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<3

Jordan

Je suis assis à mon bureau, le regard perdu dans le vide. Les documents et les dossiers s'entassent autour de moi, mais mon esprit est ailleurs. Je pense à Stella. Elle ne sait pas que j'ai été forcé de participer à ce baiser avec Marion. Le poids de ce secret me ronge, comme une plaie ouverte qui refuse de cicatriser.

Je revois sans cesse cette soirée. Les lumières vives de la soirée. Puis, ce moment précis où Marion s'est approchée de moi, son regard insistant et calculateur. Je savais ce qui allait se passer, je l'avais anticipé, mais l'impact émotionnel en fut dévastateur.

Je n'oublierai pas les onces de colère, de douleur, de trahison dans ses yeux. Dans sa loge. Chaque émotion se reflétait dans ses yeux comme dans un miroir brisé.

La vue de Paris s'étend devant moi, majestueuse et indifférente. Les toits de la ville, les lumières scintillantes, tout semble étrangement déconnecté de mes préoccupations intérieures.

Je repense à nos discussions, nos désaccords politiques, et surtout à ce que j'ai ressenti en la voyant lors du débat. Ce mélange de colère et de tristesse dans ses yeux, ces émotions si vivaces qui semblaient brûler entre nous.

Je la revois, passionnée, défendant ses idées avec une force qui m'a toujours impressionné. Cette passion que j'admirais tant chez elle est maintenant une source de douleur.

Je soupire profondément, me levant pour me diriger vers la fenêtre. Les rues animées de Paris en contrebas, les gens qui vaquent à leurs occupations, tout semble si normal, si banal, comparé au tourbillon de pensées qui m'assaille.

J'essaie de me concentrer sur l'avenir, sur la campagne, mais chaque pensée me ramène inévitablement à Stella.

La façon dont elle me regardait, la douleur et la déception dans son regard, me hantent. Je me demande si elle pourrait un jour me pardonner. Si elle comprendrait les pressions auxquelles j'ai été soumis.

Je retourne à mon bureau et prends un dossier au hasard, essayant de me plonger dans le travail. Mais les mots sur la page se brouillent devant mes yeux, se transformant en images de Stella.

Sa voix résonne dans ma tête, ses arguments passionnés, ses rires, même ses reproches. Mon téléphone sonne, me ramenant à la réalité. C'est un journaliste qui veut une interview. Je repousse l'appel. Je n'ai pas la force de répondre maintenant.

La porte s'ouvre doucement et je me retourne pour voir Marine entrer. Elle arbore son habituel sourire de connivence, un sourire qui me met toujours mal à l'aise. Ses yeux pétillent de cette satisfaction calculatrice qui me rappelle pourquoi je suis ici, mais qui me fait aussi douter de mes choix.

— Jordan, comment vas-tu ? me demande-t-elle en s'approchant de mon bureau.

— Je vais bien, Marine. Merci, répondis-je, essayant de cacher mon trouble.

Elle s'assoit sur le bord de mon bureau, les bras croisés, observant chaque détail de mon visage comme si elle pouvait lire mes pensées. Son regard perçant me fait frissonner.

— Félicitations encore pour le débat et le premier tour. Tu as fait un excellent travail.

Je hoche la tête, essayant de sourire.

— Merci.

On reste silencieux pendant un long moment, je me plonge dans les papiers devant moi histoire de ne pas attirer son attention. Mais soudain une question me monte à l'esprit

— Qu'est-ce que tu penses du baiser avec Marion ?

Elle rit doucement, un éclat de malice dans les yeux.

Opposés Où les histoires vivent. Découvrez maintenant