Chapitre 3

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Les jours passaient et l'angoisse de Jessica ne faisait que grandir. Chaque soir,elle redoutait le moment où Pascal entrerait dans sa chambre, apportant aveclui une nouvelle vague de terreur. Les cris et les coups étaient devenus uneroutine macabre, mais ce qui terrifiait le plus Jessica, c'étaient les momentsoù son père semblait perdre toute notion de réalité. Un soir, alors que Pascalavait encore bu plus que de raison, il pénétra dans la chambre de Jessica d'unemanière encore plus menaçante que d'habitude. Les gestes devenaient plusinsistants, et la peur de Jessica se transforma en une panique glaciale. Il yavait des attouchements qu'elle ne comprenait pas mais qui la faisaient sesentir sale et brisée. Cette nuit-là, quelque chose changea en elle. Elle sutqu'elle devait trouver un moyen de mettre fin à cet enfer. Le lendemain,lorsque Pascal partit travailler, Jessica trouva le courage de chercher del'aide. Elle avait vu des émissions à la télévision où des enfants en dangerappelaient la police. Elle ne savait pas si elle pourrait parler, mais elledevait essayer. Le cœur battant, elle prit le téléphone de son père et composale numéro d'urgence. La sonnerie résonna dans l'oreille de Jessica comme unécho interminable. Enfin, une voix féminine répondit : "Police secours,quelle est votre urgence ?" Jessica ouvrit la bouche, mais aucun son nesortit. Elle essayait de parler, de dire ce qui se passait, mais les motsrestaient coincés dans sa gorge, bloqués par la peur et la honte. Aprèsquelques secondes de silence, la voix au bout du fil reprit : "Allô ? Ya-t-il quelqu'un ?" Jessica ferma les yeux, rassemblant tout son courage."Je... je me suis trompée de numéro," réussit-elle finalement à dired'une voix tremblante avant de raccrocher précipitamment. Elle se sentait plusdésespérée que jamais. Elle avait échoué à demander de l'aide. Cette tentativeavortée la hanta toute la journée. Elle savait qu'elle devait parler àquelqu'un, mais chaque fois qu'elle essayait d'en parler à sa tante Marie oumême à Clara, les mots semblaient disparaître, remplacés par une peurparalysante. Elle ne voulait pas causer plus de problèmes, et surtout, elleavait peur des représailles de Pascal. À l'école, Clara remarqua que Jessicaétait plus silencieuse que d'habitude. "Jessi, ça va ? Tu as l'airtriste," dit-elle en posant une main réconfortante sur son épaule. Jessicase força à sourire. "Oui, ça va," mentit-elle. Mais Clara n'était pasconvaincue. Elle savait que son amie traversait quelque chose de terrible, mêmesi elle ne comprenait pas exactement quoi. Cette nuit-là, Pascal recommença.Jessica, toujours pétrifiée, comprit qu'elle ne pouvait plus restersilencieuse. Elle devait trouver une autre solution, un autre moyen de sesauver elle-même. Le lendemain matin, elle se rendit à l'école avec unedétermination nouvelle. Elle approcha son enseignante, Madame Lefèvre, unefemme douce et attentionnée. "Madame, est-ce que je peux vous parler?" demanda-t-elle timidement. Madame Lefèvre, remarquant la détresse dansles yeux de Jessica, hocha la tête. "Bien sûr, Jessica. Viens, allonsparler dans mon bureau." Jessica suivit son enseignante, les mainstremblantes. Une fois assises, elle prit une grande inspiration. "Monpapa... il me fait des choses... des choses mauvaises," réussit-elle àdire, les larmes coulant sur ses joues. Madame Lefèvre, choquée mais gardantson calme, prit la main de Jessica. "Je suis là pour t'aider, Jessica. Tun'es plus seule." La confession de Jessica marqua le début d'un processuslong et douloureux, mais essentiel pour sa sécurité. Madame Lefèvre contactaimmédiatement les services sociaux et la police, et une enquête fut rapidementouverte. Pascal fut arrêté et Jessica fut placée sous la protection de sa tanteMarie. Pour la première fois depuis longtemps, Jessica sentit un poids se leverde ses épaules. Elle savait que le chemin vers la guérison serait difficile,mais elle n'était plus seule. Avec l'aide de Clara, de sa tante et de tous ceuxqui l'entouraient, elle pourrait commencer à reconstruire sa vie, un jour à lafois.

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