Chapitre 1

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Paris, 18éme arrondissement
6 octobre 2002



KENDRICK RAMIREZ

Je me réveille lentement, la tête encore lourde, et je mets quelques secondes à comprendre où je suis. Le plafond blanc au-dessus de moi, la lumière du matin qui traverse doucement les rideaux... Ce n'est pas chez moi. Ce n'est pas une planque, ni un squat miteux. Tout ici est propre, simple. Trop paisible.

Je bouge un peu et la douleur dans mon flanc me rappelle la nuit d'hier. Merde... La blessure. Je me souviens maintenant. La pluie. Le sang. Et cette fille... Christina.

C'est flou, mais je revois son visage, cette expression inquiète quand elle m'a vu tituber sous l'averse. Un sourire en coin se forme sur mon visage en repensant à elle. Je ne sais pas pourquoi, mais elle est venue vers moi. « Vous allez bien ? » Je ne me souviens même pas de ce que j'ai répondu, ou si j'ai répondu. Tout ce que je sais, c'est que la douleur était insupportable. J'étais à deux doigts de m'effondrer. Et puis, elle m'a attrapé, m'a ramené à l'intérieur de son petit salon. Elle aurait dû fuir, me laisser là. Mais non, elle m'a aidé.

Je me redresse un peu dans le lit, grimaçant. Mon flanc me fait encore mal, mais c'est supportable. Je baisse les yeux et vois que la blessure a été proprement bandée. Elle a vraiment pris soin de moi. Un simple inconnu.

Un putain d'ange dans cette ville de merde.

Mon esprit repart dans le flash de la veille. Ses mains qui travaillaient sur ma plaie, ses gestes précis. Je me rappelle avoir essayé de la prévenir. « Je ne suis pas une bonne personne, Christina. » Elle n'a même pas bronché. Juste un sourire tranquille, comme si ça n'avait aucune importance. Elle m'a dit que tout le monde mérite d'être aidé quelques que soit ce qui il ou elle a pu commettre. Est-ce que c'est vrai ? Peut-être pas pour moi...

Je secoue légèrement la tête pour chasser ces pensées et me force à sortir du lit. Mes pieds touchent le sol froid. Je suis encore un peu faible, mais j'y arrive. Je jette un coup d'œil autour de la pièce. Rien de bien luxueux, juste des meubles simples, mais il y a une chaleur ici. Ce genre de chaleur que je n'ai jamais connue, que je ne mérite probablement pas.

Je me dirige lentement vers la porte, essayant de faire le moins de bruit possible. Je ne veux pas qu'elle sache que je suis déjà debout. En passant par l'embrasure de la porte, mes yeux tombent sur elle, assise dans son petit salon, qui est aussi sa cuisine. Elle est là, sur ce canapé minuscule, enroulée dans un vieux plaid, endormie. J'hésite. Elle n'a même pas pris son lit. Merde...

Je m'approche un peu plus, mais avant que je puisse m'en empêcher, le plancher grince sous mon poids. Christina bouge légèrement et se réveille. Elle se redresse en se frottant les yeux, puis me voit. Et ce sourire. Ce putain de sourire, apparaît sur son visage.

— Bonjour, dit-elle d'une voix douce, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde, comme si elle avait oublié que  j'étais un mec blessé qu'elle a ramassé dans la rue..

— Salut, je réponds maladroitement, mal à l'aise de me retrouver là, dans son espace, après tout ce qu'elle a fait pour moi.

Je me frotte la nuque, cherchant quoi dire. Rien ne sort. Et elle, elle continue de sourire comme si tout allait bien.

— T'as bien dormi ? me demande-t-elle.

Je hausse les épaules, encore un peu sur la défensive.

— J'ai connu pire. Et toi ?

𝐄𝐌𝐁𝐑𝐀𝐂𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant