✶ 𝟎𝟏. 𝐀𝐦𝐢𝐭𝐢𝐞 𝐟𝐫𝐚𝐠𝐢𝐥𝐞.

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MATTEO JAIRO CALLOWAY
Juillet, 1996.

"And when I grow up, I'm gonna look up
From my phone and see my life"

garden song - phoebe bridgers

✎ᝰ.

La journée se termine enfin, alors que les portes du lycée se referment pour cet été.

    C'était notre dernier jour en tant que première année. Et cela fait bientôt six mois que j'ai rencontré Ange. Sa présence m'est toujours d'une grande aide quand mes démons sont à mes trousses.

     La seconde année sera un peu plus compliquée, mais on s'y habituera, tant qu'elle sera avec moi. J'ai prévu de suivre des spécialités dans le programme des langues étrangères, tandis que mon amie se contentera de son projet d'art visuel pour le reste de sa scolarité.

    A première vue, de son air enjoué avec ses pommettes rondes. On pourrait croire qu'elle se situe dans les matières scientifiques. Mais lorsque nous entamons un sujet sur une question de science, une grimace tord ses lèvres.

C'est Ange quoi.

Je suis tellement contente que tu viennes dormir pour la première semaine des vacances ! s'exclame Ange, sautillant à mes côtés, un grand sourire aux lèvres.

     Le bonheur qu'elle partage envahit aussi mes poumons et arrache de ma bouche un rire sincère. Elle déambule avec allégeance sans pour autant manquer de s'emmêler les pinceaux de ses Docs Martens personnalisés avec des nœuds roses. Son énorme baggy ne lui facilite pas la tâche pour marcher.

Moi aussi, je suis content, Ange, lui ai-je fait savoir.

     J'ai accepté de dormir chez elle car ma mère travaille de nuit, en tant qu'infirmière. C'est rare que je dîne avec ma mère sans qu'elle ne débite sa dure journée quand elle est présente. Et en ce moment même, je suis persuadé qu'elle râle contre des patients capricieux ou se plaint avec ses collègues en disant que son fils lui manque.

Evidemment que je lui manque.

Cette pensée me fait sourire de plus belle.

Et elle me manque aussi.

      Je me cale également au rythme de ma meilleure amie, trottinant mes Converse sur le bitume. On progresse dans l'allée et croise des passants plus ou moins âgés que nous.

       Des chats errants sont de passages quand l'excitation de Ange est à son paroxysme. Son cri aigu pourrait faire fuir les autres animaux du quartier sauf ces félins qui accueillent Ange avec grâce.

    Le sac sur une de mes épaules, j'adopte une attitude discrète à l'égard du chat et de Ange, qui s'est accroupie pour caresser le pelage noir du minet. Ce dernier s'attarde sur sa paume, et ensuite sur le revers.

J'ai envie de l'emmener avec moi, susurre-t-elle. Mais mon frère n'aime pas les chats, il est chiant.

     Mes sourcils se froncent. Pour la première fois elle évoque son frère, du moins, en ma présence elle ne prononce jamais son nom. Mais son regard vide, centré sur les poils du minou, traduit une certaine irritation.

— Ton frère ? répété-je, sonnant comme une remarque.

      Ses doigts glissent machinalement sur le dos du chat, en haussant les épaules, elle est vaguement intéressée par ma personne et ma curiosité.

𝓟𝐑𝐄𝐓𝐓𝐘 𝐎𝐍 𝐇𝐈𝐌Où les histoires vivent. Découvrez maintenant