(002) : canins complices

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Une semaine s'est écoulée depuis ma rencontre avec Jeongguk. Je n'ai pas osé lui envoyer de message, par manque de courage. Alors, j'ai décidé de le voir en personne, en pensant que ce serait plus facile. Cela n'a aucun sens, mais l'idée de recevoir un râteau ou de me faire rejeter par message me donne des nausées.

Le vent glacial caresse mes joues alors que je me tiens devant le bâtiment en verre abritant le cabinet d'avocats prestigieux où travaille Jeongguk. Le bruit feutré de mes pas résonne dans le hall élégant du cabinet. Mes pensées s'entrechoquent et mon cœur martèle une mélodie discordante dans ma poitrine.

La porte du bureau de Jeongguk s'ouvre lentement ⎯ après avoir demandé mon chemin à la secrétaire ⎯, révélant un espace immaculé où la lumière tamisée accentue son aura mystérieuse. Ses yeux, perçants et scrutateurs, se lèvent pour me rencontrer, et dans cet instant, le temps semble suspendu.

Il est habillé d'un col roulé noir et d'un pantalon à pince de la même couleur. Il se tient là, devant moi, un homme dont le charisme professionnel rivalise avec l'éclat d u soleil dans le ciel nocturne.

― Taehyung, murmure-t-il, son ton empreint d'une résonance à la fois familière et étrangère. Je ne m'attendais pas à te revoir.

Je pouvais sentir les fissures dans ma propre assurance alors que je tentais de maintenir la façade que j'avais si soigneusement construite au fil des années.

― Désolé, je n'ai pas trouvé le courage de t'envoyer un message.

― Pourquoi ?

― Je ne sais pas, j'avais peur que tu aies changé d'avis, ou... J'en sais rien.

Il me fixe. J'ai l'impression qu'il ne fait que ça : me fixer, m'observer, essayer de me déchiffrer.

― Si je n'avais pas envie que tu me contactes, je t'aurais pas donné ma carte.

Il m'offre un léger sourire en s'appuyant contre son bureau. J'avance timidement vers lui, en jouant nerveusement avec l'élastique autour de mon poignet. Ses yeux se verrouillent sur ce geste, et il s'approche. Ses doigts effleurent délicatement mon poignet avant qu'il ne prenne l'élastique et l'utilise afin d'attacher ses cheveux en un petit chignon, tout en laissant quelques mèches dépasser.

Je ne sais pas quoi dire, alors je me contente de le fixer.

― Tu es libre demain ?

Il organise les quelques feuilles éparses sur son bureau.

― Je termine mon service vers 17h, pourquoi ?

― On pourrait manger quelque chose ? J'ai un procès à 12h30, mais je devrais être libre pour 15h, si ça te convient ?

La chaleur envahit mes joues si rapidement que je m'en étonne moi-même. Je sens mon cœur s'emballer à chaque seconde qui passe.

― O-Ouais, ça serait bien.

― Parfait. Je viendrai te chercher à 15h30 chez toi ou à ton lieu de travail. Tu travailles dans quoi, au fait ?

― Dans un café, pas loin de ton cabinet.

― Coffee Bloom ?

Il pose la question en se servant un verre de whisky. Je hoche la tête, mais décline l'offre d'un verre avec un signe de main.

― Je prends toujours mes cafés là-bas.

― Ah bon ? Je ne t'ai jamais vu, pourtant.

― Parce que c'est ma secrétaire qui les prend pour moi.

𝙈𝙀𝙏𝘼𝙉𝙊𝙄𝘼 ; 変容Où les histoires vivent. Découvrez maintenant