T1.Chapitre 34 - Premier contact, première mission

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Mia

— Répète les règles ! exige sèchement Aleksander.

Qu'il est lourd quand il s'inquiète !

Mais c'est sexy ?

Oh, mille fois oui !

— Si je me sens en danger, je glisse « rouge » dans une conversation. Si Binson veut m'attirer hors du restaurant, je refuse et quand tu me l'ordonneras, je te retrouve à l'étage, récité-je avec dédain, ce qui l'agace et me fait rire.

Le resto possédait une chanteuse. Néanmoins, la mafia a su se montrer persuasive pour qu'elle me cède sa place en échange d'un gros chèque. L'entretien n'a été qu'une formalité et j'ai déjà performé deux soirs, mais Binson n'était pas présent. Cependant, j'ai vu sur les réservations du jour qu'il y sera et probablement avec le chef du gang. Le patron est plutôt sympa, le pianiste qui va m'accompagner également. Je n'ai pas beaucoup d'appréhension pour ce soir, puisque je sais que je dois seulement faire en sorte que Charlie me remarque.

— Tu dois établir un premier contact, c'est ton unique mission, répète Aleksander. Et s'il te touche, je l'envoie dans nos mines !

Suis-je saine d'esprit de trouver excitant le fait qu'il profère de telles menaces ?

Je ne crois pas. Cependant, qu'il souhaite me protéger, envers et contre tout, me donne terriblement envie de lui sauter dessus, et ne pas pouvoir me pèse. Or, je ne peux pas non plus le violer, n'est-ce pas ?

— Ne t'inquiète pas, le rassuré-je du mieux que je peux. Je vais y arriver et je ne prendrai pas de risques inutiles.

L'appréhension durcit ses traits et approfondit sa cicatrice. Je me mords les lèvres sous le poids du désir que je lui porte.

— Cesse de me dévorer des yeux.

— Je ne fais rien, réponds-je suavement en l'effleurant.

— Continue et je t'arrache cette robe somptueuse !

— Oh, mais faites, cher Prince.

Le provoquer m'amuse grandement. La lueur bestiale qui flamboie dans son beau regard attise ma ferveur.

— Il faut que j'y aille, indiqué-je d'un ton las.

Nous sommes sur le parking du restaurant, qui fait aussi office d'hôtel, depuis plusieurs minutes et je dois me rendre en coulisse pour m'échauffer avant la prestation. Je tiens à accomplir mon travail et je dois avouer que j'ai hâte de pouvoir chanter de nouveau. Siffloter sous la douche ou pour le plaisir du Prince n'est pas pareil que de se produire devant un public, et cela me manque.

— Malheureusement, acquiesce-t-il en vérifiant l'heure sur l'horloge de la voiture.

Nous nous sondons encore un instant et sourions comme des adolescents. Aleksander fixe mes lèvres avec grand désir, la fièvre au corps il brise le silence :

— Je crève d'envie de t'embrasser.

Ce qui est terrible, c'est que moi aussi.

*

Mon entrée sur scène est acclamée par la foule. Les projecteurs rendent justice à cette splendide robe sirène bleue pailletée, qui met en valeur chacune de mes courbes. Mes cheveux sont ramenés sur un côté, ce qui laisse un bel aperçu du bustier et de mes tatouages.

Une fois le silence revenu, je m'incline et balaie la pièce du regard. Ma cible est au bar sur ma droite. Même si j'ai vu d'innombrables photos de Binson, ses traits sont assez reconnaissables et ils portent la noirceur de son âme.

Furtivement, je jette un coup d'œil en hauteur où se dessine la silhouette imposante du Prince. Des salons donnent sur la salle dans laquelle je me produis. J'apprécie l'ambiance chaleureuse et luxueuse de cet endroit. L'ensemble de la pièce est décoré avec des tons or et émeraude qui se marient à la perfection et le bar est d'un bois acajou magnifique. Un immense lustre en cristal pend de ce second étage, nous véhiculant l'impression d'être dans le Titanic.

En espérant qu'on ne coule pas !

Le pianiste commence à jouer. J'entame une chanson de jazz, très belle et douce, que je n'ai pas l'habitude de chanter, toutefois peu complexe à apprendre. Pour éveiller l'intérêt des clients, et surtout de Binson, je pousse un peu, enchaîne des vibrations maîtrisées, monte dans les aigus et descends dans les graves avec fluidité.

Ma performance fait des miracles et la cible ne peut plus détacher son attention de ma personne.

Jackpot !

Aleksander me félicite et me rappelle de rester concentrée. Évidemment, durant toute ma prestation j'ose un regard ou deux vers Charlie, afin d'aviver sa curiosité, et ma stratégie porte ses fruits. Lorsque je me commande un verre après ma prouesse, le patron vient me complimenter, puis c'est au tour de Binson.

Je joue mon rôle à la perfection. Aleksander et Yian ont insisté sur le fait qu'il aimait les écervelés qui le font se sentir tout puissant.

Complexe de la petite bite ?

C'est fort probable ! Même si je n'ai aucune envie de le vérifier.

— On pourrait se retrouver demain soir pour discuter de tout cela ? suggère-t-il d'un air pervers.

Ce connard se fait passer pour un grand producteur de musique qui travaille à Paris, là où je suis censé rêver d'aller. Je joue le jeu à fond et accepte sa proposition. Il me serre la main pour sceller notre accord et embrasse le dos de celle-ci.

Je lui souris de toutes mes dents, me forçant à rougir d'embarras. Enfin, j'essaie en tout cas, car j'ai juste envie de vomir sur ses chaussures hors de prix.

Il repart, aussi vite qu'il était arrivé, auprès du chef de gang qui me lorgne sans aucune gêne. Je me sens souillée et mise à nu, c'est immonde ! Je rêve de retrouver mon Prince pour oublier ma rencontre avec ces sales types !

Hélas, si je partais immédiatement, ce serait suspect. Alors je prends mon mal en patience, fais dos à Binson et son comparse pour apprécier le talent du pianiste qui entame un solo.

— Cette robe te met beaucoup trop en valeur, chuchote Aleksander d'une voix rauque.

Je commence à affectionner cette oreillette. J'ai la sensation qu'il est juste à côté de moi.

— Mais ça me rend fou que ces connards puissent te mater outrageusement !

Il dit si peu de gros mots que cela me déroute. Depuis que je lui ai fait la tête et qu'on ne se touchait plus, il a développé un grand sens de la jalousie qui attise mes ardeurs. J'aime sa possessivité. Il ne m'étouffe pas et je me sens en sécurité.

Tout est complètement dingue et les choses sont bien trop rapides, j'en ai conscience. En peu de temps, nous nous sommes profondément attachés l'un envers l'autre. La faute à cette proximité forcée que cette mission nous impose. Le retour à la normale me terrifie, car je n'ai pas envie de perdre ce lien tissé.

— Tu sais, tu seras le seul à pouvoir me retirer cette robe après, le défié-je.

Je souris comme une débile et cache le mouvement de mes lèvres avec mon verre de martini blanc pour ne pas me faire griller.

J'imagine très bien sa tête lorsque je lui rappelle qu'il est le seul qui puisse me toucher, et je mords violemment ma langue pour m'éviter de rire aux éclats quand Yian se manifeste pour nous gronder.

Je me fiche pas mal de ce que les autres peuvent penser de moi. Je sais que rien n'est malsain entre lui et moi. Il ne profite pas de mon statut de prostituée et je ne joue pas de mes charmes pour le piéger.


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La mission promet ;)

J'espère que ce chapitre vous aura plu, laissez -moi une petite étoile pour me le faire savoir :) (et commentez si vous le désirez)

RADUCHKA T1 (terminé), T2 (en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant