Relation toxique || Harry Potter

1 | Le quai 9 3/4

Le quai 9 3/4 était envahi par les familles. Les plus jeunes enfants couraient le long du Poudlard Express, rêvant avec insouciance de ce jour où viendrait leur tour d'entrer dans la prestigieuse école de magie qu'était Poudlard. Les élèves, quant à eux, discutaient soit avec leurs parents, soit avec leurs amis, une main sur leur baguette. Et les parents, bien sûr, stressaient à l'idée de voir leur progéniture s'en aller pour une année encore, surtout en ces temps troublés à cause du retour de Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom.

Au milieu du rassemblement d'élèves qui s'inquiétaient d'avoir oublier tel objet ou tel vêtement, se tenait un quatuor d'élèves de la maison Serpentard, composé de Pansy Parkinson, Blaise Zabini, Draco Malfoy et Phoebe Cavendish. D'autres élèves de la maison verte et argent - tels que Vincent Crabbe, Gregory Goyle ou Daphné Greengrass - vinrent parfois les saluer, les coupant dans leur discussion à propos du déroulement de leurs vacances. Lorsque plus personne ne vint les déranger, Blaise put enfin se plaindre de sa mère qui envisageait à nouveau de se marier.

— Encore pour la fortune, j'imagine ? commenta distraitement Pansy, le regard rivé sur l'autre fille du groupe.

Phoebe semblait ailleurs, le regard dirigé vers le sol, bien loin de leur conversation. Or Phoebe Cavendish ne baissait jamais le regard, au contraire, elle regardait tout le monde dans les yeux, comme si elle défiait ses interlocuteurs.

— Avec elle ? Toujours ! grommela Blaise.

Il continua de se plaindre en marmonnant dans une barbe qu'il n'avait pas, voyant bien que plus personne ne l'écoutait, entre Pansy qui fixait Phoebe, Phoebe qui regardait le sol comme s'il contenait les secrets de l'Univers et Draco qui regardait les deux filles avant de donner un léger coup de coude à la blonde pour qu'elle redresse la tête. Ce qu'elle fit, non sans soupirer de lassitude avant de sursauter lorsque son amie lui prit la main.

— Depuis quand tu mets des bijoux ? demanda-t-elle. Tu n'en as jamais mis en six ans, et là, pour notre septième année, tu portes une bague ?

Phoebe retira aussitôt sa main pour la cacher dans son dos, le regard fuyant. Allait-elle vraiment devoir parler de ses fiançailles avec Malfoy ? Elle n'en avait aucune envie, voulant que ça reste son secret, un bien honteux secret. Mais son fiancé en décida autrement, lui entourant la taille avec délicatesse pour l'amener contre lui.

— C'est une bague de fiançailles, Pansy, répondit le blond en esquissant un sourire. On s'est fiancés cet été.

Les deux filles échangèrent un regard avant que Phoebe ne détourne le regard pour croiser celui de Blaise, surpris par la nouvelle, puis elle baissa à nouveau les yeux, voulant fuir la situation. Elle avait honte devant ses amis sans parvenir à expliquer pourquoi. C'est pourquoi elle se dépêcha de monter dans le Poudlard Express pour avancer dans les wagons et s'engouffrer dans l'un des compartiments. Les trois autres la suivirent après quelques secondes, lui indiquant rapidement que ses parents attendaient sur le quai.

Phoebe abandonna sa valise et son chat dans les bras de Blaise et Draco, qui n'avaient pas intérêt à blesser l'animal - auquel la jeune fille tenait plus que sa propre vie - s'ils ne voulaient pas subir son courroux auquel plusieurs élèves avaient déjà goûté pour n'avoir que serait-ce effleurer les moustaches de son chat. Puis la blonde fila dans le couloir pour descendre du train et rejoindre ses parents qui - miracle ! - avaient réussi à troquer leurs somptueuses tenues pour l'une de leurs tenues de voyage.

Dès qu'elle arriva à leur hauteur, Cassiopée s'empressa de serrer sa fille contre elle tandis qu'Orion Cavendish surveillait l'heure. Il ne faudrait pas mettre leur fille en retard ! Lorsque sa femme lâcha enfin leur héritière, il put lui offrir le cadeau qu'il tenait jusque là. Phoebe ouvrit doucement la petite boîte et découvrit une fabuleuse montre en argent, faisant pétiller son regard.

— Elle est gravée à ton nom, précisa Orion, une pointe de fierté dans la voix.

— Un petit cadeau avant que nous ne partions pour le Japon, expliqua Cassiopée en souriant.

— Elle est magnifique... souffla Phoebe en la passant aussitôt à son poignet, continuant d'admirer le cadran sur lequel était représenté la constellation de son signe astrologique - le Gémeaux. Merci !

Ses parents échangèrent un sourire, se disant qu'ils avaient bien fait d'écouter leur fils Neven. Neven Cavendish était le grand frère de Phoebe et, contrairement à leurs parents, avait choisi la stabilité en décidant de rester en Grande-Bretagne pour exercer le métier d'Auror, au sein du Ministère. Il avait également meilleur goût que ses géniteurs lorsqu'il fallait offrir quelque chose à la petite dernière de la famille Cavendish.

— D'ailleurs, tu n'oublieras pas d'envoyer une lettre à Neven, lâcha Orion en regardant à nouveau l'heure. Il aurait bien aimé venir te dire au revoir, mais avec son travail, tu le connais, il est débordé, surtout par les temps qui courent... Enfin soit, il devra se contenter de ta lettre cette année.

Lorsqu'il termina sa phrase, la locomotive du Poudlard Express expulsa un panache de fumée de sa cheminée, annonçant son départ imminent pour l'école de magie. Cassiopée se dépêcha alors d'embrasser le front de sa fille tout en lui remettant son col, puis elle la poussa en direction du train, qui s'ébranla deux minutes plus tard. Les enfants coururent à côté du train jusqu'au bout du quai, agitant leurs petites mains pour saluer leurs aînés. Puis le Poudlard Express disparut au loin.

Dans le train, Phoebe marcha d'un pas assuré malgré les mouvements du train afin de rejoindre ses amis, saluant parfois quelques élèves - de Serpentard ou des autres maisons - lorsque ces derniers lui faisaient signe ou lui souriaient. Elle arriva finalement dans son compartiment et s'installa aux côtés de Pansy, laissant sa tête tomber sur l'épaule de cette dernière, observant les garçons sans vraiment les regarder. La brune la laissa faire, se contentant de remuer pour trouver une position confortable pour la durée du trajet.

Blaise extirpa un livre de sa valise pour lire, déposant sa veste sur les filles qui s'endormaient doucement sous les balancements du train, tandis que Draco gardait son visage tourné vers la vitre et le paysage qui défilait derrière, tout de vert, de gris et de blanc, fuyant ses responsabilités de Préfet de la maison Serpentard, se fichant visiblement du qu'en-dira-t-on. Il avait des choses bien plus importantes à penser que son rôle de Préfet.