment je pourrai mourir et que rien n'allait m'empêcher de profiter de cet instant ne serait-ce qu'une seule seconde. Je fermai la porte de ma chambre, je mis la chaise fasse à la fenêtre, m'asseyait et contempla la vue. C'était un lac, d'un bleu resplendissant avec autour de la neige, si blanche qu'on pourra la croire invisible et qu'il n'y avait finalement qu'un lac. Le soleil était brutal mais reposant, il était comme une énorme main qui étrangement vous caresser de manière extrêmement douce. Les rayons du soleil permettait á chaque coin du paysage de s'exprimer de manières égales. Tout était lumineux, tout était parfait. C'était sécurisant, j'étais enfin sécurité. Je fermai les volets et m'allongea. Dans le noir complet. Aucunes émotions négatives me traversaient l'esprit. Il faisait peut-être sombre dans ma chambre, mais à l'extérieur je savais que la lumière était présente. Elle continua de me dire - ne t'inquiète pas, je suis là pour toi. Puis chaque jour, je m'endormais, paisiblement, dans le noir tout en me réveillant à une heure du matin. C'était devenu une habitude, de me lever, de mettre la chaise face à la fenêtre, de prendre une grande inspiration avant d'ouvrir les volets, de m'asseoir et de contempler cet éblouissant horizon.
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Étranges balades sonores
Short StoryLorsqu'une musique décide de prendre le contrôle de mes pensées, les notes deviennent des mots. Les douces et belles voix décident de me montrer le chemin d'une histoire. Moi, ou bien un autre, mes émotions ou celles des autres. Dans tous les cas, j...