Séoul, 30 novembre, 16h38.
« Non, Jungkook, pas comme ça bordel, c'est pas bon ça.. »
Je le vois froncer les sourcils, frotter l'arrête de son nez frénétiquement, soupirer. Il ne tient pas en place, il piétine, tourne en rond, s'exaspère, perd patience. Ses talons claquent sur le col, je me sens épié, j'ai l'impression d'être face à un jury ultra exigent.
L'art n'a vraiment rien à voir avec la médecine.
La science, c'est simple.
Les schémas sont toujours les mêmes, tu répètes les procédures en boucle, et ça convient à tout le monde.
Ici, c'est différent, l'appréciation de chacun vient interférer avec la méthode, constamment.
C'est ça, constamment.
La science, c'est une constante. C, e, ou K sont des constantes, rien ne pourra les modifier, pas même l'appréciation personnelle, c'est irrévocable.
L'art, c'est inconstant. Perpétuelle remise en question, perpétuel mouvement, perpétuelle évolution.
On dit qu'une suite peut tendre vers l'infini.
Ici, la suite, c'est moi, et ce n'est pas vers l'infini que je dois tendre, c'est vers la perfection.
Une heure et demie que je me contorsionne, travaille avec les lumières, les gestes, les regards, pour satisfaire Taehyung. Il ne m'a pas demandé de me déshabiller comme le stipulait l'annonce, c'est certainement pourquoi il ne m'a pas versé l'argent de préséance, parce que celle-ci n'en est pas vraiment une. Tout habillé, au centre d'un grand atelier maximaliste où les seules odeurs sont celles de la peinture en suspens et un parfum boisé qui se mélangent, je me tortille depuis une heure et demie sur une chaise, face au regard expert, critique, lourd, de Taehyung.
Je me sens mal, j'ai des bouffées de chaleur, je suis nerveux. Tout doit être parfait et, habituellement, ça ne m'aurait pas posé de problèmes. Je suis de ceux qui réussissent tout, parfaitement, rapidement. Et ce même si c'est la première fois. Pourquoi je ne réussis pas ? Pourquoi je ne suffis pas, cette fois ?
« Taehyung je ne comprend pas, là. Je donne tout, ça ne te convient pas. T'as qu'à trouver un autre modèle. C'est parce que c'est moi, que ça va pas ? Parce qu'on se connait ? Je ne savais pas que Vante, c'était toi. » Inconsciemment, une moue prend place sur mon visage.
Il lâche un long soupire en croisant les bras sur son torse, il recule et s'assoit légèrement contre son long bureau d'atelier. Il passe une main dans sa chevelure dorée. Il est tendu, je le vois. Ses veines ressortent sur ses avant-bras découverts grâce aux manches retroussées de sa chemise.
« Rien à voir, Jungkook. Que tu sois celui qui ai répondu à mon annonce, c'est un hasard. Maintenant, ta technique est mauvaise, tu ne sais pas poser, c'est tout. »
Il prend une pause dans ses paroles, comme pour les sélectionner correctement.
« J'ai bien fait de te demander de poser avant de te faire te foutre à poil, ça aurait été ridicule. « Il inspire, comme un souffle de renouveau.
« C'est pas grave, on prendra le temps qu'il faudra, j'ai besoin que tout soit parfait, tout. » Il tape légèrement dans ses mains. « Tu veux un café ? »
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𝒜𝓁𝓁𝑜𝓌 𝓂𝑒 | taekook
FanfictionJungkook est étudiant en médecine, ressentant un énorme vide et un besoin de changement. Du jour au lendemain, Il quitte sa copine de l'époque, retombe dans ses travers, et use de substances divers et variées. Le tout, tentant tant bien que mal de...