Attention, du sang est mentionné.
Le vent, autrefois si accueillant, griffait leur visage. Leur robe noire s'accrochait à leur peau, essayant de les ralentir. La terre capricieuse adoptée par une pluie nocturne leur arrachait l'équilibre de leurs pas. Pourtant, cette nature était l'hôtesse d'un silence miséricordieux. Seule leur respiration effrénée se faisait entendre alors qu'elles couraient sur la plage comme des diables.
Sa gorge brûlait, ses jambes s'épuisaient, mais Cordélia ne s'arrêtait pas. La seule chose à laquelle elle pensait était ses sœurs. Pendant les kilomètres qu'elles avaient parcourus, cette pensée n'avait jamais quitté son esprit.
Elle entendit vaguement Nesryn lâchait une injure lorsque son pied glissa sur la boue qui s'était accumulée cette nuit. Mais elles continuèrent de courir jusqu'au sanctuaire, priant pour que les dieux n'aient pas joué à un énième jeu cruel.
Cordélia sursauta lorsque le ciel gronda, des lances lumineuses perçant les nuages. Caelestis leur envoyait-il un message ? Un avertissement ? Une prière ou des condoléances ? Elle secoua la tête, souhaitant se concentrer sur ce qui lui importait réellement, le sanctuaire.
Cordélia ralentit légèrement alors qu'elle s'approchait des escaliers en pierre menant à la somptueuse entrée de leur maison. Des statues élogieuses de leur mère, Meeri, était placée de chaque côté de la grande porte ornée de dessins dorés. La montée des marches fut douloureuse, chaque pas marqué par une appréhension soudaine et pesante.
Cordélia essayait tant bien que mal de reprendre sa respiration, sa poitrine montant et descendant. Elle pouvait sentir sa gorge se nouait.
Nesryn était la plus proche de la porte, à seulement trois pas. Pendant ce court laps de temps, ce maigre espoir et cette paix sommaire, Cordélia pria tous les dieux qu'elle connaissait, ses parents, Caelestis, dieu du ciel, Magna, déesse de la Terre, Enid, gardien du Neirali ou encore Irene, déesse de la paix. . .
Elle fut ramenée à la réalité par le son grinçant de la porte que Nesryn poussait, les lèvres tremblantes. Elles rentrèrent l'une après l'autre, terrifiées par ce qu'elles allaient trouver. La première chose qui frappa Cordélia fut le silence, le vide. Elle n'entendait pas de chuchotements, pas de prières. Elle n'entendait rien.
Pendant un instant succinct, elle crut avoir perdu l'ouïe, jusqu'à ce qu'elle entende Nesryn étouffait un sanglot. Cordélia aurait voulu lui dire quelque chose, que tout allait bien, que ce n'était qu'un hasard. Mais l'odeur obsédante qui les accompagnait durant leur traversée ne fit que renforcer leurs craintes.
Elle tremblait de partout. Cordélia était incapable de réfléchir correctement alors qu'elles s'approchaient de la salle des prières. Cette fois-ci, elle fut celle qui ouvrit la porte d'un geste incertain. Nesryn s'accrochait à elle comme une bouée, peut-être espérait-elle se libérer d'un cauchemar. Cordélia ne savait pas. Elle ne savait plus rien.
Elles s'aventurèrent dans la salle des paroles volées, des croyances éternelles. L'une comme l'autre percevait le manque de lumière. Les bougies avaient été éteintes et les nuages empêchaient la lumière d'entrer.
Cordélia n'avait avancé que de quelques mètres lorsqu'elle se sentit perdre l'équilibre et tomber par terre. La douleur lui était insignifiante, alors qu'un liquide chaud imprégnait le tissu de sa robe faisant son chemin sur sa peau blanche.
Tout d'un coup, l'odeur de tout à l'heure revint, agressant ses narines. Prise d'un haut-le-cœur, Cordélia plaqua sa main sur sa bouche, ravalant la bile qui la torturait.
Nesryn n'était pas dans une meilleure position. Les lèvres tremblantes et ses mains certainement glacées étaient placées sur son ventre, essayant de calmer l'horreur qui la traversait. Elle arriva cependant à aligner quelques mots.
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Seraphine
FantasyPour la plupart des hommes, les Seraphines étaient un mythe, un fantasme ou encore des paroles envolées. La légende racontait qu'elles avaient un lien directe avec l'espace et le temps et que le bandeau qui masquait leurs yeux leur permettait de voi...